Enfin un nouvel album de Drawn And Quartered! Cinq ans que j'attendais ça! Il y a bien eu entre-temps le DVD
Assault Of Evil mais moi, les DVDs musicaux, je les regarde une fois et puis ils prennent la poussière. Les Américains avaient aussi sorti l'année dernière l'EP
Conquerors Of Sodom mais uniquement en vinyle. Et les vinyles, ça ne rentre pas dans mon lecteur CD. Finie la frustration, le nouveau full-length du meilleur groupe à la Immolation/Incantation est bien là et ça fait des semaines que je me l'enfile avec délectation. J'étais un peu sur la défensive pendant les deux-trois premières écoutes - il faut dire que la musique du combo reste très monolithique et opaque - mais me voilà rassuré et certain: ce
Feeding Hell's Furnace marque le retour en force de Drawn And Quartered après un
Merciless Hammer Of Lucifer un peu en deçà de ce à quoi le groupe nous avait habitués.
Trois changements ont eu lieu depuis 2007. Le groupe a d'abord perdu son bassiste Greg Reeves, le chanteur Herb Burke tenant depuis la quatre-corde à sa place. Le désormais trio maléfique a ensuite adopté un nouveau logo, plus extrême et moins lisible que l'ancien. Après quelques doutes, je dois dire qu'ils ont eu raison. Le dernier bouleversement, plus significatif, concerne le label. La collaboration avec les locaux de Moribund Records a pris fin et c'est désormais chez les Grecs de Nuclear Winter Records que la formation a trouvé refuge. Pas de problème pour moi, le leader de Dead Congregation Anastasis Valtsanis ayant enrôlé pas mal de bonnes recrues depuis des années (Cruciamentum, Grave Miasma, Maveth, Scythian, Verminous...). Drawn And Quartered a par contre eu la bonne idée de conserver le génial Gabriel T. Byrne pour l'artwork, encore une fois très réussi. Pas de nouvelle direction musicale non plus, et c'est tant mieux! Le combo de Seattle suit la même route depuis plus de quinze ans avec le leitmotiv toujours plus sombre, toujours plus brutal en ligne de mire. Et à ce niveau, les Américains n'ont pas fait semblant. Toujours aussi marqué par le couple infernal Immolation et Incantation, Drawn And Quartered signe ici son œuvre la plus radicale. En première ligne un Herb Burke qui n'a jamais sonné aussi guttural et un Dario Derna qui se livre à un véritable festival de blast-beats du début à la fin, ne se reposant que sur quelques mid-tempos ou passages plus lourds comme sur le début moins frénétique mais néanmoins excellent de "Lustmörder". Il n'y a qu'à écouter le dévastateur titre d'ouverture "Stabwound Invocation" pour se rendre compte que D&Q n'a pas fait le voyage des Enfers pour rien. Une brutalité jouissive mais qui aurait eu bien plus d'impact si la caisse claire du bonhomme n'était pas sous-mixée, problème déjà présent sur le disque précédent. Difficile de l'entendre si l'on n'y prête pas attention, l'écoute au casque est quasiment indispensable. Je ne demandais pas une production batterie over-the-top à la
Hail Infernal Darkness (quoique!) mais davantage d'audibilité n'aurait blessé personne. Voilà LE gros point noir de
Feeding Hell's Furnace qui m'a longtemps empêché de savourer pleinement la bête. Et puisqu'on évoque les choses qui fâchent, autant tout déballer d'un coup et pointer du doigt le deuxième problème majeur de l'opus: le manque de solos de Kelley Kuciemba. Pas vraiment manque tout court puisqu'il y a des leads et solos sur chaque morceau, plutôt manque d'inspiration et de développement. Ils ne sont pas mauvais, plutôt réussis même ("Stabwound Invocation" à 2'55, "Feeding Hell's Furnace" à 1'35, "A World In Ashes" à 2'34 et "Lustmörder" à 4'06 entre autres) mais ils n'ont pas l'étoffe des albums précédents sur lesquels ils illuminaient les compositions, leur apportant un feeling plus mélodique qui contrastait avec la noirceur ambiante. Dommage, c'était un des éléments les plus intéressants du groupe.
D'un autre côté cependant, l'aspect sombre s'en trouve renforcé. Si la formation laissait quelques fenêtres pour éclairer légèrement sa musique, il les a donc désormais condamnées.
Feeding Hell's Furnace, c'est quasiment le noir total, une plongée encore plus profonde dans les abysses. Ce qui n'est pas pour me déplaire. L'énorme "Cryptic Consecrations" doit être ainsi le morceau le plus dark jamais composé par Drawn And Quartered. À vous faire dresser les poils d'un frisson de plaisir morbide! C'est que Kuciemba se montre plus inspiré sur ce nouveau full-length que sur
Merciless Hammer Of Lucifer en nous offrant de pleines poignées de riffs imparables. Un riffing charbonneux aux mélodies sinistres qui posent une ambiance fuligineuse incroyablement prenante. "Stabwound Invocation", "A World In Ashes", "Mutilated Offerings", "Lustmörder", "Gravescape", ÇA c'est du death avec un grand D! Ou bien encore "Horde Of Leviathan" et son riff principal gigantesque à partir de 0'50 ou le final du dernier morceau "No Absolution" d'une noirceur absolue. Un putain de régal! Il n'y a finalement que l'éponyme "Feeding Hell's Furnace" que je trouve un peu en dessous, tout en restant de grande qualité.
Le doute des premières écoutes a ainsi vite laissé place à la satisfaction de retrouver les sensations que m'avait procurées D&Q dans ses meilleurs moments. Si
Feeding Hell's Furnace n'atteint pas le haut degré d'excellence de
Extermination Revelry,
Return Of The Black Death et
Hail Infernal Darkness à cause notamment d'une vilaine caisse claire sous-mixée et de leads moins lumineuses et développées, il se place juste derrière la triplette magique, faisant oublier la petite déception
Merciless Hammer Of Lucifer dont il est la suite logique mais plus inspirée. En tant que grand fan de ce groupe honteusement sous-estimé et ignoré, rien ne pouvait me faire plus plaisir. Voilà donc un très bon opus de death metal brutal et blasphématoire à l'atmosphère noire des plus addictives qui trouvera sa place dans mon bilan de fin d'année. Il y en aurait des choses à foutre au four, mais sûrement pas cet album!
Say you love Satan! 
1 COMMENTAIRE(S)
24/09/2012 20:22