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Goddefied - Inhumation Of Shreds (Complete Recordings 1991-2009)

Chronique

Goddefied Inhumation Of Shreds (Complete Recordings 1991-2009) (Compil.)
Nous nous sommes toujours appliqués chez Thrashocore à faire la lumière sur ces sorties, plus ou moins importantes, qui ont marqué à leur manière les scènes Death et Black des années 80 et 90. Même si la route est encore longue avant d’espérer traiter toutes ces sorties parfois majeures (Incantation, Grotesque, Hellhammer, Tiamat...), souvent obscures et oubliées (Necrovore, The Black, Old Funeral, Uncanny...), nous prenons toujours à cœur ce travail d’archéologie. Et comme tout vient à point à qui sait attendre, c’est avec grand plaisir que je vous présente aujourd’hui les Suédois de Goddefied dont la discographie est disponible depuis maintenant quelques mois sur Memento Mori.

Originaire de Karlskoga en Suède, les prémices de Goddefied se font en 1989 sous un autre patronyme, celui beaucoup plus imaginé d’Hymen Imperforatus. Officiant d’abord dans un Thrash proche de celui de Sepultura, Kreator et Slayer, le groupe va finalement changer de direction et de nom préférant alors celui d’Assembly. Un patronyme qui sera bien vite relégué aux oubliettes au profit d’Enshrined. Le groupe va alors sortir en 1991 une première et unique démo intitulée Assembly Of The Damned. Comme God Macabre à cette même époque, le groupe connait quelques soucis de line-up. La séparation est alors inévitable. Deux des membres vont néanmoins poursuivre l’aventure, profitant de cette occasion pour changer une fois encore de nom. Goddefied est né. Après un premier EP sorti en 1993 sur le label américain Wild Rags Records, les Suédois finissent par se séparer une seconde fois. Goddefied refera néanmoins surface en 2007. Une reformation discrète qui débouchera à la sortie deux ans plus tard d’un EP intitulé Remnants Of The Art via Blood Harvest Records. Depuis, pas grand-chose si ce n’est la sortie providentielle en fin d’année dernière de cette discographie regroupant l’intégralité des enregistrements d’Enshrined/Goddefied intitulée à juste titre Inhumation Of Shreds (Complete Recordings 1991-2009).

Cette réédition compte au total dix-neuf titres pour une durée de soixante-cinq minutes. L’auditeur y trouvera des enregistrements de qualité variable (production, efficacité, pertinence...) attestant à chaque fois d’une période charnière pour le groupe. A l’occasion de cette discographie complète, l’artwork a été confié à César Valladares (Anatomia, Asphyx, Funest, Graveyard, Krisiun, Insulters...) dont la bonne idée est ce clin d’œil à l’œuvre de Caspar David Friedrich (Klosterfriedhof Im Schnee) qui à l’époque avait servi à illustrer « Abysmal Grief », premier EP des Suédois sorti en 1993.

Assembly Of The Damned: Sorti en 1991, lorsque le groupe s’appelait encore Enshrined, cette démo constitue le tout premier témoignage audio des membres de Goddefied. C’est aussi malheureusement le plus dispensable. Outre la qualité du son qui sans être mauvais est tout de même plombé par de nombreuses imperfections (souffle, grésillement, stéréo mise à mal etc...), les trois compositions d’Assembly Of The Damned se révèlent surtout extrêmement anecdotiques. Encore largement influencé par la scène Thrash de l’époque, le Death Metal d’Enshrined peine sérieusement à convaincre. La faute à des riffs sans saveur (à deux/trois exceptions près, notamment lors des breaks) qui auront toutes les peines du monde à captiver l’auditeur. Ce n’est pas mauvais (tout le monde aura déjà entendu bien pire), juste particulièrement fade et banal. Même le growl de Jan Arvidsson se fait poussif et finit par ennuyer. Il n’y a bien que les quelques solos mélodiques plutôt inspirés qui tirent leur épingle du jeu

"Zephaniah Dwells" / "Resurrections Beyond" / "Abysmal Grief ": Peu de temps après la sortie d’Assembly Of The Damned, Enshrined décide finalement de se séparer. A cette occasion, quelques remaniements de line-up sont effectués. Mikael Persson (guitare) est éjecté par Rickard Eriksson (basse) et Jan Arvidsson (batterie) qui à eux deux constituent le noyau dur de Goddefied. Mattias Pettersson (batterie) et Jonas Aneheim (guitare) sont engagés et Jan Arvidsson décide alors de troquer sa batterie pour un micro et une guitare. A priori, ces trois titres ne sont jamais sortis sur aucun support. Du moins pas dans ces versions puisque l’on retrouvera plus tard "Zephaniah Dwells" et "Abysmal Grief" sur le EP du même nom qui sortira en 1993. Moins dispensables que les titres issus de la première démo d’Enshrined, ces trois nouveaux morceaux en version démo (qualité du son assez médiocre - grésillement/souffle) laissent entrevoir bien plus de potentiel que précédemment. Les guitares se sont épaissies, les riffs se font bien plus efficaces et le chant à gagné en cachet et en personnalité, se faisant plus crié et moins glaireux. Si Goddefied se cherche probablement encore un peu, les progrès sont en tout cas bien perceptibles et laissent entrevoir de belles choses pour la suite.

Absymal Grief: Pièce maîtresse de la discographie des Suédois, Abysmal Grief fait partie de ces disques dont il était jusque-là très difficile de mettre la main dessus. C’est en 1992 que débute l’enregistrement de ce EP. Goddefied décide à l’époque de se rendre au Sunlight Studio pour enregistrer trois titres à des fins promotionnels. Suite à cet enregistrement, le groupe démarche plusieurs labels dont Wild Rags, label américain qui regorge à l’époque de petites pépites (Blasphemy, Sadistic Intent, Gammacide, Impetigo, Order From Chaos...). Ce dernier manifeste rapidement son intérêt pour le groupe mais souhaite que les Suédois enregistrent quelques morceaux supplémentaires. Goddefied reprend alors en janvier 1993 la direction du Sunlight Studio pour coucher sur bande trois autres morceaux. Mis bout à bout, ces six titres constitueront alors le premier EP de Goddefied sorti en 1993 sur Wild Rags.
La première évolution significative concerne bien évidemment la qualité de la production. Sans surprise, on retrouve la célèbre marque de fabrique du "Sunlight Studio": des guitares rugueuses qui ronronnent au son de la désormais célèbre HM-2. C’est propre, puissant et abrasif comme il se doit. Une production aujourd’hui emblématique au service de compositions bien plus efficaces que par le passé. En effet, si les riffs lambda étaient jusque-là le principal défaut de Goddefied, le tir a largement été corrigé depuis le remaniement de personnel. Du coup, bien que le Death Metal de Goddefied n’ai rien de surprenant en soi (surtout vingt-deux ans après), on ne peut que dodeliner de la tête à l’écoute de ces six compositions rondement menées. Les riffs sont vraiment bons, simples mais redoutables, les leads et autres solos font un très bon travail en termes de mélodie et d’atmosphère, la batterie donne le rythme sur la base de tchouka-tchouka plutôt soutenus alors que le chant moitié growlé / moitié arraché avec ce qu’il faut de réverb’ fini de donner toute crédibilité à la musique de Goddefied. Des titres probablement arrivés encore un peu trop tard.

Remnants Of The Art: Après d’énièmes problèmes de line-up, Goddefied fini par se séparer en 1995. Le groupe tombe alors dans l’oubli général malgré l’intérêt certain qui lui est porté par une partie du public Death Metal. Le groupe profite du regain d’intérêt porté à la scène Death Metal old school pour refaire surface en 2007. Il n’en faut pas beaucoup plus pour que Blood Harvest s’intéresse au cas Goddefied. Deux ans après son retour, les Suédois reviennent ainsi avec un EP intitulé Remnants Of The Art proposant sous la forme d’un 7" deux nouveaux morceaux ainsi qu’une relecture de "Zephaniah Dwells". Du line-up d’Abysmal Grief ne manque que Jonas Aneheim. Pour ce retour discret aux affaires, Goddefied semble avoir conservé la flamme qui l’habitait déjà à la grande époque. Pas de changement de cap et une passion restée intacte. Ainsi, malgré une production peut-être un peu moins marquée que celle du Sunlight Studio, on retrouve ce grain typiquement scandinave associé à ces mêmes compositions directes et toutes en efficacité. Goddefied n’a rien perdu de son talent et les titres font mouche une fois de plus de grâce à de très bons riffs et un rythme effréné et entêtant. Le réenregistrement de "Zephaniah Dwells" n’apporte pas grand-chose comparé à la version originale présente sur Absymal Grief. Il s’agit simplement d’une version revisitée par le même groupe plus vieux de quelques années.

"Do The Zombie" / "King Of Disease" / "Soul Bleeder" / "Spiritually Deceased": Ces quatre derniers titres ont été enregistrés par Goddefied à des périodes indéterminées. A priori entre 1992 et 2009 étant donné la qualité de la production qui n’a rien à voir avec celle des précédentes démos. Il s’agit là de titres inédits puisqu’ils ne figurent sur aucune sortie officielle du groupe à ce jour (en dehors bien entendu de cette discographie). Bien qu’assez homogènes, on constate quelques singularités à commencer par le très Death’n’Roll "Do The Zombie" qui aurait pu figurer sur un album d’Entombed post Wolverine Blues. Il y a aussi l’intriguant "King Of Disease" où le chant lointain et pitché de Jan Arvidsson dénote très franchement avec le reste des autres morceaux de cette discographie. "Soul Bleeder" et "Spiritually Deceased" sont, selon moi, issus des sessions d’enregistrement du EP Remnants Of The Art car la production et le chant en sont très proches. Malgré ces subtiles disparités et le fait qu’il s’agit très probablement de titres mis au rebus au profit de ceux figurants sur les deux EP de Goddefied, il n’en reste pas moins que ces quatre morceaux inédits demeurent d’excellente facture.

Alors qu’Absymal Grief s’échangeait jusque-là à prix d’or sur des sites comme Ebay ou Discogs, cette discographie proposée par le label espagnol Memento Mori devrait normalement réjouir tous les amateurs de pépites scandinaves qui connaissent leurs classiques, mêmes ceux de seconde et troisième zone. A l’instar de God Macabre avec lequel j’ai déjà tracé un parallèle un peu plus haut dans cette chronique, il y a fort à parier que la carrière de Goddefied a été plombée par un très mauvais timing et d’incessants problèmes de line-up. Car à l’écoute d’Abysmal Grief on se dit tout de même qu’il y avait là matière à séduire toute une horde de Metalheads biberonnée aux sorties Earache de l’époque. Et s’il y a à boire et à manger sur cette discographie avec quelques titres assez dispensables, ces derniers sont bien vite oubliés au profit des plus récents qui eux n’ont pas à rougir face à la concurrence, même après plus de vingt ans. Inhumation Of Shreds (Complete Recordings 1991-2009) se doit donc en toute logique de trouver une place dans la discothèque de tous ceux qui apprécient leur Death Metal à la sauce suédoise.

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Goddefied
Death Metal
2014 - Memento Mori
notes
Chroniqueur : 4/5
Lecteurs : (1)  3.5/5
Webzines :   -

plus d'infos sur
Goddefied
Goddefied
Death Metal - 1991 - Suède
  

tracklist
01.   Benediction  (06:02)
02.   The Realm  (05:07)
03.   Assembly Of The Damned  (05:11)
04.   Zephaniah Dwells  (02:38)
05.   Resurrections Beyond  (03:53)
06.   Abysmal Grief  (03:00)
07.   Blaspheme In Blood  (02:27)
08.   Zephaniah Dwells  (03:00)
09.   Abysmal Grief  (03:08)
10.   Spiritually Deceased  (02:28)
11.   Left To Die  (03:24)
12.   Inhumation Of Shreds  (02:40)
13.   Devoured  (03:09)
14.   Remnants Of The Art  (02:43)
15.   Zephaniah Dwells  (02:50)
16.   Do The Zombie  (03:54)
17.   King Of Disease  (03:26)
18.   Soul Bleeder  (03:33)
19.   Spiritually Deceased  (02:38)

Durée : 65:11

line up
parution
21 Octobre 2014

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