Dans quelques jours,
Destroy The Machines célèbrera rien de moins que son trentième anniversaire. L’occasion idéale pour revenir sur l’un des albums les plus emblématiques de la scène Hardcore, de ceux qui ont marqué durablement l’histoire et contribué à façonner le genre que ce soit à travers son approche purement musicale consistant à insuffler des bribes de Thrash et de Metal à son Hardcore nouvelle école ou bien à travers ces thématiques abordées qu’elles soient relatives à l’écologie, à un quotidien sans drogue et sans alcool ou au respect de la vie animale quelle qu’elle soit. Une réputation que le groupe continue de défendre bec et ongle sur scène lors de prestations particulièrement intenses.
Sorti le 25 mai 1995 sur Victory Records,
Destroy The Machines marque donc le retour des Américains après environ un an et demi d’absence. Sujet depuis le début de sa carrière à des changements d’effectifs réguliers, ce premier album marque le départ du guitariste Benjamin Read (ex-Framework) remplacé dans la foulée par un certain Kris Wiechmann (à l’époque déjà membre de Blood Runs Black et futur guitariste de The Path Of Resistance, Godbelow et Brand New Sin). À l’occasion de ce premier essai longue-durée, le groupe originaire de Syracuse a fait appel aux talents de l’illustrateur John McKaig aujourd’hui bien connu des amateurs de Hardcore pour avoir signé dans les années 90 quelques illustrations plus ou moins emblématiques pour des groupes tels que Bloodlet, Snapcase, One King Down, Despair, Day Of Suffering, Turmoil, Shai Hulud, SeventyEightDays et quelques autres encore. Ce dernier livre ici à l’image de ce titre sans équivoque une œuvre marquée par un profond sentiment de révolte qui trois décennies plus tard résonne avec toujours autant de justesse.
Enregistré aux Trauma Studios de Coldbook en Pennsylvanie, ce premier album bénéfice d’une production un petit peu plus solide que celle de
Firestorm qui elle-même constituait déjà une très nette amélioration par rapport à celle beaucoup plus bancale de
All Out War. Certes, trente ans plus tard, celle-ci porte évidemment quelques stigmates d’une époque où les moyens à disposition n’étaient pas tout à fait les mêmes qu’aujourd’hui mais elle n’en reste pas moins d’excellente facture, suffisamment pour faire de
Destroy The Machines un album toujours très pertinent.
Suivant l’évolution entamée sur son précédent EP, Earth Crisis va naturellement peaufiner ici son savoureux mélange de Hardcore et de Metal en étoffant notamment son riffing. Vraisemblablement inspiré par leurs compatriotes de Believer, groupe de Thrash technique et progressif originaire de Coldbook avec à sa tête un certain Kurt Bachman alors co-propriétaire des Trauma Studios (vous voyez où je veux en venir), Scott Crouse va travailler ici à densifier et complexifier ses riffs en optant pour une approche de moins en moins frontale et de plus en plus cadencée. Si le point d’orgue de cette évolution sera atteint sur l’album suivant, l’excellent et très dense
Gomorrah's Season Ends, on est ici déjà très loin des origines Punk plutôt primitives et rudimentaires de la scène Hardcore originale et finalement beaucoup plus proche de ce qui se faisait au sein de cette scène Thrash technique et progressive de la seconde moitié des années 80 et du début des années 90 (Coroner, Believer, Target, Watchtower, Voivod, Mekong Delta, Obliveon, Invocator et j’en passe...). On imagine très bien que cela a pu sembler contre-nature pour une partie du public habitué alors à cracher sur la scène Metal mais pour d’autres, ce mélange des genres faisant cohabiter la lourdeur, la technique et la puissance du Thrash à l’agression et au groove urbain du Hardcore (et cela sans pour autant verser dans le Crossover) s’est rapidement imposé comme une nouvelle norme à suivre.
Mais si on ne peut nier les influences Thrash de Earth Crisis, le groupe n’en reste pas moins une formation 100% Hardcore avec une vision artistique (qu’elle soit musicale, esthétique ou idéologique) profondément attachée aux valeurs portées par le genre. Du chant vindicatif de Karl Buechner à son phrasé cadencé en passant par le groove de cette section rythmique absolument imparable, ses nombreuses mosh part depuis longtemps éprouvées que ce soit dans les chambres de milliers d’adolescents ou sur les parterres collants de nombreuses salles de concerts sans oublier bien évidement ce discours militant prônant notamment une vie débarrassée de toutes substances nocives pour le corps et l’esprit, Earth Crisis va rapidement s’imposer comme l’un des visages les plus enthousiasmants et emblématiques de la frange "New School" alors florissante aux États-Unis puis rapidement partout ailleurs (si vous cherchez d’où les groupes Born From Pain ou Nueva Etica ont pris leur noms, inutile d’aller plus loin).
Bref, vous l’aurez compris, c’est effectivement à partir de
Destroy The Machines que l’influence d’Earth Crisis s’est véritablement étendue à toute la scène Hardcore. Avec ce premier album, le groupe va en effet quelque peu chambouler l’ordre des choses d’abord d’un point de vue purement musical en insufflant une bonne grosse dose Thrash plus ou moins technique à son Hardcore (on n’est clairement pas sur des influences à la Slayer comme chez certains groupes de Thrash / Crossover) puis d’un point de vue des thématiques abordées et des combats extra-musicaux menés par la formation. Une élévation des consciences qui, si elle ne fera évidemment pas écho chez tous les auditeurs, va tout de même en mettre plus d’un sur le "droit chemin" d’une vie saine et "cruelty free". D’ailleurs, puisqu’on en est à utiliser l’anglais, on pourrait qualifier ce premier album de véritable "game changer". Un disque majeur reconnu comme tel depuis près de trois décennies et qui aujourd’hui encore doit être approché avec le respect et la déférence qui lui est dû.
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