Immolation - Acts Of God Chronique
Immolation Acts Of God
Si le travail d’un chroniqueur consiste pour l’essentiel à suivre l’actualité afin d’offrir un avis éclairé et approfondi à ses lecteurs sur les dernières sorties et autres nouveautés à ne pas manquer, cela implique également qu’il sache de quoi il parle et qu’il se soit donc donné la peine d’écouter en profondeur le dit album chroniqué sans céder à la facilité d’être le premier à le faire. La vérité ici c’est que je n’ai pourtant pas encore beaucoup écouté ce nouvel album d’Immolation. Pas parce que celui-ci ne m’intéresse pas mais tout simplement parce qu’il est entre mes mains (ou plutôt sur mon ordinateur) depuis quelques jours seulement. Alors pourquoi en faire déjà la chronique ? Eh bien parce qu’une seule écoute m’a suffit pour comprendre que l’on tenait là un album de choix dans une discographie de choix par un groupe qui en trente-quatre ans de carrière n’a jamais déçu. Alors évidemment, chacun se fera son propre classement des meilleurs albums d’Immolation (parfois bien différent d’une personne à l’autre) mais dans l’ensemble, le groupe est d’une constance qui force véritablement le respect.
Onzième album d’Immolation, Acts Of God est illustré pour l’occasion par le désormais incontournable Eliran Kantor qui n’en finit plus de nous proposer ses oeuvres quasi-bibliques et qui signe donc pour le groupe américain une illustration au caractère anti-religieux toujours sous-jacent même si en ce qui me concerne je ne suis pas toujours très touché par son travail comme c’est le cas ici. S’il s’agit là de la première collaboration entre les New-Yorkais et l’artiste israélien basé à Berlin, c’est loin d’être le cas pour Paul Orofino et Zach Ohren qui une fois de plus signent l’enregistrement, le mixage et le mastering de ce nouvel album pour une production fidèle aux standards les plus récents de la formation et notamment à ceux de son prédécesseur qui avaient su redresser la barre suite à quelques errements synthétiques effectivement un petit peu dommageables. Sorti cinq ans (ou presque) après l’excellent Atonement, ce nouvel album se montre d’une générosité presque effrayante puisqu’Immolation nous offre pas moins de quinze titres pour une durée de cinquante-deux minutes.
Alors on ne va pas se mentir, Acts Of God ne réserve pas vraiment de surprise et se "contente" (l’importance des guillemets) de reprendre naturellement tout ce qui fait le charme du Death Metal d’Immolation depuis maintenant plus de trois décennies. Si on pourrait accuser légitimement la formation d’un certain immobilisme, force est néanmoins d’admettre que ce reproche est finalement bien vite balayé. Déjà parce qu’à l’instar d’un Incantation, d’un Cannibal Corpse, d’un Deicide ou d’un Obituary eux aussi toujours en activité, il fait parti de ces groupes présents depuis les premiers balbutiements d’un genre qu’ils ont eux même largement contribué à façonner, chacun à travers une musique à l’identité fortement marquée. Mais surtout, et on l’a déjà brièvement abordé un petit peu plus haut, Immolation continue de faire preuve après toutes années d’une pertinence et d’un degré d’excellence que bien peu de groupes attestant d’une telle longévité réussissent à maintenir.
Si ce nouvel album est donc effectivement plutôt long et rempli raz la gueule de nouvelles compositions, Immolation ne fait pas moins preuve de concision pour autant. En effet, loin de s’éterniser sur chaque morceau, les New-Yorkais vont préférer aller ici à l’essentiel avec une grande majorité de titres oscillants en moyenne entre trois et quatre minutes (à cela trois exceptions seulement avec notamment un "Noose Of Thorns" affiché à plus de cinq minutes alors qu’"Abandoned" et "And The Flames Wept" vont servir respectivement d’introduction et d’interlude). Un sens de la formulation au service d’une efficacité maximum qui ne sera ici jamais mise en défaut. Car si la fougue et l’énergie de la jeunesse sont deux choses capables de bouleverser des scènes musicales, l’expérience, le savoir-faire et l’absence d’egos surdimensionnés font quant à eux des carrières à l’image de celle d’Immolation. Si nous ne sommes qu’en février 2022, je peux d’ores et déjà vous dire que nous tenons là un sérieux prétendant au titre d’album de l’année.
Comme n’importe lequel de ses prédécesseurs, on va retrouver sur Acts Of God ce riffing impérial, technique sans être imbuvable, bourré de feeling et marqué comme toujours par ces brèves dissonances et autres fulgurances mélodiques particulièrement inspirées ("The Age Of No Light" à 1:36, "Noose Of Thorns" à 3:31, "Shed The Light" à 1:25, "Blooded" à 2:15...) qu’affectionnent toujours autant le père Vigna. Un riffing toujours aussi dominateur et conquérant qui n’a pas besoin d’en faire des caisses pour convaincre et qui surtout sait se montrer pertinent en chaque occasion. Ces trente années au service de la cause Death Metal n’ont pas non plus entamé le degré d’intensité déployé par Ross Dolan, Robert Vigna et leurs deux acolytes. Disque particulièrement dynamique, Acts Of God se partage ainsi entre accélérations musclées savamment dosées (sur sa caisse claire, monsieur Steve Shalaty se plait en effet à enchaîner les rafales de blasts avec une conviction évidente comme l’atteste cette entame en fanfare sur "An Act Of God" ou bien encore sur "The Age Of No Light" à 0:15, "Blooded" à 0:07, les premières secondes de "Overtures Of The Wicked", "Let The Darkness In" à 1:30 et à peu près tous les autres morceaux de l’album), séquences moins intenses mais cependant beaucoup plus vicieuses et sournoises (les premiers moments de "Noose Of Thorns", la première partie de "Shed The Light", "Blooded" à 0:23, "Overtures Of The Wicked" à 1:21...) et passages au groove subtil mais néanmoins redoutable d’efficacité ("The Age Of No Light" à 2:56, "Blooded" à 1:15, "Broken Prey" à 0:39, les premiers instants de "Derelict Of Spirit"...).
S’il reste encore quelques vieux de la vieille aujourd’hui en activité, peu parmi eux réussissent à maintenir le niveau d’excellence proposé ici par Immolation qui s’impose sans mal comme les grands patrons d’un genre auquel il ont largement contribué depuis plus de trois décennies. Évidemment, trente-quatre ans après ses premiers balbutiements sous le nom d’Immolation, la formule proposée par les New-Yorkais ne surprendra plus ceux qui suivent la formation depuis déjà plusieurs années. Néanmoins, l’enthousiasme face à ce onzième album n’en reste pas moins réel et sincère et on ne peut qu’applaudir face à tant de maitrise, de réussite et de compositions toujours aussi redoutables, efficaces et pertinentes. Bref, une chose est sûre, la concurrence va avoir fort à faire pour espérer pouvoir déloger Immolation du podium 2022. Un groupe qui malgré les années prouve qu’il est possible de ne jamais rien lâcher. Bravo messieurs et surtout respect pour cette carrière exemplaire ! | AxGxB 21 Février 2022 - 4980 lectures | | DONNEZ VOTRE AVIS Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer. 9 COMMENTAIRE(S) citer | Immolation et moi, l’incompréhension depuis Majesty and decay et sa production « potard batterie en position puissance lumière ». Pas trop suivi pour les albums suivants.
Mais là ma bonne dame c’est le double uppercut. Le premier lors de la découverte sur spot hi-fi, Dong! Fin du premier round. Le deuxième lors de le réception du CD, le KO n’est pas loin.
J’en suis à chercher des morceaux plus faibles pour me permettre d’écourter l’écoute. Sinon c’est parti pour kiffer pendant 52 min sans rien faire d’autre…et j’n’ai pas que ça à faire que de kiffer. | citer | Du très très grand Immolation, des riffs de tueur et une ambiance toujours aussi étouffante, il m'a donné envie de m'enfiler toute la disco du groupe, qui prenait un peu la poussière... Et franchement, c'est peut-être trop tôt pour dire si c'est un chef d'oeuvre, mais que c'est jouissif! Le gros point fort de ce disque est la prod, peut-être la meilleure du groupe je ne sais pas, en tout cas c'est puissant sans être trop synthétique, l'équilibre est vraiment excellent, le groove est toujours là et on ne voit pas les 15 titres passer, respect messieurs et superbe chronique au passage! | citer | On frole le chef d'oeuvre quand meme! | citer | Écouté que quelques extraits, mais l'album m'a l'air excellent. En particulier le titre Blooded. Je le chope au plus vite. | citer | C’est la triplette du debut d’album qui me rends fou: The Age of no light / Noose of Thorns / Shed the light, mais dans l’ensemble, il y a une très grande homogénéité dans la qualité des titres.
L’album n’est sorti qu’il y a quelques jours, faut le laisser mijoter un peu plus longtemps. | citer | Bras Cassé a écrit : Superbe album! Il y a peux être un ou deux titres à virer (je pense surtout à Immortal Strain) histoire d’éviter le remplissage et de rester sous la barre des 45min, et c’était l’album parfait. Franchement, très bon cru !
Bah merde, Immortal strain c'est justement le titre qui a imprimé de suite chez moi ^^
Intro acoustique parfaite, riffs impériaux, trémolos dominateurs, ambiance sombre au possible... La trique pour moi. Un des meilleurs morceaux avec les tueries Incineration procession et Apostle. Comme quoi les coups et les douleurs, hein... | citer | Superbe album! Il y a peux être un ou deux titres à virer (je pense surtout à Immortal Strain) histoire d’éviter le remplissage et de rester sous la barre des 45min, et c’était l’album parfait. Franchement, très bon cru ! | citer | Pour le moment pleinement convaincu malgré à peine 2 écoutes au compteur. Les morceaux n'impriment pas aussi facilement que ceux d'un Majesty & Decay ou d'un Atonement pour citer les sorties les plus récentes (Kingdom est pour moi le seul véritable incident de parcours), mais l'ambiance est bien là ainsi que toute la tambouille fangeuse propre à ces vieux lascars.
Le côté mélodique est peut-être plus en retrait au profit d'une opacité et d'une noirceur bien palpables. À ce titre, on renoue un peu avec un skeud comme Failures for gods, la prod en plus (ou en moins c'est selon...).
Encore une fois, le boulot au niveau des grattes est remarquable et démontre que Vigna reste un ferrailleur unique en son genre (sur disque comme sur scène d'ailleurs), doué d’un sens du riff aussi jouissif que singulier, jouant constamment sur la corde raide entre dissonances, phrasés épileptiques, angularités faussement mélodiques et leads malsains hallucinés.
Les invectives abyssales du père fouettard Dolan sont quant à elles toujours aussi bandantes. Son timbre sentencieux, profond, presque tellurique et en même temps hyper calme et compréhensible fait dresser les poils et le reste. Un atout majeur dans la mixture.
L'une des meilleures voix du circuit selon moi avec celle d'Åkerfeldt (avant bien sûr qu'il ne laisse ses cordes vocales en mode viril dans son garage depuis maintenant plus d'une décennie^^).
Shalaty est toujours aussi inventif, technique et impressionnant de maîtrise sans non plus se la péter à coups d'esbroufe démonstrative, titillant ses toms et ses cymbales comme jamais et insufflant un groove qui au fil des ans est parvenu à égaler celui d'Hernandez.
Non franchement j'ai un immense respect pour ces gars-là, pour la passion qu'ils mettent à l'ouvrage et pour leur intégrité malgré plus de 30 piges d'activité. Tout le monde ne peut pas en dire autant sur ce point.
Même si je suis toujours nostalgique d'une époque révolue et fan inconditionnel du 1er et du magistral triptyque qui a suivi, même si le côté poisseux, rampant et maléfique s'est peu à peu atténué au profit d'une approche plus lisible, percutante et donc actuelle, je reste un gros client de ce groupe d'exception qui a globalement toujours balancé un DM de qualité supérieure. Continuez comme ça 30 ans de plus les mecs moi ça me va
| citer | Il aura donc fallu 30 ans à Immolation pour avoir enfin un son correct sur disque (ils auraient dû virer Paul Orofino il y a 15 ans !!!)
Jusqu'à Shadows, c'était une prod bien granuleuse limite faiblarde, puis à partir de Majesty, c'était l'orgie numérique stérile. Enfin avec celui-ci la prod est parfaite et puissante, il vieillira mieux que les autres.
Album réussi, LE groupe de death qui ne déçoit jamais. Robert Vigna est un putain de bon guitariste, dont personne ne parle jamais et qui s'avère avoir le même niveau qu'un Karl Sanders par exemple..
Le morceau 'Blooded' représente à lui seul la carrière d'immolation et tout ce qui fait le groupe.
Les solo un peu moins percutants que par le passé mais ça reste largement au dessus de la moyenne.
Un super album qui nécessitera plusieurs écoutes pour se faire apprivoiser. Premier orgasme metal 2022 pour moi. Ich bin happy infidels. | AJOUTER UN COMMENTAIRE | notesChroniqueur : | 9/10 | Lecteurs : | (13) 8.42/10 | Webzines : | (6) 8.05/10 |
plus d'infos sur | Immolation Death Metal - 1988 - Etats-Unis | | |
tracklist01. | Abandoned (01:08) | 02. | An Act Of God (04:04) | 03. | The Age Of No Light (03:39) | 04. | Noose Of Thorns (05:12) | 05. | Shed The Light (03:37) | 06. | Blooded (03:15) | 07. | Overtures Of The Wicked (03:44) | 08. | Immoral Stain (04:03) | 09. | Incineration Procession (03:47) | 10. | Broken Prey (03:03) | 11. | Derelict Of Spirit (04:12) | 12. | When Halos Burn (03:08) | 13. | Let The Darkness In (03:28) | 14. | And The Flames Wept (01:38) | 15. | Apostle (04:17) | Durée : 52:15 |
|
9 COMMENTAIRE(S)
29/11/2022 06:59
Mais là ma bonne dame c’est le double uppercut. Le premier lors de la découverte sur spot hi-fi, Dong! Fin du premier round. Le deuxième lors de le réception du CD, le KO n’est pas loin.
J’en suis à chercher des morceaux plus faibles pour me permettre d’écourter l’écoute. Sinon c’est parti pour kiffer pendant 52 min sans rien faire d’autre…et j’n’ai pas que ça à faire que de kiffer.
08/04/2022 23:29
07/04/2022 15:57
24/02/2022 16:24
24/02/2022 15:26
L’album n’est sorti qu’il y a quelques jours, faut le laisser mijoter un peu plus longtemps.
23/02/2022 19:45
Bah merde, Immortal strain c'est justement le titre qui a imprimé de suite chez moi ^^
Intro acoustique parfaite, riffs impériaux, trémolos dominateurs, ambiance sombre au possible... La trique pour moi. Un des meilleurs morceaux avec les tueries Incineration procession et Apostle. Comme quoi les coups et les douleurs, hein...
23/02/2022 15:08
21/02/2022 20:33
Le côté mélodique est peut-être plus en retrait au profit d'une opacité et d'une noirceur bien palpables. À ce titre, on renoue un peu avec un skeud comme Failures for gods, la prod en plus (ou en moins c'est selon...).
Encore une fois, le boulot au niveau des grattes est remarquable et démontre que Vigna reste un ferrailleur unique en son genre (sur disque comme sur scène d'ailleurs), doué d’un sens du riff aussi jouissif que singulier, jouant constamment sur la corde raide entre dissonances, phrasés épileptiques, angularités faussement mélodiques et leads malsains hallucinés.
Les invectives abyssales du père fouettard Dolan sont quant à elles toujours aussi bandantes. Son timbre sentencieux, profond, presque tellurique et en même temps hyper calme et compréhensible fait dresser les poils et le reste. Un atout majeur dans la mixture.
L'une des meilleures voix du circuit selon moi avec celle d'Åkerfeldt (avant bien sûr qu'il ne laisse ses cordes vocales en mode viril dans son garage depuis maintenant plus d'une décennie^^).
Shalaty est toujours aussi inventif, technique et impressionnant de maîtrise sans non plus se la péter à coups d'esbroufe démonstrative, titillant ses toms et ses cymbales comme jamais et insufflant un groove qui au fil des ans est parvenu à égaler celui d'Hernandez.
Non franchement j'ai un immense respect pour ces gars-là, pour la passion qu'ils mettent à l'ouvrage et pour leur intégrité malgré plus de 30 piges d'activité. Tout le monde ne peut pas en dire autant sur ce point.
Même si je suis toujours nostalgique d'une époque révolue et fan inconditionnel du 1er et du magistral triptyque qui a suivi, même si le côté poisseux, rampant et maléfique s'est peu à peu atténué au profit d'une approche plus lisible, percutante et donc actuelle, je reste un gros client de ce groupe d'exception qui a globalement toujours balancé un DM de qualité supérieure. Continuez comme ça 30 ans de plus les mecs moi ça me va
21/02/2022 13:16
Jusqu'à Shadows, c'était une prod bien granuleuse limite faiblarde, puis à partir de Majesty, c'était l'orgie numérique stérile. Enfin avec celui-ci la prod est parfaite et puissante, il vieillira mieux que les autres.
Album réussi, LE groupe de death qui ne déçoit jamais. Robert Vigna est un putain de bon guitariste, dont personne ne parle jamais et qui s'avère avoir le même niveau qu'un Karl Sanders par exemple..
Le morceau 'Blooded' représente à lui seul la carrière d'immolation et tout ce qui fait le groupe.
Les solo un peu moins percutants que par le passé mais ça reste largement au dessus de la moyenne.
Un super album qui nécessitera plusieurs écoutes pour se faire apprivoiser. Premier orgasme metal 2022 pour moi. Ich bin happy infidels.