Solipsism - Our Night Never Ends
Chronique
Solipsism Our Night Never Ends
Est-ce que vous savez que vous n’existez pas ? Vous n’existez pas parce que je suis le seul à être véritablement existant. En tout cas, en tant que « moi », je suis persuadé que je suis bien réel alors que je n’ai aucune preuve que ces formes qui sont face à moi et qui me parlent sont bien des « vous », similaires à ce que je suis. Cette explication est peut-être simplifiée, mais c’est ainsi que l’on pourrait présenter le solipsisme, ce système de pensée qui prend différentes nuances et qui a inspiré des penseurs tels que Descartes, Kant, Sartre ou encore Bouddha et Sakrifiss. Ah si, Sakrifiss aussi. Il s’en est rappelé en découvrant le groupe slovèque SOLIPSISM car lui aussi, à partir de ses années collège, a été soudainement pris par des doutes. Il se demandait à cette époque si ce qui se déroulait sous ses yeux n’était pas des illusions dans son esprit alors que son corps était tout à fait ailleurs. Il était possible que ce corps n’existe même pas, et qu’il soit en fait une petite fumée, ou un petit pois enfermé dans une conserve. Tout ce qui était censé être réel n’était en fait que des pensées de cet esprit, et tout était orchestré par une entité supérieure qui observait comment Sakrifiss allait se débrouiller dans ce monde fictif et s’il allait relever les épreuves. Alors si tout était faux, à quoi bon faire quoi que ce soit ? Eh bien Sakrifiss y a réfléchi, et il est arrivé à des conclusions : il fallait jouer le jeu ! Car soit il se trompait et la vie était réelle et il valait mieux la réussir, soit il avait raison et tout était un test et il valait mieux le réussir là aussi, en espérant obtenir une bone note une fois que ce serait serait terminé...
Une bonne note... Il me suffirait d’un 8/10 par exemple. Pas un 6.5 comme finalement il a décidé de mettre à Our Night Never Ends, le premier album des jeunes Slovaques. Le groupe avait sorti un EP en 2020, deux ans après sa formation, et en a mis deux de plus pour finaliser ces 9 pistes qui sortent sur le label roumain Sun & Moon Records. Ce qui m’a tout d’abord intrigué, et attiré, c’est la pochette aux ambiances urbaines. Ce genre de visuel correspond parfaitement à un certain type de black, et les trois groupes qui viennent tout de suite à l’esprit sont les Ukrainiens de WHITE WARD, les Suédois de OFDRYKKJA et les anciens géniaux LIFELOVER. Aucun d’entre eux n’a utilisé la ville sur toutes ses pochettes, mais celles où c’était le cas ont marqué l’esprit. Celle de SOLIPSISM aussi me marque tout de suite, car elle sent la nuit, et la tristesse des villes endormies à ces heures où les rares personnes qui y déambulent n’y sont jamais par plaisir. Ces images provoquent une attente et des espoirs au sujet de la musique et l’on imagine déjà que l’on va être embarqué dans un spleen urbain désespérant. Mais finalement ce n’est pas vraiment le cas. Ou plutôt si, mais trop timidement. Cet album a le défaut de ne pas aller aussi loin qu’on aimerait, et de nous proposer les décors de sa pochette que trop rarement dans ses compositions. Bien entendu je ne désirais pas un clone de LIFELOVER, mais au moins des ambiances qui allaient s’en inspirer ou s’en rapprocher. Finalement à part 15% du temps, le thème aurait pu être n’importe lequel d’autre que celui du visuel. Le black metal est agressif, tout en laissant la place aux éléments mélodiques, avec des guitares claires qui mènent le jeu et sont accompagnées de vocaux terriblement trop inexpressifs. Ces vocaux sont d’ailleurs en grande partie responsables du fait que l’on a du mal à décoller le long des 46 minutes. Ce n’est que trop rarement qu’ils prennent des teintes pleureuses, comme sur le final de « Your Entirety », et ils deviennent clairs uniquement sur « Mikymauz », une reprise d’une star d’origine tchèque : Jaromír Nohavica. Il ne fait pas du tout dans le black metal, mais il a quand même un lien avec notre milieu puisqu’il s’est fait connaître en adaptant « She’s Gone » de BLACK SABBATH...
SOLIPSISM me déçoit donc sur la majeure partie de son album car il ne propose rien qui se démarque et vienne planter sa graine dans notre cerveau. Il est bien réalisé, et le travail est appliqué, mais il n’arrive pas à s’imposer. Seuls « Solus Ips » et surtout « Don’t Follow Me, I’m Lost » me font garder espoir en cette formation. Ce dernier utilise efficacement un piano particulièrement mélancolique sur une base musicale désabusée. Du coup j’attendrai le prochain album en espérant qu’il porte plus de sentiments... Mais si ça se trouve, ce groupe n’existe pas, et c’est une nouvelle fois mon cerveau qui le crée, comme il me fait croire que des gens sont en train de lire cette chronique alors que personne n’est réel... Tout ce temps, toutes ces années à écrire et vous n’existez pas !!! Ah bah bravo !
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