Deni Marinovic - Dreamland
Chronique
Deni Marinovic Dreamland
On a souvent remarqué que la passerelle entre le Metal/Hard-Rock et le Blues/Pop et Classique est souvent ténue, il n’y a en effet qu’à voir le nombre d’artistes évoluant dans la sphère extrême qui n’hésitent pas de temps en temps à franchir le Rubicon pour se faire plaisir dans d’autres domaines et styles musicaux plus accessibles et grand-public. Parmi les innombrables exemples passés et actuels le nouveau projet de Deni Marinovic va parfaitement y trouver sa place, car si le guitariste nous a souvent habitué à jouer dans un registre proche autant des GUNS N’ROSES que de THIN LIZZY via notamment ENDLESS SHIVER ou HELLECTROKUTERS (on n’évoquera pas ici en revanche ces participations à des disques pour Natasha Saint-Pier, Vincent Niclo ou encore Les Stentors), celui-ci signe aujourd’hui son premier long-format en solo qui est à l’image de sa pochette une invitation au voyage et aux grands espaces désertiques. Car on va trouver nombre de choses allants des ambiances acoustiques hispanisantes, électriques mélodiques, folk divers où rôde Simon & Garfunkel, western-spaghetti aux héros légendaires… jusqu’aux mythes venus des Andes et du proche et moyen-Orient. Bref il va y’en avoir pour tous les goûts, et l’on va pouvoir tranquillement profiter de cette expérience apaisante et très bien écrite qui va permettre au cerveau et à l’esprit de divaguer pendant plus d’une heure.
D’ailleurs avec un titre d’ouverture qui s’intitule « Don’t Forget The Dream » (dont le nom parfaitement en raccord avec le contenu) on sait pertinemment où l’on met les pieds, et de ce point de vue-là il n’y a pas tromperie sur la marchandise tant on y trouve des accords remplis de douceur et surtout de nostalgie d’une époque plus ou moins révolue, où s’ajoutent des leads qui oscillent entre Blues et Hard-Rock pur et dur mais sans jamais entendre une seule parole ou mot. Car ici c’est du 100 % instrumental qui nous est proposé et si cela finit par souvent se montrer usant et fatiguant à force ça ne sera jamais le cas de cet album, tant l’écriture fluide et les nombreuses harmonies et variations comblent largement ce défaut (qui peut l’être pour certains). Du coup ce premier morceau va donner le ton de ce que sera le reste du temps à venir, où certaines surprises et ambiances marquées vont retentir… notamment dès la plage suivante (« Great Plains Vagabond »). Si l’on entend le cri du fier condor en ouverture c’est surtout le fait de sentir l’influence du mythique « Apache » de THE SHADOWS qui va sauter ici aux oreilles, les notes inspirées par le grand Hank Marvin nous emmenant vers le Grand Canyon d’où le soleil se lève comme pour nous dire que la journée va être chaude et belle… ce dont la fin plus rude et énergique est une parfaite illustration de ce ressenti. Si le désormais octogénaire a inspiré nombre de cordistes dont le créateur de ce « Dreamland », ce dernier va aussi rendre hommage à Gary Moore à plusieurs reprises et en premier lieu sur « Over The Mountains » dont le solo perché n’est pas sans rappeler ceux du regretté Irlandais, et dont le summum va être atteint sur le bien-nommé « Blues For Gary » riche en harmonies et en notes éthérées… et dont les ultimes accords semblent reprendre ceux du sublime « Parisienne Walkways ».
Si cela n’oublie pas cependant d’alterner entre le courant branché et débranché très classique certains morceaux vont pousser la rêverie et l’aventure plus loin, comme « Temples Are Made Of Sand » qui sent bon le désert… et c’est effectivement le cas via l’apport de percussions orientales et d’ambiances qui nous plongent dans le film « Lawrence d’Arabie », et l’on se surprend presque à voir débarquer à proximité Peter O’Toole, Alec Guinness et Omar Sharif. Offrant toujours cette densité et cette simplicité dans l’écoute le multi-instrumentiste ne va pas hésiter à ajouter un soupçon de Mark Knopfler et de DIRE STRAITS sur « Moonlight Shadows », avec également un supplément de piano qui apparaît ou encore de la flûte de Pan sur le magnifique « Arizona Sunset » (qui fait presque office de suite à sa version personnelle de « El Condor Pasa »). Ici l’on est emmené en altitude vers le Machu Picchu, et où l’on retrouve de nombreux accents latinos et une montée endiablée jusqu’à la fin. Terminant la galette par les deux parties de « Lagrimas De Esperanza » qui s’agglomèrent et se suivent parfaitement l’une avec l’autre, ces dernières mettent sur le devant de la scène autant le mystère du peuple Inca que des longues chevauchées dans de grandes étendues vides à dos de chevaux comme de chameaux, au dépaysement garanti et approuvé.
Idéal durant les périodes où le soleil est de la partie (comme pour les autres d'ailleurs) ce disque ambitieux dans son écriture comme son exécution est une indéniable réussite, où classicisme et originalité se côtoient en bon voisinage afin d’offrir une balade hors du temps et des soucis du quotidien. Offrant un récital de leads inspirés comme de riffs bien troussés qui sentent bons les années 70 comme 80 ce premier volet en solitaire s’appréciera comme une rediffusion des œuvres de Sergio Leone et John Ford… en se disant que même si on croit connaître ses classiques on en découvre toujours quelque chose à chaque fois. C’est totalement le cas ici vu qu’il va falloir un bon moment avant d’en avoir faire le tour, signe d’un résultat de haute-tenue que l’on aura plaisir à réécouter régulièrement, et qui conserve sa part mystérieuse et son aura malgré toute l’attention portée.
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | Très chouette album en effet, bravo Deni !
Très fier qu'un musicien si doué soit aussi mon prof de gratte ! |
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1 COMMENTAIRE(S)
02/10/2022 10:26
Très fier qu'un musicien si doué soit aussi mon prof de gratte !