Outer Heaven - Infinite Psychic Depths
Chronique
Outer Heaven Infinite Psychic Depths
Malgré plus de dix ans d’existence et plusieurs sorties de qualité OUTER HEAVEN reste curieusement encore aujourd’hui largement méconnu de la part du public, et ce malgré le soutien indéfectible de son label Relapse Records qui a continué à croire en lui et a son potentiel qui ne demandait qu’à mûrir encore un peu avant d’exploser totalement à la face du monde. Et on peut dire que le quintet a eu raison de s’accrocher car il a franchement passé un cap avec ce second opus qui surpasse en tout point son pourtant réussi prédécesseur, qui se révélait être en revanche beaucoup trop court avec des morceaux parfois expédiés un peu trop rapidement... et qui auraient demandé à gagner en densité. De ce point de vue-là il a clairement tenu compte de ses critiques en épaississant son propos sans pour autant le rendre indigeste, et en gardant son style rugueux et oppressant où vitesse et lourdeur se côtoient en bonne intelligence créant une homogénéité commune tout du long de ces trois quart-d’heure qui passent facilement le cap des écoutes, et vont en demander un certain nombre pour être totalement assimilées et mémorisées.
Si musicalement on reste toujours dans un Death Metal typiquement Américain et particulièrement sombre, l’entité sait parfaitement comment le faire sonner en y rajoutant une légère touche Hardcore et quelques accents à la fois discrètement modernes et délicatement rétro, créant ainsi une bulle musicale qui fait mouche immédiatement et qui ne va jamais faiblir au fur et à mesure que l’on va avancer vers la fin de cette galette. Celle-ci va d’ailleurs miser au départ sur des titres courts et directs mais où déjà transparait toute la palette technique du combo, entre « Soul Remnants », « Pillars Of Dust », « Fragmented Suspension », « Drained Of Life » et « Liquified Mind » qui outre ne jamais aller au-delà des quatre minutes nous gratifient d’une variété constante entre rapidité exacerbée et lenteur massive à l’ambiance caverneuse. Aidées en cela par un chant guttural particulièrement profond et une production légèrement crachotante en total raccord, on y trouve aussi un groove incandescent où l’on a en permanence envie de défourailler quelqu’un et de se lâcher dans la fosse sur fond de riffs agressifs et d’une batterie qui techniquement n’en fait jamais des tonnes. Alors évidemment les grincheux diront que tout cela sent le réchauffé et ils n’auront pas tort là-dessus, mais le rendu est tellement fluide et efficace qu’on oublie presque instantanément ce point de détail pour se laisser embarquer vers un voyage tortueux et extrêmement obscur où l’on est en permanence prit à la gorge.
Cela va se ressentir encore plus fortement à partir de « Unspeakable Aura » où l’écriture va se densifier un peu plus fortement et voir également une durée générale s’allonger légèrement, laissant le temps aux ambiances de se montrer encore plus fermement et ainsi happer l’auditeur encore plus fortement. Car ici tout est d’une énergie folle (l’ensemble des rythmiques atteignant des sommets de densité), tout en voyant une véritable tempête sonore se déchaîner de manière encore plus virulente et percutante qu’auparavant, comme on l’entend sur la plage suivante (« Rotting Stone / D.M.T. ») qui offre deux parties bien distinctes où chacune joue le grand-écart avec l’autre, créant ainsi un ressenti plus tourbillonnant à la technicité plus élevée. Néanmoins là-encore tout ça n’est jamais bourratif à l’instar de la doublette « Pallasite Chambers » / « Warped Transcendance » qui met le côté furibard sur le bas-côté de la route au profit d’une sensation massive décuplée, tant tout y est bridé et dégoulinant de putridité où l’humidité suinte par tous les pores... et montrant que les gars savent rester maîtres de leur musique même en la ralentissant à son maximum.
S’il sera difficile de faire ressortir une composition plus qu’une autre on ne tiendra pas rigueur de cela à ses créateurs qui signent une œuvre d’une très grande complexité malgré sa relative accessibilité, et qui va demander du temps et de la patience pour être totalement appréhendée et assimilée tant y trouver un point où se rattacher se révèle être difficile et compliqué. Néanmoins tout cela est oublié illico de par la faculté constante à faire bouger les nuques les plus coincées et par la puissance permanente où profondeur et néant total sont en parfait équilibre, dévoilant une entité maître de ses éléments et qui signe ici un des disques Death de 2023... qui pourtant n’en manque pas. Habile dans sa façon de mener les hostilités celle-ci nous envoie dans des limbes tourmentés et des abysses d’obscurité d’où rien ne ressort, tel un trou noir ou une supernova explosant de partout et à l’attraction énormissime. Et sans être aussi dithyrambique il serait clairement dommage de passer à côté de cette galette qui a tout pour plaire au plus grand nombre qu’il soit exigeant comme bon-public, preuve de sa qualité et sa réussite totale dont on guettera déjà le successeur avec impatience.
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