Nous avons encore quelques génies qui enchantent le black metal, et parmi eux, il y a les « hyper-productifs dispersés ». Ce sont des âmes qui ne tiennent pas en place et qui composent continuellement. Et s’ils sont incapables de s’arrêter, c’est entre autres parce qu’ils s’investissent simultanément dans plusieurs projets aux ambiances différentes. Nous avons Erroiak pour la France, Déhà pour la Belgique, Swartadauþuz pour la Suède, Wojsław pour la Pologne.
Wojsław est une figure à connaître lorsqu’on aime le black metal appuyant sur la touche « sensations ». Il est pour sa part actif au sein de
WEDRUJACY WIATR,
STWORZ,
KRES,
PRAV et
AŪKELS. Des groupes qui font frémir. Des groupes qui ont des fans, beaucoup de fans, mais pas nécessairement les mêmes fans car c’est là le talent de notre bonhomme, il propose des contenus différents selon ses formations.
Il a commencé
AŪKELS en 2020, et il a enchaîné à un rythme d’un album par année. J’avais d’ailleurs touché un mot sur le premier,
Raynkaym, en lui attribuant un 8/10 dans ces pages. Ensuite, j’avais fait l’erreur de ne pas présenter le suivant,
Ebwaidilīsnā, pourtant toujours aussi réussi. Ce n’était que partie remise et j’incite donc ici-même les retardataires à aller le découvrir. Maintenant. Allez ! Il est toujours bon de s’intéresser à une discographie dans l’ordre de sortie des albums.
C’est bon ? C’est écouté ? Alors on peut passer à
Meddjan sklāit ten. C’est le troisième album et toujours les mêmes atmosphères. Evidemment. Si Wojsław voulait faire autre chose, il aurait créé un nouveau groupe, encore une fois… La pochette reste fidèle aux précédentes, avec un gros plan sur des éléments naturels, sur un sol forestier. Cela change des arbres et forêts utilisés à outrance tout en restant dans le même cadre. Un zoom intéressant, parfaitement raccord avec le contenu sonore. Pas que la musique d’ailleurs puisque des chants d’oiseau, des bruits de feuillage et de ruisseau apparaissent à plusieurs reprises et nous plongent dedans, en plein dedans…
Mais même si de prime abord on peut penser qu’il s’agit d’une ode à la beauté de ces lieux paisibles, on constate rapidement que la nature n’est pas si molle que ça. Les compositions sont au contraire très envolées, avec des rythmes qui peuvent même galoper. Un peu comme chez
DRUDKH en fait. C’est le groupe qui vient le plus à l’esprit, d’autant que le chanteur prend un timbre bien plus proche de ce que font les Ukrainiens et les Russes que ce que font les Polonais habituellement. Il racle. Il montre qu’il y a de la rudesse dans l’air. Par contre, alors que
DRUDKH inspire des paysages vastes et étendus, il y a quelque chose dans
AŪKELS qui reste plus étroit, plus enfermé dans une clairière légèrement illuminée par les rais du soleil…
AŪKELS reste une nouvelle fois magique. Il est nature mais déterminé. Et pour la première fois en trois albums, il change son schéma. Alors qu’il proposait obligatoirement 4 longues pistes, il en a composé 5 cette fois-ci, toutes plus longues que 10 minutes (16 pour le titre qui clôt l’album dans des ambiances bien plus ambiant), et il a incrusté trois pistes instrumentales qui font moins de 2 minutes chacune. L’ensemble accumule 70 minutes, ce qui sera un poil trop long pour ceux qui se lassent vite, mais sera un régal pour ceux qui ont le temps de se déchausser et de rêvasser.
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20/02/2024 12:47