Nous avions quitté Diocletian quelque peu contrarié après la sortie en 2019 d’un
Amongst The Flames Of A Bvrning God sympathique mais tout de même un poil plus faible que ses excellents prédécesseurs. Une déconvenue d’autant plus grande que ce quatrième album marquait le retour des Néo-Zélandais après cinq ans d’absence et séparation aussi brève qu’inattendue qui aura vu l’effectif du groupe complètement bouleversé puisque trois des quatre musiciens alors en place sur
Gesundrian auront été remerciés...
Aussi je ne donnais pas cher de ce nouvel album intitulé
Inexorable Nexus dont la sortie remonte à près d’un an (avril 2024 pour la version "advanced" vendue lors de la tournée européenne "Subjugation Before Annihilation"). Un disque que j’ai longtemps choisi d’ignorer et qui passé une première écoute pour le moins tardive m’avait d’ailleurs paru à l’époque particulièrement quelconque...
La note qui figure ici à droite de cette chronique suggère cependant que mon avis a quelque peu évolué depuis. Une évidence qui souligne la nécessité de ne pas toujours se presser ni dans ses déclarations ni dans ses écrits puisqu’il arrive effectivement que l’on puisse parfois changer d’avis et cela sans pour autant passer pour une girouette ou un opportuniste. Également visible sur votre droite, l’illustration finale de ce cinquième album signée des mains de Brendan Southwell, seul membre fondateur rescapé encore en place. Une réalisation un brin naïve que j’ai découvert récemment avec les sorties physique de ce nouvel album dévoilées il y a quelques semaines seulement sous les couleurs non plus de Profound Lore Records avec qui la collaboration aura été de courte durée mais de Nuclear War Now! Productions chez qui les Néo-Zélandais ont donc trouvé refuge.
Du haut de ses sept titres et de ses trente-quatre minutes,
Inexorable Nexus laisse entendre par le ratio induit par la juxtaposition de ces chiffres que les choses pourraient s’avérer moins percutantes qu’à l’époque d’
Amongst The Flames Of A Bvrning God. La vérité est que la durée de ce nouvel album est sensiblement allongée par la présence d’un titre en trois parties affiché à plus de dix minutes ("Heathen Siege (Parts I-III)") puisque pour le reste la formation originaire d’Auckland ne s’est pas véritablement assagie.
Servi par une production âpre et dépouillée qui lui sied à ravir, ce nouvel album ne constitue en aucun cas un quelconque pied de nez ou autre changement de cap dans la discographie des Néo-Zélandais. Fidèle au poste après toutes années et toutes ces galères de line-up, le père Southwell poursuit en effet ici ses pérégrinations en terrains hostiles au son d’un Black / Death toujours aussi belliqueux et peu subtil. Une formule à laquelle les amateurs du genre (tous ces babouins et autres dégénérés qui se régalent de formations telles que Revenge, Blasphemy, Conqueror, Death Worship et j’en passe) sont évidemment rompus mais qui, contrairement à son prédécesseur moins bien balancé, possède ici tous les arguments pour convaincre. Un constat tout de suite beaucoup plus engageant (malgré en ce qui me concerne ce faux départ évoqué plus haut) qui va se jouer surtout sur la qualité des riffs proposés ici par la formation. Des riffs pourtant pas bien compliqués et toujours assez répétitifs mais qui renouent avec cette force, cette puissance et cette stature imposante qui ont fait la renommée de Diocletian depuis le milieu des années 2000.
Cette flamboyance et cette stature martiale retrouvées s’accompagnent comme toujours de nombreuses saillies Grindcore toujours aussi jubilatoires. Des coups de boutoirs martelés à la face de l’auditeur sans aucune retenue et qui associés à ces riffs répétitifs mentionnés plus haut procurent comme souvent avec ce type de sorties l’impression de se faire rouler dessus par une armée de chars d’assaut. Probablement soucieux de corriger le tir après plusieurs avis mitigés à l’égard d’
Amongst The Flames Of A Bvrning God, Diocletian a choisi de rentrer très vite dans le vif du sujet avec un "Global Slave Enigma" témoignant du haut de ses quatre minutes et vingt-huit secondes de toute l’étendue des talents de la formation dès qu’il s’agit de créer du chaos. Une entrée en matière digne de ce nom suivie par de nombreux autres moments de bravoure partagés entre déferlements de violence débridée (une frénésie accentuée par la nature chaotique de certains riffs et autres solos et par ces descentes de manches typiques d’un certain Revenge) et passages beaucoup plus pesants lors desquels Diocletian va assoir sa dominance en instaurant un climat martial (bien souvent grâce à ce jeu de batterie presque militaire) encore plus suffocant ("Global Slave Enigma" à 2:02, "Heathen Siege (Parts I-III)" à 4:25 et 6:56, "Baphocletian (Hexawolf Version)" à 2:23, "Barbaric Hunt (Feral Prey)" à 3:09 ou "Violent Eradicating Hammer Strike!" à 4:09).
Vous l’aurez d’ores et déjà compris,
Inexorable Nexus n’a rien d’autre à offrir qu’un Black / Death bestial fidèle aux canons du genre. Une vision limitée, vue, revue et re-revue un nombre incalculable de fois mais qui à la différence de son prédécesseur plombé par des riffs moins flamboyants et plus quelconque fait mouche de manière bien plus évidente et immédiate. Alors c’est vrai, ce nouvel album de Diocletian n’ira pas faire de l’ombre à ses sorties les plus emblématiques (difficile de rivaliser face à des albums tels que
Doom Cult,
War Of All Against All et
Gesundrian) mais je retournerai bien plus volontiers sur ce cinquième album plutôt que sur son prédécesseur qui franchement n’est jamais vraiment parvenu à m’enthousiasmer plus que cela...
1 COMMENTAIRE(S)
29/01/2025 10:40