chargement...

haut de page

My

Remontez pour accéder au menu
143 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Sordide - Ainsi Finit Le Jour

Chronique

Sordide Ainsi Finit Le Jour
Un peu plus de trois ans après « Les Idées Blanches » unanimement salué par la critique comme par les fans les plus intransigeants il était temps pour les Rouennais de repasser enfin en studio, histoire d’y mettre en boîte ce cinquième album particulièrement attendu. S’il n’a jamais figuré parmi les têtes d’affiches du genre au sein de notre pays le duo originel (renforcé depuis l’année dernière par un nouveau bassiste) a pourtant nombre d’éléments à faire valoir, et en premier lieu une sincérité de tous les instants qui malgré certaines controverses ne l’a jamais fait changer de vision musicale comme contextuelle, ce qu’on ne pourra pas lui reprocher. Si évidemment certains auront du mal à dissocier l’œuvre de l’auteur cela n’est pas le sujet ici... surtout quand du côté de la musique les choses sont passionnantes à écouter (et c’est cela qu’il faut uniquement retenir), toujours basées sur la noirceur de notre époque comme la crasse urbaine et le sentiment de déclassement de la France périphérique comme des campagnes. Conservant donc sa ligne éditoriale le trio va néanmoins proposer ici un disque certes toujours aussi violent mais aussi plus introspectif, tant les moments aériens et posés vont être régulièrement mis en valeur sur ce long-format qui est le plus long jamais sorti par ses soins... ce qui va créer en revanche quelques longueurs évitables et moments répétés en boucle sur une durée trop importante, vu que ce jour va avoir du mal à se finir pour entrer dans une nuit qui s’annonce tentaculaire.

Néanmoins rien de rédhibitoire au départ vu que « Des Feux Plus Forts » va se montrer particulièrement énervé et foutraque en balançant des larsens comme du gros tabassage intense sur fond de plans martiaux imposants et totalitaires, créant ainsi une ambiance hostile et guerrière qui se termine par un ralentissement bienvenu qui prend ainsi plus encore en étau l’auditeur. Car outre la pression démesurée mise ici sur le devant de la scène par cette entrée en matière classique mais absolument délicieuse, le côté hypnotique va se montrer lui-aussi très présent (aidé en cela par l’ensemble des différentes voix proposées) et même se renforcer sur le plus primitif et obscur « Nos Cendres Et Nos Râles ». S’il débute par une influence Punk rudimentaire et bien troussée ce morceau va ensuite largement lever le pied pour offrir une vision plus obscure et rampante, créant ainsi un antagonisme flagrant entre le blanc et le noir au rendu excellent et pénétrant où l’on ne s’ennuie pas une seule seconde, tant la fluidité y est permanente et l’accroche immédiate. D’ailleurs ce rendu au tempo ralenti va encore s’accentuer sur la doublette « Le Cambouis Et Le Carmin » / « Sous Vivre », où la basse chaude va se faire entendre encore plus fermement via une rythmique largement bloquée sur le frein, vu que ça va lorgner fortement vers le Doom. Tout cela va créer ainsi un rendu à la fois particulièrement brumeux mais aussi orageux, tant on ressent une certaine pression comme de l’humidité de par ce minimalisme qui embarque ainsi l’esprit très loin dans le ciel comme sous terre... même si tout cela aurait gagné en accroche et attractivité en se faisant plus court. Car vu que ça n’évolue quasiment pas du côté des vitesses il aurait fallu condenser cela plus fermement, au risque ici de décrocher légèrement de cette expérience lointaine pourtant particulièrement addictive où les tréfonds de la saleté comme de l’esprit sont explorés avec grand soin, servant de transition idéale avec le retour à de la grosse virulence déchaînée.

En effet avec « Banlieues Rouges » le tout repart tambour battant et avec une véritable envie d’en découdre sur fond d’entrain généralisé, vu qu’ici une dynamique impressionnante fait son apparition sur fond de rythme en médium absolument imparable et parfait pour secouer la tête au milieu de ce béton remplissant ces villes froides et sans âme. Simple et redoutable dans son exécution comme du côté de l’écriture cette composition se dévoile là encore lancinante et grisâtre sans que jamais la virilité n’explose totalement outre-mesure, vu qu’ici elle est présente mais maîtrisée histoire de densifier son propos et d’essayer de percer cette brume qui a du mal à se dissiper... point qui arrivera néanmoins sur les redoutables « La Poésie Du Caniveau » et « Ainsi Fini Le Jour ». Jouant ici sur l’équilibre et l’homogénéité ces deux plages annoncent une tempête incommensurable où les blasts comme le tabassage incessant vont faire un retour fracassant... le tout en alternant avec des ralentissements nombreux et accélérations à foison, afin d’offrir un rendu basique et typique de l’entité mais toujours redoutablement puissant et dont la lassitude est aux abonnés absents.

Et si ici les Normands étaient revenus à leurs fondamentaux ils vont à nouveau partir explorer de nouvelles contrées avec le surprenant « La Beauté Du Désastre », qui après un début en trombe débridé va voir une douce voix chuchotée apparaître sur fond de basse qui ronronne de plaisir et de roulements de batterie rappelant ceux de Ringo Starr des BEATLES sur le mythique « Come Together ». Jouant en prime la carte de l’occulte et de la prière cette composition va rester sur ce schéma lent et mystique, et offrir ainsi quelque chose de très ritualiste et planant qui va demander du temps pour être appréhendé, tant tout cela est bien plus profond que ça en a l’air de prime abord. S’il ne faudra pas baisser sa garde en cours de route du fait d’une temporalité un peu excessive, en revanche on ne peut que saluer cette prise de risques salutaire qui fait mouche instantanément et montre que la bande n’a peur de rien, et surtout pas d’oser et de partir dans des chemins de traverse où elle trouve parfaitement ses repères sans se renier ni perdre son âme. C’est d’ailleurs cela qui va revenir pour la conclusion intitulée « Tout Est A La Mort » qui lui offre son visage le plus boursouflé et massif avec ces longs moments où la lourdeur est à son apogée aux deux extrémités, tant la virulence en son centre réussit à émerger péniblement pour une fois encore offrir un visage audacieux et plaisant malgré son étirement inutile.

Du coup pour le moment on ne peut pas dire que cette galette soit la meilleure de ses créateurs tant il va falloir apprivoiser la chose avant de se faire un avis définitif, peut-être que le temps la réhabilitera mais pour l’instant ça reste un peu en deçà de ce à quoi ses auteurs nous avaient habitué, tant c’est un peu inégal et joue les montagnes russes trop fréquemment. Attention ne nous leurrons pas on reste en présence d’un objet d’un niveau élevé mais qui n’a pas encore dévoilé tout son charme, ce qui fait que pour l’instant on ne peut être pleinement convaincu du résultat pourtant plus qu’intéressant. Montrant en tout cas que l’entité se fiche des conventions elle propose donc une vision musicale plus ambitieuse sans pour autant se renier, poursuivant ainsi son parcours commencé il y a onze ans maintenant où le classicisme originel et l’évolution aux accents Post-Black se côtoient intelligemment, montrant que le sordide confine au talent et à la maturité... preuve donc d’une certaine intelligence et prise de risques calculée, qui plaira ainsi à certains mais en déroutera d’autres, une constante en fait mais les trois acolytes n’en ont cure en ne cherchant nullement à plaire au plus grand nombre.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

3 COMMENTAIRE(S)

gulo gulo citer
gulo gulo
24/11/2024 11:03
note: 9/10
Ah, et sinon s'autoriser Ringo Star comme seul namedropping : j'applaudis des deux moignons !
gulo gulo citer
gulo gulo
24/11/2024 11:00
note: 9/10
On ne peut certes pas dire que c'est leur meilleur car :
1/ c'est Hier déjà mort
2/ il est trop frais en effet
N'empêche qu'il est ahurissant de créativité, et d'authenticité beumeu nonobstant. Sans même parler de son feu.
Sosthène citer
Sosthène
20/11/2024 18:22
Je ne m'y suis jamais vraiment penché sur ce groupe mais toutes les chroniques présentes ici commencent à vraiment me donner envie !

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Sordide
notes
Chroniqueur : 7.5/10
Lecteurs : (3)  7.5/10
Webzines : (2)  8.13/10

plus d'infos sur
Sordide
Sordide
Black Metal - 2013 - France
  

tracklist
01.   Des feux plus forts
02.   Nos cendres et nos râles
03.   Le cambouis et le carmin
04.   Sous vivre
05.   Banlieues rouges
06.   La poésie du caniveau
07.   Ainsi finit le jour
08.   La beauté du désastre
09.   Tout est à la mort

Durée : 54 minutes

line up
parution
25 Octobre 2024

voir aussi
Sordide / Satan
Sordide / Satan
Split (Split 7")

2017 - No Way Asso / Repulsive Medias / Witch Bukkake Records / Saka Čost / Amertume / Jungle Khôl / Organe
  
Sordide
Sordide
Les idées blanches

2021 - Les Acteurs de l'Ombre
  
Sordide
Sordide
La France a Peur

2014 - Avantgarde Music
  
Sordide
Sordide
Hier Déjà Mort

2019 - Throatruiner Records / WV Sorcerer Productions / La Harelle
  
Sordide
Sordide
Fuir la lumière

2016 - Avantgarde Music
  

Essayez aussi
Lamp Of Murmuur
Lamp Of Murmuur
Punishment And Devotion (EP)

2021 - Death Prayer Records
  
Borknagar
Borknagar
Quintessence

2000 - Century Media Records
  
Aoratos
Aoratos
Gods Without Name

2019 - Debemur Morti Productions
  
Cantique Lépreux
Cantique Lépreux
Cendres Célestes

2016 - Eisenwald Tonschmiede
  
Cultes Des Ghoules
Cultes Des Ghoules
The Rise Of Lucifer (EP)

2015 - Under The Sign Of Garazel Productions
  

Horsebastard
Horsebastard
Lire la chronique
Septage
Septic Worship (Intolerant ...
Lire la chronique
The Old Dead Tree
The Blossom (Démo)
Lire la chronique
Feral
To Usurp The Thrones
Lire la chronique
Deinonychus
Fatalist
Lire la chronique
Void Witch
Horripilating Presence
Lire la chronique
Extortion Cellar
Lobotomizing Knell (EP)
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Décembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Mourning Dawn
The Foam of Despair
Lire la chronique
Sijjeel
Affiliation Of Horrid Conta...
Lire la chronique
The Gates Of Slumber
The Gates of Slumber
Lire la chronique
Planes Mistaken For Stars
Do You Still Love Me?
Lire la chronique
Rebel Souls
Leviathan (EP)
Lire la chronique
Vananidr
In Silence Descent
Lire la chronique
Attic
Return Of The Witchfinder
Lire la chronique
Sentient Horror
In Service Of The Dead
Lire la chronique
SaintSombre
Earth/Dust
Lire la chronique
七生報國
デモ 二 (Démo)
Lire la chronique
Hawaiian Massacre, le grind sous les palmiers !
Gorupted + Rectorragie + S...
Lire le live report
Interview d'AD VITAM INFERNAL pour l'album "Le Ballet Des Anges"
Lire l'interview
Nails
Every Bridge Burning
Lire la chronique
Ad Vitam Infernal
Le Ballet Des Anges
Lire la chronique
Pyrecult
Voluntary Serfdom
Lire la chronique
The Black Dahlia Murder
Servitude
Lire la chronique
Dark Tranquillity + Moonspell + Wolfheart
Lire le live report
Defeated Sanity
Chronicles Of Lunacy
Lire la chronique
Gore Force 5
At Full Force
Lire la chronique
State Faults
Children of the Moon
Lire la chronique
A La Carte
Born to Entertain
Lire la chronique
Opium Warlords
Strength!
Lire la chronique