Il n’aura pas fallu bien longtemps à Adrian Thule pour donner suite à l’excellente première démonstration de Stenched intitulée
Gorging On Mephitic Rot. Un an et demi après les faits, le voilà en effet déjà de retour avec cette fois-ci sous le bras un premier album au titre tout aussi fleuri.
One-man band un jour, one-man band toujours... C’est donc une fois de plus en solo que le jeune mexicain mène ici sa barque mais avec cette fois-ci le soutien de nouveaux collaborateurs puisque ce sont les labels Me Saco Un Ojo Records (vinyle) et Extremely Rotten Productions (CD et cassette) qui ont décidé de miser une partie de leurs deniers sur cette jeune formation débarquée l’année dernière de Monterrey. Intitulé
Purulence Gushing From The Coffin, celui-ci se compose de huit nouveaux morceaux pour une durée d’un petit peu plus de trente-et-une minutes et est habillé pour l’occasion d’une illustration particulièrement cool (ce rose, ce logo entre Death Metal et graffiti, ce rose, ces étranges créatures, ce rose, cette pierre tombale sur son petit lopin de terre, ce rose...) que l’on doit une fois encore à l’Américain Lucas Valtenbergs aka Rusted Winds (Accursed Womb, Ebony Pendant, Invitation, Perilaxe Occlusion, Wharflurch...). Une oeuvre engageante qui normalement devrait vous donner envie de vous plonger dans la musique de ce projet si à tout hasard ma précédente chronique n’avait pas suffi ou était malheureusement passée inaperçue.
Marchant toujours aussi ouvertement dans les pas de formations telles qu’Undergang, Cerebral Rot, Rottrevore ou Cryptworm, le jeune mexicain n’a jamais eu l’intention de changer son fusil d’épaule ni même de revoir un tant soit peu sa copie. Dénué de toute originalité mais doté d’un capital sympathie particulièrement élevé grâce à des compositions jusque-là particulièrement efficaces, Stenched renoue ici sans grande surprise avec ce Death Metal putride et groovy dont il s’est rapidement fait une spécialité.
À la manière du prolifique groupe danois, la musique de Stenched se caractérise par un growl particulièrement gras et profond. Un chant des plus épais qui évidemment colle à merveille à ce genre de formule dégoulinante et cradingue. On regrettera peut-être son approche un brin monocorde puisqu’en effet le Mexicain use finalement pas ou alors très peu d’onomatopées et autres gargouillis gastriques et/ou buccaux dont David Mikkelsen s’est fait une spécialité mais ce genre de Death Metal étant de toute façon complètement dénué de toute finesse, on ne lui en tiendra certainement pas rigueur. Naturellement, là n’est pas le seul point commun. On va également retrouver chez Stenched d’autres similitudes que ce soit dans ce riffing faisandé jamais bien compliqué mais cependant toujours parfaitement au point, ces quelques accélérations bien senties qui viennent nous mettre un coup de pied au derrière juste quand il faut (Stenched alterne entre petites séances de toupa-toupa comme c’est le cas par exemple sur "Mucus, Phlegm And Bile" à 0:58, "Wormridden Torso" à 0:05, "Eye Socket Pus Emanation" à 2:12 et "Effusion Of Foul Smelling Fluids" à 0:25 et passages un petit peu plus musclés à l’image des toutes premières secondes de "Morbid Mass Of Repulsive Purulence" ou plus loin sur "Mucus, Phlegm And Bile" à 2:55, "Wormridden Torso" à 0:27, "Death Maniacal Obsession" à 2:51, "Eye Socket Pus Emanation" et "Ecstasy Through Pestilence" à 0:11) ou bien encore ces séquences plus chaloupées au groove toujours aussi irrésistible ("Morbid Mass Of Repulsive Purulence" à 0:55, "Mucus, Phlegm And Bile" à 0:21 et 2:07, l’essentiel de "Suppurating Cranial Cavity", "Death Maniacal Obsession" à 0:47, les premiers instants de "Effusion Of Foul Smelling Fluids").
Autre groupe auquel Stenched fait largement référence à travers son Death Metal, les défunts Américains de Cerebral Rot (et donc Corpus Offal qui en est la suite plus ou moins directe) à qui le Mexicain a « emprunté » tous ces leads entêtants et déglingués qui donnent un charme fou à ses compositions. Certes, la paternité de ce genre de mélodies étranges (sentiment renforcé par ce jeu de mouvement bien perceptible lors d’écoutes faites au casque) reviendrait plutôt aux Finlandais d’Abhorrence mais Cerebral Rot est probablement le groupe qui les a perfectionnées et les a surtout remises au goût du jour ces dernières années. Trop nombreuses pour se lancer à nouveau dans une énumération un brin redondante, celles-ci sont néanmoins l’une des raisons principales qui font de Stenched un groupe aussi intéressant et cela malgré une formule pour le moins cousue de fil blanc.
D’ailleurs, un peu à la manière d’un Corpus Offal (même s’il est difficile de juger sur seulement deux titres), Stenched semble lui aussi goûter les rythmiques plombées à en juger par ces quelques moments beaucoup plus lourdingues dispensés ici et là au cours de cette petite demi-heure. De "Morbid Mass Of Repulsive Purulence" à 2:04 à "Mucus, Phlegm And Bile" à 1:30 en passant par "Wormridden Torso" à 0:32, "Suppurating Cranial Cavity" à 2:42 ou "Death Maniacal Obsession" à 1:40 il n’est pas rare d’entendre le jeune Mexicain lever le pied de manière significative et ainsi alourdir l’atmosphère de séquences particulièrement menaçantes et sinistres.
Si je n’attendais pas un aussi prompt retour de la part de Stenched, je dois néanmoins reconnaitre que je suis une fois de plus sous le charme de ce Death Metal rance et juteux qui à défaut de bousculer quoi que ce soit, sait se montrer d’une efficacité à toute épreuve. Il faut dire que si Adrian Thule n’a rien inventé, ce dernier fait preuve d’un équilibre particulièrement habile entre passages plus ou moins soutenus, séquences pleines de groove et moments beaucoup plus pesants. Une belle variété de propos qui, tout en constituant un ensemble homogène, permet de varier les plaisirs et ainsi faire de ce premier album une réussite totale malgré une formule vue et revue un nombre incalculable de fois.
1 COMMENTAIRE(S)
01/12/2024 17:15
De l'évolution dans la continuité donc, c'est bieng! j'adhère même à la pochette rose.
Edition physique en attente chez Raùl... j'ai hâte que ça arrive.