Habitués à prendre leur temps depuis le début de leur carrière en 1997, les Australiens de Destruktor viennent de mettre fin à neuf longues années de silence radio avec la sortie en octobre dernier de leur troisième album. Un disque intitulé
Indomitable paru une fois de plus sur le label américain Hells Headbangers Records.
Sans grande surprise, ce nouveau méfait s’accompagne d’un changement d’effectif puisque depuis la sortie d’
Opprobrium en 2015, Brad Ollis a effectivement tiré sa révérence au profit de l’un de ses anciens collègues, un certain Chris McEwin (Nemesium, Veil Of Anguish, Befallen, ex-Eskhaton (live)) arrivé dans les rangs de Destruktor courant 2019. Cinq longues années supplémentaires auront ensuite été nécessaires au trio pour accoucher de ces trente-trois minutes qui, là non plus ce n’est pas une surprise, s’inscrivent naturellement dans la continuité de tout ce qu’a pu sortir Destruktor jusqu’à présent.
Illustré par un Mark Riddick qui s’est pris à penser qu’une version « necro » du poster de Robin Hood avec Kevin Costner serait une très bonne idée,
Indomitable a été enregistré et mixé par Adam Calaitzis (Abramelin, Blood Duster, Cemetery Urn, Contaminated, Encabulos, Eskhaton, Gospel Of The Horns...) puis masterisé par Dav Byrne (Contaminated, Gutless, Idle Ruin...). L’album jouit ainsi d’une production dépouillée et abrasive naturellement dénuée de toutes fioritures afin de parfaitement servir (enfin presque car à vrai dire je ne suis pas hyper fan du son un brin aseptisé de la grosse caisse) le propos de ces Australiens que les années n’ont décidément pas assagis.
En effet, nous avions quitté Destruktor passablement énervé en 2015, nous le retrouvons neuf ans plus tard toujours aussi remonté au son d’un Death Metal typiquement australien qui derrière ses atours simples, quelque peu répétitifs et assurément peu novateurs, n’a pourtant aucun mal à convaincre grâce à l’efficacité débridée de chacune de ces huit nouvelles compositions. Pour se faire, Destruktor déroule évidemment les mêmes poncifs à commencer par un riffing particulièrement intense et nerveux qui pue toujours autant le souffre et le bouc. Un riffing qui n’a évidemment rien de bien compliqué mais dont l’immédiateté et la nature hautement belliqueuse vont très vite donner le ton. Un esprit revanchard et va-t-en guerre auquel il est bien difficile de résister si l’on possède un tant soit peu d’affinités pour ce genre de Death Metal aux accointances Thrash et Black plus ou moins évidentes. Aussi de "Speaking With The Dead" à "Holy Orgy" en passant par des brulots absolument imparables tels que "Writhe In Pain", "Beyond The Bleakness" ou bien encore "The Path To Lucifer", j’ai pour ma part bien du mal à résister à l’envie de serrer le poing, de souffler un grand coup et de froncer les sourcils l’air mauvais et entendu comme pour mieux acquiescer de l’efficacité ultime de ces riffs exécutés pour l’essentiel à toute berzingue.
Un rythme effectivement assez soutenu que l’on doit également à une batterie des plus volontaires. Présent derrière les fûts de Destruktor depuis 2004, Jahred Mawdsley continue de distribuer ses bourre-pifs et autres mandales avec une énergie et une intensité au moins aussi réjouissantes que celle de son collègue Glenn Lynch. Si ce sont évidemment les blasts qui tiennent une fois de plus le haut du pavé ici, on trouve également quelques séquences menées à coups de toupa-toupa afin tout de même de varier un petit peu les plaisirs lors de ces attaques frontales dispensées par Destruktor le plus clair de ces trente-trois minutes. Cependant, et même si
Indomitable est un album effectivement mené tambour battant, il n’est pas rare que le groupe australien lève le pied. Des moments toujours extrêmement bienvenues puisqu’ils vont permettre de trancher avec le caractère jusqu’au-boutiste de ce Death Metal pour amateurs de cartouchières et autres artefacts militaires en amenant soit un soupçon de groove ("Speaking With The Dead" à 1:17, 1:57 et 3:01, "Holy Orgy" à 1:12, "Writhe In Pain" à 1:28, "Beyond The Bleakness" à 0:48 et 1:38, "Reap What You Saw" à 1:02) soit un poil de lourdeur ("Holy Orgy" à 2:15, "Indomitable" à 2:30, "Reap What You Saw" à 1:42 ou bien encore les dernières minutes de "The Path To Lucifer" histoire de clôturer cette rencontre de manière un peu moins musclée).
Voilà, inutile de vous faire un dessin plus détaillé de ce qui vous attend à l’écoute de ce troisième album puisque si vous avez déjà croisé la route de ces Australiens toujours aussi énervés vous savez pertinemment à quoi vous attendre. Ceux pour qui il s’agirait de leur toute première fois auront le droit à ce que je viens de décrire plus haut, ni plus ni moins. Certes, Destruktor avec son patronyme particulièrement cliché, sa formule extrêmement simple et sans aucune surprise et sa vision globalement étroite et limitée n’intéressera pas les plus fins esthètes qui trouveront une fois de plus l’approche des Australiens beaucoup trop primitive pour leur convenance mais les autres, ceux qui se régalent de ce genre de formule bas de plafond, sauront largement y trouver leur compte.
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24/01/2025 15:48
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