Necromaniac - Sciomancy, Malediction & Rites Abominable
Chronique
Necromaniac Sciomancy, Malediction & Rites Abominable
On ne peut pas dire que Necromaniac soit un groupe particulièrement pressé d’en découdre. Formé à Londres en 2011 par Alexandros Antoniou (Macabre Omen, Razor Of Occam, The One, Tome Of The Unreplenished...) et un certain Sadistik Fornicator, la formation ne sortira de l’anonymat qu’en 2015 après la sortie sur Me Saco Un Ojo (puis sur Invictus Productions) d’une première démo particulièrement chouette intitulée Morbid Metal sur laquelle je ne prendrai pourtant jamais le temps de m’épancher ici. Il faudra ensuite attendre 2018 pour voir le groupe revenir brièvement sous les projecteurs avec la sortie d’un modeste EP deux titres effectuée sous les couleurs du label allemand Iron Pegasus Records (Sadistic Intent, Mortem, Desaster, Pentacle...). Après six ans d’absence et alors qu’on avait fini par les oublier, les Anglais sont venus se rappeler à nos bons souvenirs avec la parution l’année dernière d’une nouvelle démo trois titres ayant notamment pour but de nous faire patienter en attendant la sortie de ce premier album pour le moins inespéré…
Intitulé Sciomancy, Malediction & Rites Abominable, c’est sur Invictus Productions que celui-ci vient de voir le jour. Un disque qui officialise de manière un petit peu plus probante l’arrivée derrière le micro de Carl Tiburtius Nordblom (Nightbringer, ex-Matricide) qui, sans avoir participé à l’enregistrement des deux titres de Subterranean Death Rising, a pourtant rejoint Necromaniac il y a près de sept ans. En guise d’illustration, les Anglais sont allés piocher dans les oeuvres libres de droits du peintre et graveur allemand Johann Wilhelm Baur pour en sortir cette chouette peinture datant de 1639. Une oeuvre occulte élégamment mise en lumière grâce à cette mise en page et à ces couleurs des plus sobres. Enfin, pour ce qui est de la production, Necromaniac a fait appel aux services de Shauny Cadogan (Coscradh, Dread Sovereign, Hasturian Vigil, Malthusian, Sacrilegia, Vircolac...), Amadeusz (nouveau bassiste de Grave Miasma depuis 2022) et Greg Chandler (Adorior, Ataraxy, Cruciamentum, Esoteric, Qrixkuor...) pour un résultat mettant en avant le caractère abrasif et nerveux de ce Black / Thrash diabolique.
En effet, ce que le groupe qualifie lui-même de "Morbid Metal" est en fait un Black / Thrash (matinée de Death Metal à l’ancienne) virulent et habité qui à défaut d’originalité a pour lui un sens accru de l’efficacité et un amour des ambiances sombres et occultes parfaitement restituées. Sur ce dernier point, il convient d’ailleurs de saluer comme il se doit ces quelques collaborations particulièrement bien senties qui marquent ce premier album. Tout d’abord "Caput Draconis" (vous m’excuserez mais je ne peux m’empêcher de penser à Harry Potter And The Philosopher’s Stone à chaque fois que mes yeux se posent sur ce titre) et ses incantations inquiétantes que l’on doit à monsieur Alan Averill de Primordial. Puis ensuite le particulièrement malaisant "Calling Forth The Shade" partagé entre râles sinistres, invocations absolument infernales et ricanements narquois ainsi que "Conjuration Of St. Cyprian" et ses obscures élucubrations d’aliéné mental, deux titres sur lesquels on retrouve nul autre que l’inimitable Marek Górecki (Cultes Des Ghoules, Death Like Mass, Sodality) qui une fois encore grâce à sa voix habitée et vicieuse parvient à nous filer la chair de poule. De son côté, Carl Tiburtius Nordblom n’est pas en reste puisqu’il nous offre lui aussi quelques réjouissances vocales bien troussées même si beaucoup plus brèves et moins intenses. Quoi qu’il en soit, ces vocalises participent grandement à étoffer ces atmosphères sournoises et terrifiantes dont se drape chacune de ces neuf nouvelles compositions.
Une musique qui, comme je l’évoquais brièvement plus haut, n’est effectivement d’aucune originalité. Un détail qu’elle compense haut la main par une efficacité de tous les instants, que ce soit lors d’accélérations menées naturellement le couteau entre les dents (la première moitié de "Daemonomantia" puis ensuite à 3:26, "Grave Mound Oath" à 2:06 et 5:40, l’essentiel de "Great Is The Thirst Of The Restless Dead", la première moitié de "Teraphim (Skull Sorcery)" ou bien encore l’entame en fanfare de l’excellent "Swedenborg's Skull") mais aussi lors de ces quelques passages plus Rock’n’Roll ("Daemonomantia" à 2:41, "Grave Mound Oath" à 1:16, "Swedenborg's Skull" à 5:36). Dans les deux cas, le riffing nerveux et affûté des Anglais n’a absolument aucun mal à convaincre et participe à rendre ces instants extrêmement jouissifs pour qui goûte à ce genre de Black / Thrash punitif.
Une certaine intensité qui n’empêche par pour autant les Anglais de calmer le jeu en de nombreuses occasions à l’aide de passages bien moins tendus permettant de mettre l’accent sur ces ambiances sinistres et malveillantes évoquées plus haut tout en offrant également ce qu’il faut de nuances afin de varier les plaisirs. De "Caput Draconis" qui sert ici d’introduction aux premiers instants brumeux de "Grave Mound Oath" en passant par les terriblement inquiétants "Calling Forth The Shade" et "Conjuration Of St. Cyprian" sans oublier les premières mesures de "Great Is The Thirst Of The Restless Dead", "Teraphim (Skull Sorcery)" à 2:54, "Swedenborg's Skull" à 0:25 ou bien encore "Necromancess / Cauda Draconis" qui à l’exception de ses deux/trois dernières minutes un petit peu plus musclées vient clôturer ce premier album au son de mid-tempo processionnaires, Sciomancy, Malediction & Rites Abominable s’impose comme un premier album particulièrement dynamique partagé de manière habile entre séquences plus ou moins directes et passages plus modérés.
Si Necromaniac s’est fait particulièrement désirer en attendant tout de même près de quatorze ans pour sortir son premier album, difficile de lui reprocher quoi que ce soit à l’écoute de ce Sciomancy, Malediction & Rites Abominable résolument sinistre et habité. Comme souvent, l’originalité n’est pas particulièrement au rendez-vous mais cela est largement occulté par l’agressivité et l’intensité de la plupart des compositions et par ces ambiances poussiéreuses, occultes et extrêmement malveillantes qui à chaque écoute ne manquent jamais de faire leur petit effet. Certes, l’approche particulièrement variée dont fait preuve Necromaniac pourrait tenir à distance certains auditeurs un peu trop bas du front qui reprocheront au groupe et à sa musique de perdre trop souvent en intensité mais c’est pourtant l’un des points forts de ce premier album qui traine avec lui une aura sombre et blasphématoire des plus réjouissantes. Bref, attendus de pied ferme par tout ceux qui suivaient Necromaniac de près ou de loin depuis 2015, les Londoniens ne déçoivent pas et signent ici un premier album particulièrement réussi qui ne devrait pas manquer de séduire les amateurs de Black / Thrash habité.
| AxGxB 14 Janvier 2025 - 407 lectures |
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