Blasphemous - To Lay Siege And Conquer
Chronique
Blasphemous To Lay Siege And Conquer
Malgré plus de vingt ans à arpenter l’underground crasseux des Etats-Unis on ne peut pas dire que le nom de BLASPHEMOUS y soit particulièrement connu, du fait notamment d'une productivité toute relative. En effet s’il a toujours laissé le temps entre chacune de ses sorties il publie néanmoins aujourd’hui son quatrième album, toujours porté par l’inamovible chanteur (et dernier membre originel) Ron Kaiser qui tient à bout de bras son bébé malgré les coups durs et les mouvements incessants de musiciens à ses côtés. Tout cela a en effet conduit celui-ci à arrêter les frais en 2013 pour mieux revenir trois années plus tard avec une toute nouvelle équipe, et surtout une vision musicale plus affirmée et professionnelle qui lorgne largement vers la Suède. Car proposant désormais un Black/Death inspiré fortement par DISSECTION et WATAIN le quintet livre un opus froid et direct qui ne dépasse pas la demi-heure... tout ça sans interludes ou autres fantaisies inutiles, vu qu’ici on a sept morceaux taillés à la serpe et menés tambour battant où une certaine mélodie et quelques passages rampants viennent égayer la noirceur ambiante et la neige qui la recouvre.
Tout cela va être mis en valeur d’entrée via le glacial et désertique « To Lay Siege And Conquer » qui nous gratifie en guise d’ouverture de longs arpèges à la fois cosmiques et désespérés à la reverb’ inspirée, qui servent de montée en pression avant l’arrivée des parties plus violentes où l’ensemble des tempos se mêlent en bonne intelligence. Offrant ainsi autant de la virulence débridée que des moments épiques et guerriers cette première composition donne le ton de ce qui va suivre, car le reste à venir va être du même acabit et au rendu homogène... que les choses se fassent plus brutales comme plus lourdes. Preuve en est l’agressif et sans concessions « Son Of The Forsaken » aux riffs coupants qui sentent ceux du regretté Jon Nödtveidt et où l’ensemble mise majoritairement sur la vitesse comme le débridage intense, montrant que même dans cette facette radicale le combo reste cohérent sans jamais lasser... aidé en cela par une durée de chacun des titres qui ne s’éternise nullement en longueur. Si « Spiritual Enslavement » va miser lui aussi sur le rendu le plus cru et guerrier (aidé en cela par la production organique parfaitement adaptée) qui tabasse fort sans véritablement ralentir l’allure, « Martyr Complex » va au contraire lever le pied en proposant des accents Heavy du plus bel effet et où l’on se surprend à marcher dans la neige d’un pas lourd tout en gardant ce ressenti combattif, cela étant complété par une grosse variété rythmique où tout le panel de jeu est de sortie. Là encore le résultat est impeccable et fait mouche instantanément vu que la force de cette galette est d’immédiatement happer l’auditeur par son écriture fluide et accrocheuse, vu que ça ne part jamais dans l’excès technique outrancier... à l’instar du rampant et massif « Dead And Still ». Si l’explosivité n’est pas oubliée c’est bel et bien la facette la plus écrasante de l’entité qui se dévoile (en tirant carrément vers le Doom le plus opaque), et elle y parvient aisément tant on est pris par les gelures et l’humidité en essayant de se tirer de là par n’importe par quel moyen tout en ayant nettement l’envie de secouer la tête sans aucune lassitude ni redondance.
Et si cette inspiration suédoise était ici encore plus marquée qu’auparavant « Curse Of The Witchchrist » va nous emmener fortement vers Erik Danielsson et ses compagnons de route, tant la chaleur des enfers se montre plus conséquente en jouant habilement sur les contrastes rapides comme à fond la caisse d’un côté et les passages plus atmosphériques de l’autre. Du coup « Neverborn » va reprendre un condensé de tout ce qu’on a entendu (en y rajoutant aussi un soupçon de mélodie pour aérer l’ensemble) afin de terminer dignement ce long-format très réussi et dont on aurait bien aimé qu’il dure un chouia supplémentaire, vu qu’une ou deux plages de plus n’auraient pas été de refus. Cependant force est de reconnaître que cela est positif car on n’a jamais le sentiment de s’ennuyer ou de voir poindre de la linéarité, tant ça défile tranquillement sans difficultés majeures... et sous son classicisme affirmé cette galette a suffisamment d’éléments positifs pour qu’on y revienne régulièrement... même si ça ne sera jamais un incontournable du style. Mais ce point de détail n’est finalement pas si important vu que malgré l’impression récurrente que ça repique des riffs et plans à gauche comme à droite le rendu est impeccable, et nul doute en tout cas qu’avec cette sortie les Américains ont enfin passé un cap qui va leur apporter de la lumière comme de la reconnaissance. On espère vivement cela car ça serait mérité vu la persévérance dont ils ont fait preuve malgré les galères, et cela mérite d’être chaleureusement salué et récompensé comme il se doit.
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