Jusqu’à
Into Dust, 16 nous avait offert des disques cultes (la triplette
Zoloft Smile ;
Blaze of Incompetence ;
Drop Out), des disques à la hauteur de sa renommée (
Lifespan of a Moth) et même quelques disques aventureux montrant la capacité du groupe à remettre en question son identité (
Bridges to Burn ;
Dream Squasher ; les débuts fortement noise rock de
Curves That Kick)… Mais jamais de disque raté.
C’est chose faite. « Enfin ? » Franchement, je m’en serais bien passé. 16 avait l’air de prendre une voie pleine de promesses avec
Dream Squasher, agrémentant son sludge de bagnard d’une mélancolie rude lui allant bien, une direction plus mélodique mais qui apportait une touche de sensibilité de vieux à ses envies de bataille.
Into Dust persiste, signe, mais laisse penser que le contrat d’embauche aurait dû contenir une période d’essai. Verre à moitié plein : il y a toujours un moment qui accroche l’oreille sur les onze premiers titres de l’album, un riff qui a la saveur d’antan (« Lane Splitter » ou « Dirt in Your Mouth »), une transition particulièrement sauvage (« Null and Eternal Void » et son break au bord de la mosh part, court mais marquant) et même quelques bonnes intentions d’évolution. Verre à moitié vide : les dites intentions tombent comme un cheveux dans la soupe, cf. ces soli heavy metal absurdes présents sur « Ash in the Hourglass » et « The Floor Wins ». Pire, on sent un désir d’accrocher les masses avec un stoner/rock inoffensif filant droit plus d’une fois (« Scrape The Rocks » ; « The Floor Wins » ; « Dressed Up to Get Messed Up »). Argh !
Où est passé l’art du croc-en-jambe dont se servait la bande autrefois pour faire plier le genou ? Certainement pas dans ce chant qui s’essaye au refrain avec peu de succès (ni bon, ni mauvais, juste plat). Bobby Ferry laissait pourtant penser qu’il était prêt à reprendre le flambeau d’un Cris Jerue parti à la retraite sur
Dream Squasher, au point de ne plus savoir qui tenait le micro par moments. Il essaye d’imposer son style sur
Into Dust, un style qui a la bonne tessiture (autant à l’aise dans le glaireux que la clarté) mais manque clairement d’aplomb. La bande a beau changer régulièrement de tempos, voire d’ambiances, elle donne l’impression de filer droit vers nulle part, les morceaux engageants ouvrant l’album (« Misfortune Teller », seul titre à la mesure de ce que l’on peut attendre d’un groupe comme 16) laissant rapidement place à un défilé d’idées mal agencées et donc peu percutantes.
« Born on a Barstool », terminant l’album avec un jazz lounge coupé au rock bourru, finit de décevoir. Si
Into Dust est le papillon que la chrysalide
Dream Squasher préparait, il est bien terne, souhaitant taper fort à coup de refrains et riffs simples mais oubliant le sel du sludge coupé au noise rock avec lequel 16 accentuait la douleur de ses plaies. Je n’ai rien contre l’évolution mais quand celle-ci a plusieurs années de retard, donne l’impression d’avoir allumé la radio sur une station américaine de rock « bar à papas », je ne peux faire qu’une moue dubitative.
Guides For The Misguided, prochain album prévu pour cette année, dira si l’on a là une simple erreur de parcours ou la perte d’un groupe cher. Je croise les doigts.
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