Si les pérégrinations de Shrieking Demons se sont faites un temps sous la forme d’un trio, les effectifs du groupe se sont depuis quelque peu étoffés avec l’arrivée de deux nouveaux musiciens dans le but de soulager Giorgio Trombino dont les mains étaient jusque-là pas mal occupées (et au passage permettre au groupe d’assurer à l’avenir quelques dates de concerts avec un petit peu moins de contraintes). Désormais épaulé par une dénommée Valentina venue lui prêter mains fortes en tant que seconde guitariste, l’Italien a également délaissé sa basse au profit d’un certain Nino. Un effectif revu et corrigé qui, près de quatre ans après un très bon
Diabolical Regurgitations, signe en ce mois de janvier 2025 la sortie d’un premier album intitulé
The Festering Dwellers.
Pour ce premier longue-durée composé de dix nouveaux morceaux, Shrieking Demons a trouvé cette fois-ci refuge sur le sympathique label indien Transcending Obscurity Records. Une collaboration nouvelle qui s’accompagne d’une très chouette illustration signée de leur compatriote Roberto Toderico. Un nom qui ne vous dit peut-être pas grand chose mais à qui l’on doit déjà quelques travaux pour d’autres formations bien connues telles qu’Asphyx (
Necroceros), Demonomancy (
Rites Of Barbaric Demons), Sadistic Intent (
Invocations Of The Death-Ridden ) ou bien encore Severe Torture (
Fisting The Sockets). À cette occasion, l’artiste originaire de Naples et chanteur du groupe Mauled signe une illustration peut-être pas très originale mais qui a au moins le mérite d’attraper le regard et de pousser les badauds curieux à la découverte.
Sans grande surprise ni originalité, Shrieking Demons va se contenter de reprendre les choses exactement là où il les avait laissés quatre ans auparavant. Un choix qui ne surprendra certainement pas ceux qui avait au préalable déjà posé leurs oreilles sur le premier EP de ces Italiens puisants l’essentiel de leur inspiration du côté de groupes comme Autopsy, Death ou Possessed. D’ailleurs, qui pourrait bien leur en tenir rigueur lorsque l’on est capable comme ils le sont de reprendre avec autant d’aisance et d’efficacité une formule imaginée et développée par d’autres il y a près de quarante ans ? Certainement pas moi...
De fait,
The Festering Dwellers aligne peu ou prou les mêmes atouts que ceux présentés à l’époque sur
Diabolical Regurgitations. Seule petite différence, une production peut-être un petit peu plus ronde qui, si elle a effectivement perdu un soupçon de son abrasivité d’antan, a su néanmoins conserver ce qu’il faut de caractère et d’aspérité afin de ne pas nuire aux propos de la formation.
Pour le reste et comme évoqué plus haut, ce premier album use des mêmes ingrédients à commencer, outre ce riffing faisandé qui à défaut de révolutionner quoi que ce soit pue toujours autant la crasse et le cadavre en décomposition, par de nombreuses séquences menées bon train à coups de cavalcades thrashisantes toujours aussi redoutables d’efficacité ("Devour My Wicked Soul" à 1:46, les premières mesures tonitruantes de l’excellent "Abstract Hallucinating", "Sorrowful Dismal Bliss" à 2:46, "Nefarious, Scorned Deities I Am Devoted To" à 0:31, "Perennial Dirge" à 0:06 et ainsi de suite jusqu’au dernier titre de ce premier album) et même parfois quelques blasts comme par exemple de manière très brève sur "Nefarious, Scorned Deities I Am Devoted To". Une cadence globalement assez soutenue soulignée également par plusieurs solos chaotico-mélodiques (l’entame en fanfare d'"Abstract Hallucinating", "Sorrowful Dismal Bliss" à 3:46, "Longing For Total Eclipse" à 2:29, "Compromised Brain" à 2:02) qui à leur manière vont effectivement participer à cette impression d’intensité toute relative qui domine à l’écoute de
The Festering Dwellers.
À l’inverse, en grand amateur d’Autopsy, Shrieking Demons prend également un malin plaisir à ralentir la cadence au profit de plusieurs séquences plombées et maladives du plus bel effet. Des accointances Doom extrêmement prononcées qui sont l’occasion pour les Italiens de rendre encore plus probantes ces atmosphères angoissantes et putrides dans lesquelles trempent allègrement ces dix compositions dégoulinantes. Des premiers et derniers instants de "Devour My Wicked Soul" à "Abstract Hallucinating" et ce long passage entamé dès 0:35 à en passant par "Sorrowful Dismal Bliss" qui joue sur les deux premiers tiers la carte de mid-tempos aux sonorités Sludge relativement évidentes, "Longing For Total Eclipse" et "Compromised Brain" et leurs premières secondes à la fois rances et viciées ou bien encore l’essentiel d'"Apostasy, Sodomy And Sacrilege", les Italiens n’hésitent jamais à nuancer leur propos, apportant ainsi ce qu’il faut de contraste à une formule sinon trop simple et redondante pour espérer convaincre sur la durée. Dans un registre un petit peu différent, notons également la présence d’un interlude électro-acoustique ("Garden Of The Headless Dead") positionné à peu près à mi-parcours histoire là encore d’apporter un petit peu d’air (même si celui-ci est pour le coup beaucoup plus respirable) avant de repartir de plus belle.
Si Shrieking Demons aura pris tout son temps pour sortir son premier album (rappelons que les trois membres à l’origine du projet sont tout de même embarqués dans plusieurs autres formations aujourd’hui encore très actives), ce retour aux affaires est une fois de plus couronné d’un franc succès. Évidemment, le groupe n’a pas choisi de se mettre en péril en tentant de sortir des sentiers battus mais peu importe car le résultat s’avère toujours aussi satisfaisant pour qui goûte aux quelques références évoquées auparavant. Entre ce chant qui continue de porter certains des gimmicks utilisés par le père Reifert à ces riffs nauséabonds faisant effectivement écho à certains groupes de la première vague Death Metal en passant par ces accélérations Punk / Thrash foutrement efficaces et à l’inverse ces ralentissements sournois et pesants (autant sur le corps que sur l’esprit), Shrieking Demons aligne les bons points comme tout élève appliqué. Alors effectivement ni moi ni personne n’ira crier au génie mais ce n’est pas pour ça qu’il faudra bouder son plaisir puisqu’à vrai dire
The Festering Dwellers est en effet un premier album rondement mené.
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31/01/2025 09:06