Je ne pensais pas connaître les Français de
FATAL avant de retomber sur la pochette de «
Barbarism » (2007), cette photo de rhinocéros ayant sans doute marqué les esprits de quiconque l’ayant croisée. Total changement de registre concernant celle d’«
Apocalypsis » dont l’imagerie SM démoniaque nous renvoie davantage aux illustrations d’un
BELPHEGOR ou d’un
BEHEMOTH, même si la comparaison s’arrêtera là. Les Normands pratiquent depuis 1997 un
death metal puissant mâtiné de
grind qui plaira probablement aux amateurs de
BENIGHTED dans sa période
« Icon » par exemple, c’est-à-dire plus
death frontal que foncièrement
grindcore.
Il y a cependant dans ce groupe une propension à l’hooliganisme (les chants scandés de « Épuration ») qui n’appartient qu’à elle seule, ainsi qu’un goût pour les solos enlevés,
Damned insufflant juste ce qu’il faut de technique et de mélodie à des morceaux sinon taillés dans des blocs de ciment. À l’image des noms composés d’un seul mot, les neuf pièces n’ont qu’un seul objectif : nous rouler dessus, être précis dans le concis, même si les plus de six minutes du final « Fascination » démontrent que
FATAL n’est pas qu’un simple rassemblement de brutes. Du
groove, oui, des
blasts, oui, du mid tempo écrasant, oui, des plans occasionnellement techniques afin de corser les débats, oui mais, surtout, un chant français vraiment imposant, chose assez rare dans le
death metal ainsi qu’une qualité accrue depuis «
Barbarism ». Inutile d’être un grand mélomane pour entendre qu’entre les deux disques, les mecs ne se sont pas tirés sur l’élastique car la précision instrumentale est indiscutable, la cerise étant cette production à la fois claire et puissante, certes au rendu très moderne sans être pour autant dénuée de personnalité.
Ils sont peut-être peu nombreux ceux qui attendaient un retour de
FATAL, ils seront d’autant plus heureux que c’est probablement ce qu’a écrit de mieux le groupe à ce jour. Quant aux néophytes qui apprécient la violence clinique sans pour autant cracher sur de beaux moments de guitares, bah ils peuvent déjà commencer 2025 avec ça dans les feuilles, ce sera toujours meilleur qu’un coup de pied au cul. En effet, difficile de résister à la rythmique hachoir en introduction de « Vivant » par exemple même si, me concernant, je suis surtout enthousiasmé par la qualité des paroles qui abordent différents thèmes (du moins, c’est que je déduis de ma lecture) : enfants martyres (« Dévoration »), décadence de l’homme (« Épuration »), scatophilie ou luxure (« Extravagance »), gloutonnerie (« Appétence »), pédophilie (« Abjection »)… Autant de sujets sérieux traités avec intelligence, un choix de mots intéressants, parfois rares, parfois crus, qui apportent un éclairage différent à la musique : sans l’intellectualiser, la parole lui confère une profondeur supplémentaire. C’est somme toute assez rare que ce qui m’amène à particulièrement apprécier un album, ce soient les textes.
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22/01/2025 21:14