Reekmind - Mired In The Reek Of Doom
Chronique
Reekmind Mired In The Reek Of Doom
J’allais débuter cette chronique en vous disant qu’à l’heure où j’écrivais ces lignes, Reekmind n’avait toujours pas de page à son nom sur Metal Archives. Sauf qu’un petit malin a finalement décidé de s’y coller aujourd’hui (vendredi 7 mars) faisant ainsi tomber à l’eau mes plans et m’obligeant à revoir ma copie. Alors non, rien de grave, mais quand même...
Jeune formation australienne originaire de Sydney, Reekmind est la réunion de trois amis : Dane Ottesen au chant, Nicholas Cruz à la guitare et Brenton Petrov à la basse. Pour enregistrer ce premier album intitulé Mired In The Reek Of Grief, le trio a fait appel à un batteur de session en la personne de Brayden Becher (Ghostsmoker, Holyserpent, KVLL...). La production tout à fait impeccable est quant à elle le fruit de Lewis Noke-Edwards (enregistrement), Greg Chandler (mixage) et Dan Lowndes (mastering). Si le premier ne vous dit probablement rien, les deux autres devraient par contre évoquer chez vous l’amour du travail bien fait et par la même occasion vous pousser, au moins en partie, à jeter une oreille curieuse à ce groupe dont il s’agit de la première véritable sortie (omission sciemment faite de deux singles parus en janvier et février dernier et que l’on retrouve évidemment ici). Enfin, pour l’accompagner dans la parution de son premier album, le groupe australien est épaulé par le label Night Terrors Records, petite structure néerlandaise de bonne réputation puisque celle-ci héberge ou a hébergé des groupes tels que Claustrum, Putridarium, Atavistic Decay, Pissrot ou Miasmic Serum.
Disponible uniquement en vinyle et en cassette (en tout cas pour le moment), Mired In The Reek Of Grief compte cinq morceaux (dont une introduction de plus de trois minutes) pour une durée d’un petit peu plus de trente-huit minutes. Sans trop vous triturer l’esprit, vous aurez certainement vite compris que l’on a affaire ici à un groupe qui aime prendre son temps et étirer ses compositions sur des formats relativement allongés (entre sept et onze minutes dans le cas présent). En effet, c’est au son d’un Death / Doom rampant que Reekmind fait son apparition cette année avec l’envie non pas de révolutionner quoi que ce soit mais tout simplement d’apporter sa modeste contribution à un genre qui n’a de toute façon que peu de surprises à offrir. Aussi Mired In The Reek Of Grief va ainsi se contenter de reprendre à son compte tous les poncifs du genre en faisant fi bien évidemment de toute notion d’originalité.
De fait, impossible de ne pas user d’adjectifs tels que "pesant", "écrasant", "rampant", "suffocant", "processionnaire", "vicieux" ou bien encore "moribond" afin de qualifier la musique de nos trois Australiens. Une musique lente où les riffs sinistres de Nicholas Cruz pèsent effectivement une tonne, où la batterie de Brayden Becher est également à l’économie avec ses frappes mesurées, où la basse de Brenton Petrov, plus discrète, tapisse l’arrière-plan de ces fréquences basses saturées et où le chant de Dane Ottesen contribue largement à l’instauration d’atmosphères vicieuses et dérangeantes. D’ailleurs, ce dernier point est assurément l’une des bonnes surprises de ce premier album (en plus de compositions habilement ficelées et convaincantes). En effet, en optant pour un growl plus arraché que profond, l’Australien vient faire écho à la voix d’Isabell Nadia Plunkett des excellents Ossuary dans ce qu’elle peut transmettre de plus malsain et de plus pernicieux. Un choix qui change un petit peu de ces sempiternelles voix d’outre-tombe un brin monolithiques que l’on peut entendre dans le genre et qui, on l’a vu, confère une aura bien plus sadique et mauvaise à la musique de Reekmind.
Comme souvent, ce premier album est nuancé par quelques séquences un petit peu plus rapides et dynamiques. Des points de contrastes qui permettent de secouer l’auditeur et le sortir d’une certaine torpeur induite par ces longs passages beaucoup plus lancinants. C’est le cas sur "Wading In A Body Of Death" à 3:14 et 4:30, "Cavernous Creeper" à 4:55 et cela de manière très progressive ou "A Lingering Mephitic Fog" à 6:53 où pour le coup les choses se corsent de manière beaucoup plus significative. Certes, on est loin des saillies particulièrement soutenues que l’on peut entendre chez des groupes comme diSEMBOWLMENT, Spectral Voice ou Mortiferum mais il n’empêche qu’on saura apprécier à leur juste valeur ces quelques incartades plus rythmées.
En conclusion, si on a déjà entendu plus original que Reekmind, le fait est que les trois Australiens proposent avec Mired In The Reek Of Grief un premier album sacrément engageant qui ne souffre d’aucun véritable défaut. À vrai dire, le groupe originaire de Sydney parvient même à tirer son épingle du jeu grâce à Dane Ottesen dont le chant plus personnel et moins stéréotypé (bien qu’il louche largement du côté de celui d’Ossuary) n’est pas sans apporter un soupçon de personnalité et de "fraîcheur" plutôt bienvenu dans un genre que l’on sait pourtant extrêmement balisé. Bref, si vous n’en avez pas encore marre de tous ces groupes de Death / Doom faisandés qui pullulent depuis maintenant une petite dizaine d’années, je vous invite à vous pencher sérieusement sur le cas de Reekmind dont le premier album est, vous l’aurez compris, une réussite à tous les niveaux.
| AxGxB 10 Mars 2025 - 402 lectures |
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | Effectivement c'est très bon tout ça, rien de révolutionnaire mais très bien foutu à la fois gras et rampant mais jamais lassant vu que ça sait habilement varier les tempos quand il le faut. Hormis quelques petites longues évitables pour le reste c'est réussi et très prometteur pour la suite ! |
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1 COMMENTAIRE(S)
10/03/2025 15:03