Ben alors les gars, on se jette sur la dernière création d’un groupe qui n’a plus rien de nouveau à dire depuis longtemps et on oublie de chroniquer les classiques ? Personne pour combler les trous et parler de
Autumn Aurora ?
J’avoue, moi-même j’ai longtemps repoussé l’échéance, trouvant toujours une excuse, la plus courante étant « je ne suis pas dans la bonne saison pour en parler ». Mais là, j’ai de la chance, l’hiver dans le sud ressemble à un automne ailleurs, il fait froid, ça drache, le brouillard matinal se transforme en nuages grisant le ciel et l’ambré prend sa place dans la nature. Du coup, c’est pile-poil pour aborder ce second album de Drudkh qui, quelque part, est le premier. C’est ici qu’on retrouve la mélancolie qui guidera ses meilleures œuvres ; c’est ici qu’on retrouve ce folklore si bien approprié ; c’est ici qu’on retrouve ce black metal naturaliste et nostalgique, pleinement romantique, alors que
Forgotten Legends conserve encore aujourd’hui des airs d’album-concept.
Les sanglots longs des guitares de l’automne qui blessent le cœur d’une langueur monotone sont palpables dès ce trio, désormais classique, ouvrant l’album. « Fading », « Summoning The Rain » et « Glare of Autumn » s’écoutent en effet comme un seul bloc, fluide et chapitré, faisant le lien entre l’influence de Burzum marquant fortement
Forgotten Legends et un style qui, bien que j’aime le définir comme « ukrainien » (on excusera l’essentialisme ; après tout, ils le sont eux-mêmes…), n’est propre qu’à Drudkh. La suite ne donne pas tort, à commencer par « Sunwheel », canevas d’autres titres dansant et virevoltant qu’aimera continuer à composer la formation, ainsi que « Wind of the Night Forests », morceau prenant de la hauteur et survolant les forêts dorées, l’émotion lui étreignant la poitrine.
À y réfléchir, ce que le groupe cherche à répéter depuis tant d’albums, sans jamais parvenir à atteindre de nouveau ce niveau de simplicité et de majesté, est présent sur
Autumn Aurora. Clairement atmosphérique, collant toujours à une intention d’évoquer l’automne de façon quasi-picturale – il y a la sensation de contempler des tableaux de maîtres de la première moitié du XIXème siècle sur cet album, comme du Caspar David Friedrich perdu en terre slave –, il n’en est pas moins varié, entre évocation d’une nature dépouillée (« Fading » ; « Glare of Autumn » ; « The First Snow ») et sentimentalité proprement humaine, celle qui naît de la sensation de grandeur qu’il y a à fuir la compagnie des hommes.
Pour tout émotif qu’il est, indéniablement sensible,
Autumn Aurora n’en reste pas moins d’une misanthropie bien black metal. Il se concentre sur l’étape d’après, la détestation laissant place à une fuite au sein de la nature, à la recherche de la solitude et la tranquillité qui y règnent. Les quelques attaques (le début de « Wind of the Night Forests ») se vivent avec une forme de sérénité, comme une contemplation du grand cycle des saisons, présenté de l’automne jusqu’à l’apparition de l’hiver (la beauté glacée de « The First Snow »). Mais cette voix qui se rêve pluie (« Summoning the Rain ») ou nuit enveloppant la ciel (« Wind of the Night Forests ») ne laisse aucun doute sur la haine des autres qui est la source de cette esquisse d’une faune où l’homme n’a jamais mis les pieds.
Il est bien compliqué de chroniquer ce disque sans tomber dans des poncifs. On ne peut que parler de mélancolie, averse, terre boueuse et dernière variation de couleurs des feuilles avant leur mort. C’est que
Autumn Aurora est d’une clarté totale dans son propos, qu’il cherche à retranscrire musicalement de la manière la plus juste qui soit. C’est de toute façon ce qui faisait la beauté du Drudkh des grandes heures : une capacité à coller au plus près des idées fortes qu’il souhaitait mettre en musique. À cette époque, la qualité de ses créations était constante et relevait d’un attrait subjectif plus que d’une réelle supériorité de l’une sur l’autre. S’il est déjà ardu d’exprimer en quoi ce disque réussit mieux que la plupart son image d’Épinal sur un sujet maintes fois traité, le départager d’œuvres aussi définitives dans leurs ambiances que
Forgotten Legends ou
Blood in Our Wells – qui conservent ma préférence – se révèle également difficile.
Je comprends que vous n’en ayez pas parlé, les collègues. C’est vraiment un exercice plus complexe qu’il n’y paraît.
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