Quelque peu perdu de vue depuis la sortie en 2019 d’
Immense Thickening Vomit, première démo absolument pas originale pour un sou mais diablement goûtue pour quiconque aime son Death Metal baveux, croustillant et dégoulinant, je me suis surpris à me rappeler à plusieurs reprises l’existence de Mephitic Corpse au détour de quelques évocations indirectes, notamment par le biais de Michael Foster, qui en plus d’avoir participé à la production de quelques albums de Brutal Death récent évoqués ici-bas (Submerged, Necrotic Infibulation et Regurgitated Entrails…) est également chanteur et bassiste au sein de Necropsy Odor en compagnie de Matt Rose, lui-même chanteur et guitariste chez Mephitic Corpse... Une association d’idée plutôt bienvenue puisque le groupe californien signe en ce mois de février 2025 son grand retour avec la sortie presque inattendue (oui, "presque" car le groupe a tout de même sorti l’année dernière sur Headsplit Records une cassette limitée à 50 exemplaires sur laquelle figure deux des onze compositions dont il va être question ici) de son premier album. Un disque intitulé
Sickness Attracts Sickness qui vient tout juste de paraître sur Extremely Rotten Productions, Headsplit Records et 625 Thrashcore.
Le plus étant l’ennemi du bien, les trois garçons derrière Mephitic Corpse n’ont jamais cherché à faire trop d’efforts en matière d’identité visuelle. Il suffit de jeter un coup d’oeil à ce qui sert d’illustration à
Immense Thickening Vomit pour se rendre compte que le groupe s’est toujours limité au strict minimum. Une vision simple, approximative et dépouillée qui après tout sied plutôt bien à ce genre de Death Metal. Pour ce premier album et même s’il y a effectivement un petit peu plus de choses à se mettre sous les yeux, on ne peut pas dire que les Californiens aient une fois de plus choisi d’investir sur le sujet. D’ailleurs, c’est à Matt Rose que l’on doit cette « oeuvre » naïve, aux perspectives étranges et aux teintes relativement uniformes. Une réalisation qui a le mérite d’être claire sur les intentions du groupe mais qui devrait tout de même en tenir quelques-uns à bonne distance...
Enregistré et mixé une fois de plus par Ethan Camp (Caustic Wound, Mortiferum, Purulency, Warp Chamber...) puis passé ensuite entre les mains expertes de monsieur Dan Lowndes,
Sickness Attracts Sickness se distingue (enfin façon de parler) par une production particulièrement cradingue qui bien évidemment n’est pas le fruit du hasard. Fidèle à une certaine idée du Death Metal, les Américains ont fait le choix d’une production particulièrement primitive qui correspond bien davantage à l’idée que l’on peut se faire du son d’une obscure démo des années 90 que d’un album enregistré avec bien plus de moyens trente ans plus tard... Un parti-pris qui certes colle parfaitement bien à l’image qu’entretient Mephitic Corpse depuis son apparition en 2018 mais qui risque de faire grincer quelques dents puisqu’entre cette saturation permanente, ce souffle discret mais continu, ce manque de puissance ou bien encore ces instruments dépouillés au rendu volontairement diffus, on a vraiment le sentiment d’écouter Mephitic Corpse répéter les titres de ce nouvel album depuis une pièce située plus ou moins à côté. Ne pouvant définitivement pas plaire à tout le monde, le groupe a donc choisi d’y aller franco et je dois dire que cela lui réussit plutôt bien puisque passé effectivement l’effet de surprise qui persiste tout de même après quelques écoutes (et qui d’ailleurs oblige à augmenter le son de votre appareil), je dois bien reconnaitre que je me régale de cette production juteuse.
À l’image de cette illustration sanguinolente et de cette production particulièrement sommaire et cradingue, le Death Metal de Mephitic Corpse n’est d’aucune finesse ni subtilité. Le trio déroule en effet tout au long de cette petite demi-heure une musique extrêmement primitive partagée entre petites accélérations thrashisantes simples mais toujours aussi efficaces et entrainantes ("Heart In Tinfoil" à 1:05), séquences beaucoup plus nombreuses et soutenues menées à coup de blasts mitraillette avec cette caisse claire qui va bien ("Obsessive Compulsive Dismember" à 1:58, "Blistering Red Corpse Under Max Thermostat" à 0:03 et 1:04, "Intrusive Thoughts Lead To Impatient Butchering" à 1:04, "Teething On Clots" à 0:51 et j’en passe…), passages nettement plus lourdingues et écrasants ("Blistering Red Corpse Under Max Thermostat" à 0:12, "Screwgun My Spleen" à 1:17, "Teething On Clots" à 1:40, "Digested From Both Ends" à 0:21...) et enfin moments plus chaloupés au groove putride et baveux ("Obsessive Compulsive Dismember" à 0:41, "Grisly Vomit On Self" à 0:54, « Screwgun My Spleen » à 0:20, "Intrusive Thoughts Lead To Impatient Butchering" à 0:34 et 1:51, etc)... Une formule qui n’a évidemment rien de neuf à offrir et qui puise l’essentiel de son inspiration du côté de la côte Est des Etats-Unis au début / milieu des années 90 (Mortician, Grotesque Infection, Gutted Pulp, Carnal Dissection, Disgorged...). À cela il convient d’ajouter également un riffing croustillant tout aussi rudimentaire ainsi qu’un growl glaireux et linéaire qui souligne encore un petit peu plus le caractère résolument simiesque de ce Death Metal de babouins primitifs.
Particulièrement régressif, le Death Metal de Mephitic Corpse n’est clairement pas destiné aux oreilles les plus chastes qui ne manqueront pas de dénigrer la musique du trio américain pour tout un tas de raisons qui à vrai dire pourraient presque être tout à fait valables. De cette production cradingue à cette musique rétrograde et rudimentaire en passant par une interprétation qui souvent peut paraître bancale, il faut en effet pouvoir s’acoquiner de plein d’éléments souvent jugés rédhibitoires pour apprécier la musique de Mephitic Corpse à sa juste valeur. Une chose est certaine, les Américains ont poussé le délire encore un petit peu plus loin sur ce premier album quitte à laisser quelques auditeurs sur le bas côté. Pour tous les autres, c’est-à-dire tous ceux qui se délectent de ce genre de Death Metal de fond de cuves,
Sickness Attracts Sickness est un disque qui conjugue tous les vices possibles. Un disque destiné définitivement aux oreilles averties.
Par Keyser
Par Keyser
Par Sosthène
Par Sosthène
Par Ikea
Par Jean-Clint
Par Jean-Clint
Par Niktareum
Par Keyser
Par Lestat
Par Keyser
Par Niktareum
Par Lestat
Par Sosthène
Par Keyser
Par Jean-Clint
Par Keyser
Par Jean-Clint