Je vous avais quitté fin décembre avec l’album de Scumbags, excellente pioche du label France Black Death Grind. Il semblerait que nos amis franc-comtois aient le nez creux puisqu’on se retrouve une nouvelle sous la bannière FBDG en ce début d’année avec le premier effort de Stabwound. Pour être honnête, je n’ai pas tout de suite tilté sur le nom mais vu que je vérifie systématiquement notre base de donnée, j’ai donc réalisé que les Rouennais étaient déjà présents en nos pages. Pire ! Leur premier EP
« III - Ritual », sorti en 2013, avait été chroniqué à l’époque par mes soins ! Tout cela ne nous rajeunit guère… Bon on ne peut évidemment pas se souvenir de tout, qui plus est lorsqu'il y a un quasi silence radio pendant plus d'une décennie (le "quasi" valant pour ce single "Devoured" sorti en 2016 et passé totalement à côté des radars).
Finalement c'est un peu comme recroiser par hasard une ex dans un bar plus de dix ans après et se demander ce qu'elle est devenue. D'autant plus lorsque la rupture s'est faite sans animosité puisqu'en ce qui concerne Stabwound je terminais la chronique de l'EP ainsi :
"S’il est entendu que Stabwound avec ce modeste EP ne bouleversera pas la hiérarchie établie, force est de reconnaître que, dans la frange du style qui est la sienne, il parvient à convaincre sans aucun problème. S’il sera peut-être nécessaire que le groupe affine son propos en vue d’un éventuel full length afin de convaincre sur la durée ceux qui trouveraient le mid-tempo et le groove quelque peu lassant (pourquoi pas plus de blasts ?), il n’empêche que « III – Ritual » est un EP très convaincant et prometteur nous présentant un groupe sûr de son fait et dont la science du groove m’a totalement séduit. J’attends la suite avec impatience !". Franchement je suis totalement d’accord avec moi et encore plus une fois l’EP en question repassé dans mes oreilles.
Alors Stab, qu'est-ce que tu es devenu depuis tout ce temps ? Évidemment dans l'intervalle on a tous été voir ailleurs, les ex ont des ex... et vous les Normands vous avez des ex-membres (pas de mauvais jeu de mots là-dessus...) ? Ben en fait pas tant que ça : c'est assez rare pour être souligné, le line-up de base est resté le même, on y a simplement adjoint Antoine Majora à la deuxième six-cordes (lead). Du coup on a tous pris dix ans mais finalement on n'a pas beaucoup changé ! Et non, force est de reconnaître que "As Humanity Dies" reprend grosso modo les choses là où
"III - Ritual" les avait laissées. Pour m’autociter une nouvelle fois (oui je suis flemme ce soir) je disais en 2014 que
« Le but des Normands n’est pas de jouer à qui pisse le plus loin mais de décliner un death aux influences assez classiques et délivrant surtout une dose de groove non négligeable. » Et je suis de nouveau complètement d’accord avec moi. « As Humanity Dies » en suite on ne peut plus logique de l’EP vient vous tartiner une bonne couche de death résolument old school (on pense à Obituary, Malevolent Creation, Benediction…) et suintant d’un groove grassouillet éminemment accrocheur (là c’est plutôt un Blood Red Throne ou Guts qui me viendraient en tête) avec de gros penchants thrashy pour un rendu final qui pourrait même parfois faire penser à du Machine Head (les dernières secondes de « Thorns » qu’on croirait toute droit sortie de « Burn My Eyes »). Au-delà d ce cahier des charges aussi simple qu’efficace, le quintette affinera son propos à l’aide notamment de nappes de synthé plutôt pertinents pour venir tisser une ambiance plus dark aux côtés de ces influences lorgnant vers le doom-death pour les passages plus lents et dégoulinants comme sur le titre éponyme par exemple. Quelques leads, un growl bien gras, une prod en béton et emballez c’est pesé, vous obtenez un premier full-length aux petits oignons pour qui aiment le death metal puant le groove (si votre truc c’est le blast à toutes les sauces vous pouvez passer votre chemin).
Alors « As Humanity Dies » serait un album sans aucune faiblesse ? Bien sûr que non, soyons tout de même un brin critique. Comme je le disais juste au-dessus le style ne plairait pas à tout le monde, d’aucuns trouveront le rendu trop pépère voire mou du genou, bon après tout est une question de goût. Non finalement le principal défaut de ce premier longue-durée c’est certainement justement… sa durée. Oui, même en étant acquis à la cause du groupe dont le groove me donne une envie irrépressible de me briser la nuque ou de twerker autour de ma table basse, on pourra parfois perdre un peu le fil d’un album qui s’étire un peu trop en longueur (près de cinquante-et-une minutes quand même !). Il aurait mérité une ou deux coupes franches pour réduire la durée totale de dix bonnes minutes, gagner en efficacité et on était parfait.
Hormis ce petit défaut qui relèverait presque du détail, vous l’avez compris j’ai pris mon pied à l’écoute de ce « As Humanity Dies » qui confirme tardivement (!!) mais sûrement tout ce que
« III - Ritual » avait laissé entrevoir comme potentiel. Effectivement France, Black, Death, Grind a encore une fois eu le nez creux et peut s’enorgueillir, tout comme Stabwound évidemment, d’avoir balancé là un sacré parpaing. On espère ne pas avoir à attendre encore dix ans pour écouter la suite…
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10/02/2025 15:41