Wormface - Gore Furnace
Chronique
Wormface Gore Furnace
Projet parallèle de trois des quatre membres d’Anthropophagous (Mike Fagan (chant, basse), Shane Dupuy (guitare) et Steve Kamienski (batterie)), Wormface sort sa toute première démo intitulée A Sound You Can Smell en janvier 2023. Une parution restée confidentielle (malgré un titre plein de promesses) qui aura trouvé à l’époque le chemin de mon ordinateur portable mais que je n’avais jusqu’à ces derniers jours encore jamais écoutée... Il aura fallu en effet une récente publication du label américain Headsplit Records sur Facebook pour que je me décide à m’intéresser enfin à ces trois Américains décidément bourrés de talents.
Gore Furnace est le premier album de la formation évidemment originaire elle-aussi de Montague dans le Massachusetts. Paru le 31 janvier dernier, celui-ci a bénéficié d’un premier pressage cassette sous les couleurs du label Iron Fortress Records auquel a succédé il y a quelques jours seulement une édition CD cette fois-ci sous la bannière du fameux label de Dylan Laviolette (Cemetery Lust, Hacksaw, Hemorrhoid, Nekro Drunkz...). Alors qu’est-ce qui cette fois-ci m’a poussé à jeter sérieusement mon dévolu sur Wormface ? Eh bien cette illustration pardi ! D’ailleurs à qui la doit-on ? Eh bien à Mike Fagan lui-même qui signe pour l’occasion une œuvre pleine de boyaux, d’épines dorsales, de liquide jaunâtre et de petites têtes de diablotins fort sympathiques. Une œuvre qui, si elle se suffit à elle-même, est néanmoins habilement rehaussée par cet excellent logo tribal qui en plus d’attirer lui aussi le regard propose également quelque chose d’un petit peu différent de ce qu’on a l’habitude de voir chez d’autres formations du même genre.
Car pour le reste, on ne peut pas dire que Wormface fasse preuve d’une quelconque originalité tout au long de cette petite demi-heure. Je m’y attendais, vous vous y attendiez, nous nous y attendions tous aussi inutile de jouer les rabat-joie comme si c’est ce que l’on pouvait encore attendre de la part d’un groupe de Death Metal qui sur la couverture de son premier album s’amuse à y faire figurer ce genre de tripailles.
Servi par une production épaisse et abrasive qui ne cherche pas à en faire des caisses, Gore Furnace n’est pas sans faire écho à un groupe comme Autopsy, notamment pour sa propension à jouer avec la crasse et la merde, le rudimentaire et le lourdingue, le baveux et le dégoulinant. Une formule éprouvée depuis déjà belle lurette mais qui continue de faire ses preuves ici tout au long de ces huit nouvelles compositions effectivement pas originales pour un sou mais si grasses, si primitives et si imprégnées de groove qu’on n’a absolument aucun mal à se laisser séduire si l’on est un tant soit peu client de ce genre de Death Metal de babouin putride et faisandé. Mais si Wormface partage quelques traits communs avec les célèbres californiens, l’approche des deux groupes s’avère tout de même assez différente l’une de l’autre. En effet, il y a chez le groupe de Montague quelque chose de plus pataud (ce groove évoqué précédemment) et de beaucoup moins contrasté puisque les accélérations et autres coups de boutoirs sont ici moins francs et moins marqués. De fait, si la dynamique de ce premier album et du Death Metal de Wormface en général est construit naturellement sur une alternance de passages rythmés au son de toupa-toupa plutôt tranquilles, de passages groovy et de moments plus pesants, on ne peut pas dire que le groupe originaire du Massachusetts soit un véritable foudre de guerre. Une cadence assez peu soutenue (mais qui ne manque absolument pas d’entrain) qui forcément ne conviendra pas à tous ceux qui ne jurent que par le sacro-saint BPM mais qui ne manquera pas de régaler à l’inverse tous ceux qui aiment chalouper et dodeliner tranquillement au son de passages doucement entrainants ("Predator Swamping" à 0:35, "Black Magick Ape Slut" à 0:17 et 0:59, "Savage Lout" à 0:02, "Mocking The Breeders" à 1:55, "Misery Ritual" à 3:28) et d’instants plus chavirés (les premières secondes de "Bludgeoned By Baculum", "Predator Swamping" à 2:31, « Black Magick Ape Slut" à 1:55, "Savage Lout" à 0:25 et 2:04, "Mocking The Breeders" à 0:19 et j’en passe). Bref, rien de bien sorcier dans tout ce que propose ici Wormface qui comme tant d’autres n’a strictement rien inventé mais n’en arrive pas moins à nous régaler le temps de ces vingt-cinq minutes pour le moins rudimentaires et primitives.
Si les Américains manquent donc effectivement d’originalité, il n’y a pourtant aucune raison valable de tirer la tronche à l’écoute de Gore Furnace. De cette production savoureuse avec ces guitares croustillantes, cette basse Punk / Hardcore ultra saturée et cette batterie au naturel à ces accélérations tranquilles mais entrainantes en passant par ce groove de primates en rut et ces quelques ralentissements plus lourdingues, il y a de quoi se réjouir à l’écoute de ces quelques compositions bien baveuses. A cela on pourrait également ajouter ce growl glaireux et particulièrement épais qui participe à rendre l’atmosphère encore un petit peu plus sale (en plus de quelques cris et autres éructations d’agonie), quelques leads et autres solos mélodiques afin d’étoffer l’ensemble ou bien encore cet interlude instrumental (« Power Outage At The City Morgue ») aux sonorités synthétiques évoquant sans surprise une quelconque série B horrifique. Comme toujours, l’appréciation d’un tel disque sera étroitement liée à votre aptitude à vous satisfaire ou non de ces choses qui manquent de fraîcheur, en ce qui me concerne mon appétit pour ce genre de Death Metal toujours aussi peu subtil et limité (dans sa conception, dans sa technique, dans son exécution...) ne faiblit pas et ce n’est pas avec ce genre d’album aussi bien mené que cela risque de changer moi j’vous l’dit !
| AxGxB 26 Février 2025 - 438 lectures |
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3 COMMENTAIRE(S)
citer | Ikea 01/03/2025 10:35 | note: 7.5/10 | Bien cool ça. Merci pour la découverte, l'influence Autopsy avec une touche plus hardcore - tout en restant punk - me parle bien ! Et puis, la pochette quoi. |
citer | AxGxB 26/02/2025 14:40 | note: 8/10 | Sosthène a écrit : L'énergie, le rythme, le son (surtout de la basse) renvoient beaucoup à la scène hardcore aussi j'ai l'impression. Dans tous les cas c'est hyper efficace !
Complètement, c'est flagrant dès les premières notes de basse sur le premier titre d'ailleurs. |
citer | L'énergie, le rythme, le son (surtout de la basse) renvoient beaucoup à la scène hardcore aussi j'ai l'impression. Dans tous les cas c'est hyper efficace ! |
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3 COMMENTAIRE(S)
01/03/2025 10:35
26/02/2025 14:40
Complètement, c'est flagrant dès les premières notes de basse sur le premier titre d'ailleurs.
26/02/2025 14:01