Scorched Earth - The Day Of The Damned
Chronique
Scorched Earth The Day Of The Damned
Parfois en naviguant sur le fil d’actualités de son smartphone on tombe sur des informations surprenantes et découvertes improbables, c’est exactement ce qui s’est passé ici par un beau dimanche matin où est apparu un article sur le Martigues Metal Fest ayant eu lieu le 31 août dernier. Si la commune des Bouches-du-Rhône est plus connue sous son surnom de la "Venise Provençale" et par son équipe de football (qui vient d’ailleurs de retrouver la Ligue 2), elle vient de voir la naissance en son sein d’un tout jeune festival mettant en valeur des formations hexagonales inconnues au bataillon mais dont certaines valent le détour. S’il y avait à boire et à manger pour cette première édition un nom se détachait clairement du reste... celui de SCORCHED EARTH, dont le large spectre d’influences avait de quoi retenir l’attention et dont la musique a effectivement de quoi offrir une belle visibilité au quatuor. Car s’il existe depuis bientôt une décennie il a clairement pris son temps pour chacune de ses sorties, n’offrant qu’une courte Démo et un Ep avant de récemment sortir ce premier album dont le contenu a de quoi plaire au plus grand nombre tant il est largement diversifié. En effet si les membres du combo ont pour point commun l’amour réciproque de la scène américaine chacun d’entre eux en a une vision différente, vu qu’ils lorgnent autant vers les légendes prénommées SUFFOCATION, MORBID ANGEL ou encore DEATH... que vers les MASTODON, REVOCATION et KYUSS aux styles diamétralement opposés. Si ces mélanges pouvaient sur le papier sembler difficilement cohérents les mecs y arrivent néanmoins très bien, offrant trois-quarts d’heure de gros son inspiré par une thématique de fin du monde (où l’apocalypse nucléaire est passée par là), et de la façon dont les survivants s’organisent pour la surmonter... et où musicalement ça se montre aussi bien frontal et old-school que plus technique et moderne.
Jouant donc sur deux tableaux très différents le groupe réussit néanmoins à bien gérer cela en ne tombant jamais dans l’excès de technicité et autre branlette de manche improbable, au profit d’une écriture fluide riche en arrangements mais toujours parfaitement digeste et mémorisable où la noirceur côtoie des instants plus lumineux comme pour annoncer le renouveau. Mais pour ne pas faire fuir trop vite l’auditoire l’entité va commencer par dévoiler son versant le plus rugueux et direct avec notamment le démarrage intitulé « Scorched Earth Part 1 », qui va progressivement monter en pression sur fonds d’une rythmique lente et rampante tel un serpent surveillant sa proie avant de lui bondir dessus. C’est exactement cela qui se passe ici vu qu’une fois arrivé au bout de cette première partie ce morceau va ensuite dévoiler un groove propice au headbanging, avant de totalement exploser entre passages rapides et blasts destructeurs où la graisse suinte régulièrement d’un peu partout sur fonds de rendu légèrement moderne mais naturel. Ce ressenti de la production va d’ailleurs se conforter tout du long de l’écoute, les mecs ayant misé sur un son pas trop rétro mais aussi loin des excès synthétiques actuels qui permettent ainsi de donner une âme aux compositions, une vraie chaleur générale ainsi que de bien entendre chaque note des divers instruments qui permettent ainsi de voir leur niveau technique particulièrement relevé. Nulle surprise donc que « Dead Human Feast » reprenne les mêmes éléments qu’auparavant, tout en y incorporant un peu plus de violence sans y perdre en équilibre et en rajoutant également de la mélodie de par un excellent solo aérien et en total raccord avec le contenu. Cet excellent choix va être d’ailleurs conforté dans la foulée avec le très bon « Flesh Eater » où là encore l’homogénéité est totale sur fond d’alternance régulière et de headbanging permanent, tant ça ne cesse d’accélérer comme de ralentir sans jamais tomber à côté.
Et puis une fois cette triplette impeccable terminée les choses vont gagner en densification avec en premier lieu l’étonnant mais fluide « Necrophiliac Misanthropic Satan Worshipper », où la froideur est poussée à son maximum de par son ambiance spatiale ainsi que via ses arpèges doux en reverb’ d’où émergent des accents Prog’ surprenants sur fond de voyage à la fois cosmique et jazzy... calés entre d’autres passages plus énergiques et massifs où l’électricité se fait plus présente. Si cela peut surprendre de prime abord tout y est parfaitement calculé et en place en ne cherchant jamais à en faire trop, car ça ne tombe jamais à plat vu qu’on n’est pas dans de la démonstration stérile tant ça reste équilibré au niveau de la durée comme du côté des instants éthérés. Ce schéma sans être poussé si loin va cependant continuer sur le tout aussi impeccable « The Day Of The Damned » où tout le côté rapide va être mis de côté au profit d’un groove plus marqué et d’un tempo lourd à souhait, où ça mise autant sur un certain classicisme qu’une vision musicale plus élaborée. Et même si tout ça aurait être facilement raccourci ça reste hyper plaisant et efficace vu que ça conserve en permanence cette cohérence et homogénéité qui font qu’on ne décroche jamais en cours de route, pour un plaisir constant et non dissimulé... ce qui sera aussi le cas du dernier tiers de ce disque qui va revenir à une certaine simplicité, sans pour autant se compromettre dans le primitif éculé.
La preuve avec le direct et rentre-dedans « Ghoul » où ça tabasse fort tout en oscillant régulièrement entre forts ralentissements et accélérations brutales... ainsi qu’en conservant cette envie de secouer fortement la tête, un constat que « Invocation » va partager avec ces longues parties tempétueuses où les deux extrémités rythmiques vont faire des ravages... tout ça avant que « Black Ones » ne vienne encore renforcer cette très bonne impression. Car même si tout ça change rythmiquement en permanence la bande n’en fait là encore jamais trop, jouant ici habilement sur tout son panel pratiqué à foison et où se greffe ici du riffing typiquement Heavy impeccablement exécuté... tout cela avant que les hostilités ne se terminent via l’impeccable et condensé « Scorched Earth Part 2 ». Cette conclusion d’une noirceur imposante se démarque de façon plus marquée en offrant un ressenti suffocant et impénétrable (tant l’opacité y est imposante), à l’instar de la relative simplicité qui s’en dégage afin de lâcher les chevaux une dernière fois... et ainsi confirmer toute la réussite de cet opus qui va demander du temps et de la patience pour être totalement assimilé.
En effet si l’on pouvait craindre légitimement une certaine prétention dans la construction de ce long-format on ne peut que s’incliner devant le talent de ses auteurs, qui réussissent parfaitement cet enregistrement où agressivité et mélodie se mêlent habilement, sans renier l’une sur l’autre. Si tout cela peut sembler glacial et hermétique il s’en dégage néanmoins une vraie chaleur agréable portée par un talent communicatif et une volonté claire d’offrir quelque chose de différent par rapport à la masse concurrentielle actuelle, et de ce point de vue là c’est absolument réussi tant c’est plaisant, apaisant et esthétique. Il faudra donc se mettre dans des conditions optimales pour bien appréhender la bête vu qu’il va falloir garder le cerveau attentif pour y saisir chaque subtilités et notes diverses... même s’il n’y aura pas forcément besoin de le garder actif à 100%, tant on s’accroche facilement à l’ensemble en y trouvant facilement la trame générale de ces trois-quarts d’heure qui passent à vive allure sans aucune faute de goût. Autant dire que les Toulousains placent déjà la barre très haut pour leur passage à l’âge adulte, et avec de l’expérience supplémentaire il est certain que la suite de leurs aventures va être encore meilleure à ce bijou addictif pour lequel il faut absolument poser les deux oreilles dessus. En espérant désormais pour eux une meilleure exposition comme visibilité de la part de la presse comme du public car ils le méritent aisément, tant ils ont une vraie personnalité puissante et originale à faire pâlir nombre de vieux briscards en panne d’idées nouvelles ou en constant recyclage de choses éculées et inintéressantes.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Deathrash.
Par Ikea
Par Sosthène
Par gulo gulo
Par gulo gulo
Par Sosthène
Par Jean-Clint
Par gulo gulo
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par Funky Globe
Par gulo gulo
Par Lestat
Par Ikea
Par Ikea
Par Deathrash.