Si
Metal Archives nous précise que « gozer » est un mot d’argot allemand qui signifierait « dude / bro » (information toujours utile en cas de déplacement sur le territoire germanique), je doute que ce soit ce que les Mâconnais avaient en tête au moment d’adopter le nom de la méchante divinité sumérienne de « Ghostbusters » et en choisissant de s’intéresser à la démonologie. Aussi ai-je un peu de mal à établir le lien avec le titre «
This is Gore »… Il est plutôt trompeur non ? Je m’attendais à un énième concept sanguinolent alors que non,
GOZER nous parle du démoniaque (« Hell on Earth », « 666 », « Lilith », etc.) au travers d’un
death metal certes peu finaud mais qui pourra rappeler les travaux de
NOMED, de
KRISTENDOM ou de
GRAZED, que j’ai souvent appréciés pour leur aspect brut et sans fioritures.
À présent que le décor est planté, qu’en est-il de ces douze compositions ? Je pourrais dire qu’il s’agit d’une pièce d’artisanat sérieuse, robuste, jouée avec application et envie. Bon, ça ne nous amène pas bien loin. Parce qu’il faut reconnaître que le conformisme un brin caricatural du quatuor ne donne pas non plus matière à de longues dissertations : entre la pochette (le combo démon + étoile du chaos), le logo sanguinolent, les titres des chansons, cela sent le réchauffé, défendre le point de vue contraire serait difficile. En revanche, sur un plan strictement musical, il se passe des choses très intéressantes au cours de ces trente-six minutes, à commencer par le chant instinctif de
Guillaume Poncin, encore peu technique voire trop monolithique mais qui dégage une énorme intensité, on entend qu’il est 100% naturel et ça c’est toujours cool.
Ce naturel s’applique d’ailleurs sur l’ensemble de l’instrumentation : pas de couches multiples de guitares, pas de dizaines de pistes par titre, cela confère de l’humanité, de la proximité à un genre parfois gangréné par un trop plein d’effets qui déshumanise complètement l’esprit initial du truc. Là, rien de tout ça. Et comme la formation privilégie un jeu en mid-tempo, à l’image de l’efficace « Resurrection », cela rend tous les instruments bien audibles, l’album gagnant en intensité au fur et à mesure de sa progression. Donc si j’ai pu laisser entendre plus haut que le LP manquait de finesse, il ne faudra pas l’entendre comme imputable à une quelconque faiblesse des musiciens. Le style carré, simple, n’est pas un pis-aller, on sent au contraire qu’il a été décidé avec le plus grand soin et que les morceaux ont été murement réfléchis. Alors certes le rendu sonne davantage guerrier que démoniaque et «
This is Gore » accompagnerait mieux des images de tranchées qu’une cérémonie occulte, ceci étant finalement à mes yeux le défaut principal de l’album : brouiller un peu trop les pistes entre la thématique de la démonologie et une approche du
death digne de celle d’un homme des cavernes, chose qui me va parfaitement au demeurant. Néanmoins, si pour la prochaine sortie,
GOZER pouvait juste travailler sur cette mise en adéquation sans pour autant revoir son positionnement musical, ce serait parfait. L’album reste quoi qu’il en soit une chic découverte et, je l’espère, qu’il marque les débuts d’une prometteuse carrière.
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16/03/2025 10:51