La vraie suite de
III, elle est là. Pas dans un
Middle of Nowhere, Center of Everywhere qui, comme son nom l'indique, se situe nulle part mais dans ce disque qui, port-salut itou, va au-delà de la vision étriquée d'un groupe en roue-libre. C'est toute la mécanique qui s'est libérée cette fois, faisant suivre les mêmes pensées que Lori au sujet de son œuvre, constatant que c'est en créant une musique ne cherchant pas à être du Acid King qu'elle est passée en état de grâce.
Une moto qui fait des nébuleuses ses pit-stops, les étoiles ses diners, l'espace son goudron où voyager sans fin. On connaissait les harangues de cette sirène appelant les statiques à se mettre en route ; la voici désormais à louer la sensualité qu'il y a à aller de plus en plus loin dans les airs, hauteur sans plafond, habillant les astres d'une chaleur caniculaire floutant la vue. Le stoner redevient alors une musique d'exploration intérieure et extérieure, évidemment psychédélique, le rock comme essence, sans carcans apparents. Le départ de Joey Osbourne aurait pu signer la fin de la formation ; il l’a libéré, donnant des ailes à Lori qui développe toute la part sensible de ce son qui allait vers les hauteurs au fur et à mesure de sa discographie.
Il s’agit de lâcher prise nous aussi, de ne pas attendre un retour nostalgique au son de
Busse Woods, très bien en lui-même, seul, à rêver d’être dans ce disque-ci le cerveau alourdit par les substances. Le groupe appelle à briser les attentes dès l’instrumentale « One Light Second Away », aux allures d’introduction mais déjà le début du voyage. La voix de Lori, si délicieuse, apparaît avec parcimonie, servant l’ensemble plutôt que cherchant le premier plan – ce qui ne l’empêche pas de marquer quand elle apparaît comme sur « Mind’s Eye » et le morceau-titre.
Beyond Vision fonctionne comme un jam stellaire, le mouvement en ligne de mire, la destination sans fin, dans une boucle où l’on a envie d’explorer plutôt que chercher un but. Les fins sont toujours tristes ; mieux vaut se lover dans ces leads qui ont des allures de ritournelles (« Mind’s Eye », encore), ces compositions qui fonctionnent comme des signes de l’infini, expérimentations ayant pris forme grâce à la personnalité de leurs auteurs ainsi que la production de Billy Anderson, bien trop rare et ayant, une fois de plus, su habiller parfaitement ce Roi Acide devenu placide.
« Destination Psych » décrète ce dernier. Y a-t-il à chercher ailleurs où emmène
Beyond Vision, qui ne cesse de poser des cairns le long de sa randonnée spatiale ? Montées et descentes (la lourdeur n’est pas totalement absente, cf. cette guitare rythmique granuleuse et impavide), pauses contemplatives et mises en route pour renouveler le plaisir des yeux… Il y a bien quelques instants d’attente dans cette constance à poser des atmosphères plutôt que varier les plaisirs. Les paysages n’ont pas tous la même beauté (« Electro Magnetic » en deçà). L’album paraît aussi manquer d’ampleur par certains côtés, ses caresses ne décidant de passer sous la couette cosmique pour accentuer le plaisir que tardivement. Dédié entièrement aux flux, il s’échappe parfois mais nous retrouve toujours, notamment dans un dernier quart d’heure qui décolle encore plus loin, toujours plus loin.
Beaucoup ont critiqué cet album, évoquant les tables de la loi, le passé érigé en monument.
Beyond Vision fait de la poussière d'étoile des traditionalismes, le bonheur en ligne de mire, fuyant mais déjà présent. Je ne peux qu'en être heureux !
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