Crypts Of Despair - We Belong In The Grave
Chronique
Crypts Of Despair We Belong In The Grave
Désormais habituée à refaire parler d’elle tous les quatre ans la bande de Kaunas était cette fois-ci attendue au tournant après deux premiers albums particulièrement réussis et sombres, et de fait on était curieux de voir si cette bonne dynamique allait continuer... tant on sait que le passage au troisième opus se révèle souvent compliqué. Et bizarrement on avait de quoi être franchement inquiet quand le groupe révéla avoir incorporé à plein temps un nouveau chanteur ayant auparavant fait ses armes dans une formation de... Deathcore, style dont le nouveau logo récemment dévoilé par le désormais quintet s’inspire très largement. Du coup tous les signaux étaient au rouge vu qu’on pouvait légitimement croire que la formation allait désormais nous balancer des éléments modernes infâmes, et mettre ainsi de côté les ingrédients particulièrement opaques et dégoulinants qui marquaient ses précédentes réalisations. Et hélas c’est effectivement qui va se produire ici et de manière tellement éhontée que l’on a énormément de mal à croire qu’il s’agisse du même combo, vu qu’on a la sensation d’être en train d’écouter une des innombrables signatures sans âme du catalogue de chez Unique Leader. Du coup il aurait clairement mieux valu que les gars repartent sur un nouveau projet à la dénomination bien spécifique plutôt que de vouloir conserver la même, tant ce virage musical à 180° va être absolument douloureux pour tout le monde.
Le pire dans tout ça c’est que si encore le résultat tenait la route on aurait pu être conciliant et saluer une certaine prise de risques, mais au lieu de cela on a droit à tous les clichés et poncifs propre à ce genre si décrié et qui ne laisse jamais indifférent... fini donc les ambiances poisseuses et la production un peu cradingue, d’où une authenticité ressortait au milieu de riffs et solos désarticulés. En effet outre l’absence de leads c’est surtout ce mur du son synthétique et massif d’où rien ne dépasse qui va marquer les esprits, remplis de samples et d’ambiances inutiles qui ne servent qu’à faire du remplissage d’un disque pourtant court mais qui donne l’impression de durer une plombe. Il faut dire que dès les premiers instants on va être saisi d’effroi devant le défilé d’horreurs proposé par « We Belong The Grave », qui nous impose tout le classique panel entre passages syncopés balisés et tabassage dans le vide où le rendu plastique de la batterie n’aide clairement pas à adhérer à l’ensemble. Sans être particulièrement mauvaise cette ouverture n’a cependant rien pour attirer le chaland et cela va continuer sur « Terminal Dias », qui va rapidement s’enliser dès que le modernisme pointe le bout de son nez en jouant le grand-écart permanent. Et si on a pu penser à un regain d’intérêt via le groove intense et tribal de « Obliteration Of The Impure » complété par les accents martiaux des sympathiques « Expulsion To Purgatory » et « Undisillusioned » (qui donnent envie de headbanguer malgré certaines carences), pour le reste la suite et fin de cette galette va plonger plus loin dans des abîmes de médiocrité... finissant donc d’annihiler les derniers espoirs positifs entrevus auparavant.
En effet avec « Seizures » on va immédiatement avoir envie de se taper la tête contre les murs tant cet amalgame entre les notes calmes et aériennes - conjuguées à un tempo lent et posé d’où émerge une agressivité refoulée et un interlude inutile, vont se révéler épouvantablement éprouvants pour nos oreilles. Ici on a l’impression que tout a été posé au fur et à mesure sans aucune cohérence générale, et hormis meubler pour faire durer le calvaire auditif plus longtemps on se demande où est l’intérêt de cette plage... ressenti confirmé dans la foulée avec l’abominable « Precipitous ». Si la virulence est de retour en revanche l’exécution est tellement prévisible et jouée sans passion qu’on lâche presque immédiatement l’attention sur cette composition, qui s’oublie illico à l’instar de « Gaze Of The Adversary » à l’ennui généralisé et qui clôt une triplette où l’on sent que les musiciens maîtrisent encore mal leur nouvelle orientation, et qui est en prime masquée partiellement par un mixage indigeste au possible.
On aura donc compris qu’on peut facilement passer son tour tant ici on a de quoi se choper une migraine intense au lieu de passer un bon moment agréable, et l’on ne peut que conseiller à ses auteurs de revenir à ce qui faisait le charme de
« The Stench Of The Earth » et
« All Light Swallowed », au lieu de vouloir persister dans cette voie où il y a toutes les chances qu’ils ne décollent jamais. Car outre la rude concurrence ceux-ci partent clairement de trop loin pour pouvoir espérer la rattraper (tout en ayant encore trop de carences), et se faire ainsi une bonne réputation dans son pays comme à l’étranger. Bref si on ne comprendra sans doute jamais ce revirement stylistique inopportun (envie de se renouveler, sentiment de tourner en rond...) raté sous tous les angles et inélégant pour ce que la crypte du désespoir représentait auparavant. Autant dire qu’on ne saurait que conseiller aux Baltes de repartir de zéro sur des bases saines, vu que tout cela sonne trop pompeux et artificiel pour captiver qui que ce soit... ce qui est dommage vu ce qui avait été proposé par le passé. Le plus probable est que ce "nouveau" projet disparaitra rapidement des radars en se retrouvant noyé dans la masse, n’intéressant personne ou presque et s’ajoutant à la longue liste de productions inutiles et inaudibles qui saturent le marché tout en lui portant préjudice.
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | Yep, clairement décevant ... |
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17/05/2025 10:43