Horseback - The Invisible Mountain
Chronique
Horseback The Invisible Mountain
Étrangement, je reviens souvent vers The Invisible Mountain ces derniers temps.
Je dis « étrangement » car rien ne me pousse à aller vers Horseback de cette manière, ce groupe tellement daté, marqueur parmi d’autres d’une époque où il était cool d’écouter Earth, Sunn O))), Xasthur et parfois du stoner. Une époque où les films indépendants avaient encore bonne presse, où Netflix / Amazon / HBO n’avaient pas encore transformé tout ça en formule trop apparente. Horseback, pourtant, rentre complètement dans cette catégorie, avec son drone qui déteste mais fait voir de jolis paysages d’Amérique du Nord, son post-rock qui rêve aux étendues et à la sérénité, son groove tout en douceur et sa voix qui est la seule trace d’extrémisme délavée par tout ce qui l’entoure.
Mais voilà que ce disque finit par habiter mes nuits, me détend avant le coucher, me fait voir des contrées désertiques et spirituelles, la grande roue du temps où un homme trouve à épancher sa misanthropie. Nous ne sommes pas à suivre un fou dans sa montagne mais un errant, l’étudiant qui en a assez de ses congénères et s’enfuit dans les canyons, le quinquagénaire en pleine crise mystique ou l’ethnologue qui va trop loin dans ses explorations des rituels. Un assemblage qui n’a rien de traditionnel et ressemble à une appropriation de nerd en recherche de sensations.
Pourtant, il y a un équilibre particulier dans cette musique qui « allie les contraires » (autre tendance de l’époque, avant que tout le monde vire black metal ou goth puis grunge ou shoegaze, enfin, vous savez). Tout cela ne devrait pas aller ensemble et pourtant fonctionne. Tout cela devrait sonner insipide et pourtant emmène loin. Alors, certes, il faut attendre un peu pour que les choses sérieuses commencent. « Invokation » commence l’album modestement avec son étude de cas (et son « k » cliché), se terminant en eau-de-boudin avec un fade out sentant le manque d’inspiration pour boucler la boucle. Les deux titres suivants sont heureusement plus réussis, exemples-types de que Horseback a pu proposer le longue de sa pas-si-longue discographie : cavalcades tranquilles, claviers presque enjoués mais surtout aériens, voix extrême qui devient nappe, un motif succédant à un autre dans cette marche qui hésite à s’agiter mais choisi toujours au final la contemplation, ligne d’une mélodie comme ligne d’horizon.
Un massage des sens qui pose les bases – atmosphériques et chaudes mais sans pudeur dans leur aversion du genre humain – pour mieux repousser les limites avec « Hatecloud Dissolving Into Nothing ». La haine qui guide Horseback part alors dans les nuages, atteignant un paroxysme dans son ambiguïté d’apparence, entre rugosité des émotions et douceur cotonneuse. Pas sûr que ce soit ce morceau qui fut à l’origine des théories conspirationnistes sur les chemtrails ; il y fait fortement penser avec ses nuages viraux, limpide dans ses intentions de son titre à sa musique, dissolvant toute sa négativité pour un résultat aussi bilieux qu’apaisant.
Un sommet – qui se permet d’aller encore plus haut, quittant définitivement la terre ferme – pour un ensemble sympathique. Ce dernier mot a toujours défini Horseback et son originalité qui fonctionne sur quelques bonnes idées répétées, parfois trop, mais s’écoutant avec plaisir quand l’envie y est. Ce qui, vous l’avez compris, est le cas pour moi en ce moment.
| Ikea 17 Mai 2025 - 450 lectures |
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