Avulsed - Phoenix Cryptobiosis
Chronique
Avulsed Phoenix Cryptobiosis
Eternel second couteau de la scène Death en Europe le groupe mené par l’inusable vétéran David Sánchez González n’a jamais réussi - malgré toute la sympathie qu’il dégage - à devenir un incontournable du genre, et ce malgré une discographie pléthorique et des changements de personnel à foison. C’est d’ailleurs ce détail qui explique sans doute la longue absence du combo qui depuis son précédent opus en 2016 (« Deathgeneration ») n’a publié qu’une poignée de titres inédits, avant de revenir enfin aux affaires avec ce huitième album sous le bras qui voit son leader jouer avec une équipe entièrement renouvelée à ses côtés (où l’on retrouve notamment à la batterie son comparse dans HOLYCIDE). Rien d’étonnant donc à ce que ce nouveau long-format soit celui qui ait mis le plus de temps à voir le jour, même si à l’instar de ces prédécesseurs il va s’écouter tranquillement à défaut de marquer franchement les esprits vu que ça va rester de l’honnête deuxième division taillée pour les premières parties de concerts et ouvertures de festivals. Car si l’on ne peut qu’être admiratif devant la persévérance de son leader et de sa motivation qui ne s’est jamais démentie, en revanche ce nouveau chapitre va être comme d’habitude trop inégal pour marquer les esprits tant le bon côtoie le moyen voire l’ennuyeux, et cela est regrettable vu le pedigree des membres et le dynamisme général des compositions.
Une fois l’introduction horrifique terminée (où de l’orgue inquiétant se fait entendre sur fond de bridage généralisé) c’est « Lacerate To Dominate » qui va débouler en trombe en proposant un rendu dynamique et monolithique qui va malheureusement s’étirer à n’en plus finir, et c’est dommage car l’ensemble mené à toute allure avait des arguments intéressants à dévoiler mais ceux-ci finissent par disparaître sur la durée malgré du riffing sobre et efficace. D’ailleurs il était dit que ce début de disque serait franchement mitigé car « Blood Monolith » malgré son mid-tempo remuant et agréable, va s’enliser et se montrer redondant vu que dès que ça va fermement ralentir en lorgnant presque vers le Doom le plus glauque tout cela va être répétitif et prévisible. Heureusement la suite à venir va quand même montrer des signes encourageants, que ce soit avec le rapide et remuant « Unrotted » entraînant à souhait (et où l’on se surprend à bien secouer la nuque) ou encore « Guts Of The Gore Gods » qui propose un bon panel rythmique varié (et va même tabasser franchement pour notre plus grand plaisir), même si ça finit à l’instar de « Phoenix Cryptobiosis » par se montrer très prévisible on ne tiendra pas encore trop rigueur de cela. En effet malgré ses défauts le rendu général reste agréable à l’écoute (le débridé et rudimentaire aux accents Punk « Devotion For Putrefaction » confirmant encore ce point), même si en revanche le dernier tiers de cette galette va être beaucoup plus laborieux et s’essouffler fermement. Est-ce dû à un ensemble de morceaux trop ressemblants les uns avec les autres ou une temporalité à rallonge ? Sans doute les deux mon capitaine mais le moins que l’on puisse dire c’est qu’on ne va pas avoir de grosses raisons de s’emballer, vu que la triplette « Neverborn Monstrosity » / « Dismembered » / « Bio-Cadaver » va se dévoiler monotone et plate malgré les tentatives pour relancer correctement la machine. Hélas tout cela sonne tellement réchauffé qu’on a la sensation d’avoir droit à la même chose sur toute sa longueur, entre le riffing qui repique en permanence les mêmes idées et le frappeur qui recycle ses plans en permanence.
Pourtant alors qu’on pensait tout espoir perdu il faut bien reconnaître que la conclusion intitulée « Wandering Putrid Souls » va nous redonner le sourire, vu que ça conserve ce côté frontal et débridé sans concession avec une grosse énergie et surtout qui reste là en permanence… et l’on aurait aimé avoir sur toute cette livraison un rendu aussi impeccable. Cela confirme donc que les gars sont capables de faire les choses parfaitement, à condition pour eux d’éviter le remplissage comme ils ont trop tendance à le faire pour allonger leur propos inutilement et meubler l’enregistrement autant que possible. Du coup rien de neuf sous le soleil madrilène... mais visiblement sa tête pensante n’en a cure tant elle se fait plaisir avec ses nombreuses autres entités (CHRIST DENIED, PUTREVORE, YSKELGROTH, DECRAPTED…) toutes aussi moyennes les unes que les autres, à l’instar du catalogue son label qui lui permet de mettre tout cela en valeur et signer nombre de combos au rendu globalement semblables aux siens. Une fois encore les amateurs de son gras, simple et sans chichis technique ni prise de tête seront conquis… les autres un peu moins, et clairement au sein de nos voisins de l’autre côté des Pyrénées il y a de biens meilleures choses à découvrir, simplement elles n’ont pas la chance d’être mises dans la lumière et d’avoir un leader lui permettant cela et c’est dommage, un deux poids deux mesures en sorte.
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | Comme d'hab je jetterai une oreille car j'adore le timbre de voix de Rotten, en revanche je trouve que le dernier Christ Denied butte carrément ! Je l'avais même mis dans ma liste des albums de l'année :-) Et Putrevore c'est bien aussi ! |
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04/06/2025 10:40