Paru en 2023 chez Me Saco Un Ojo Records et Rotted Life Records,
Sabazios Culte n’avait eu aucun mal à nous convaincre du haut de ses cinq titres particulièrement bien troussés et cela malgré un certain manque d’originalité (même si, il faut également le reconnaitre, le chant en français participait (et participe d’ailleurs toujours encore) à apporter tout de même un semblant de fraîcheur à l’ensemble). Le groupe originaire de la ville de Québec était donc attendu au tournant par tous les amateurs de Death Metal caverneux ayant eu la bonne idée d’entamer leur rencontre avec nos cousins canadiens par le biais de cette première démonstration.
Un petit peu plus de deux ans après cette fameuse démo, le groupe signait son grand retour en juillet dernier avec la sortie de son premier longue-durée. Un album intitulé
Simulacre paru une fois de plus chez Me Saco Un Ojo Records et Rotted Life Records. Composé de huit titres parmi lesquels une relecture de "Flétrissement", celui-ci est notamment passé entre les mains de Jack Moose (Gorgerin, KickxAssxViolence, Outre-Tombe, Pulmonary Fibrosis, Sedimentum...) qui s’est chargé du mixage et du mastering. Quant à l’illustration plutôt sympathique qui orne ce premier album, celle-ci est l’oeuvre d’un certain Ghastly McNasty à qui l’on doit également l’artwork de la première démo d’Anéantix, groupe de Death / Crust canadien dans lequel officie Nathaniel B. Coté, nouveau guitariste de Décryptal (aux côtés de Léonard Mercader aka Haruspice originel des cérémonies nécrobachiques) depuis le départ d’Alexis Élément Plamondon (Sedimentum) l’année dernière... Bref, comme beaucoup d’autres sorties de son époque,
Simulacre voit le jour dans de très bonnes prédispositions.
Affiché à un petit peu plus de trente-huit minutes, ce premier album va se contenter de reprendre les choses là où Décryptal les avait laissées deux ans auparavant. Une absence de prise de risque qui ne traduit en aucun cas une quelconque forme de déception mais qui permet d’insister sur le fait qu’il ne faut pas attendre de nos Canadiens qu’ils vous surprennent d’une quelconque manière avec leur Death Metal sombre et chaloupé.
Effectivement,
Simulacre du haut de ses huit titres n’a rien de bien nouveau à offrir mais ce n’est pas la première fois que cela arrive et croyez-moi vous n’avez pas fini de me voir radoter (ce qui est déjà probablement le cas)... Ainsi, dans un registre assez proche de celui des grands patrons d’Incantation (particulièrement flagrant sur un titre comme "Dendrites") auquel a néanmoins été ajoutée une pincée d’ingrédients typiques de notre époque (à commencer par ce groove que l’on retrouve en effet chez plein d’autres groupes contemporains), Décryptal va jouer la "facilité" (avec des guillemets car en ce qui me concerne, cela me convient très bien) en offrant à l’auditeur ce que celui-ci attend et rien d’autre.
Compris ainsi entre quatre et cinq minutes, chacun de ces huit morceaux va ainsi voir les Canadiens user des mêmes ficelles. Rien de rédhibitoire là-dedans dans la mesure où Décryptal maîtrise son sujet sur le bout des doigts et fait preuve tout au long de cette très grosse demi-heure d’un sens de l’efficacité et de la formulation particulièrement affûté.
Simulacre se partage ainsi entre accélérations plus ou moins franches à base de toupa-toupa et/ou de blasts relativement soutenus ("La Bête Lumineuse" à 1:00, 1:46 et 3:31, "Ombre Hantant Les Ombres" à 1:43 et 1:54, de manière très brève sur "Horde d’Invertébrés" à compter de 1:26, la première partie tonitruante de l’excellent "Dendrites", les premières secondes de "D’Autres Corps", "Zisurru" à 0:24...), passages à l’inverse beaucoup plus lourds et pesants comme pour mieux plomber l’atmosphère et apporter comme toujours dans ce genre de cas ce qu’il faut de reliefs et de contrastes ("La Bête Lumineuse" à 2:16, les premiers instants de « Ombre Hantant Les Ombres » puis plus loin à compter de 2:44 , « Horde d’Invertébrés » et "Flétrissement" et leurs introductions tout en lourdeur, "D’Autres Corps" à 1:51, l’essentiel ou presque de "Zisurru", la seconde moitié de "Simulacre" pour une fin d’album plombée mais néanmoins mélodique...) et enfin séquences au groove particulièrement délicieux histoire finalement de faire chalouper tout ce petit monde ("La Bête Lumineuse" à 1:20 et 4:51, "Ombre Hantant Les Ombres" à 1:36 puis 2:02, "Horde d’Invertébrés" à 1:12 pour une séquence sous influence Demilichienne puis plus loin à 3:23, "D’Autres Corps" à 0:24...). Une formule peut-être éculée mais qui continue de faire ses preuves à en croire ce premier album qui à l’image de la démo précédente de Décryptal n’a lui non plus aucun mal à séduire. Ajoutez-y quelques leads et autres solos mélodiques fort sympathiques (même si à vrai dire j’en aurais bien pris davantage) ainsi qu’un growl tout à fait classique mais rugueux et parfois épaulé par quelques cris arrachés et vous voilà face à un premier album en tout point réussi.
Alors oui, à la lecture de cette chronique lors de laquelle je n’hésite pas à insister sur le caractère quelque peu passe-partout ou en tous les cas profondément "classique" de ce genre de Death Metal, on pourrait naturellement se demander quel est l’intérêt de se fader un groupe dont l’influence principale est à chercher encore une fois du côté d’Incantation. Le truc est que les Canadiens de Décryptal ne marchent pas aveuglément dans les pas de John McEntee et de ses acolytes puisqu’ils ne sont pas sans apporter à leur formule quelques éléments non pas novateurs ni personnels mais qui au moins lui permettent de ne pas sonner comme un simple clone. Cela ne suffira probablement pas à certain qui verront en Décryptal un groupe tout juste sympathique mais n’étant pas de ceux-là, difficile de ne pas s’enthousiasmer face à ce Death Metal sombre et chaloupé à l’accent canadien prononcé.
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30/09/2025 07:13