Le duo
Sébastien Collet /
Matthieu Pelletier vous rappellera peut-être la chronique de l’album
Deal With It du groupe
VEUVE SCARRON officiant dans un registre
garage rock plutôt efficace et, si vous avez apprécié ce dernier, peut-être serez-vous alors heureux de savoir que les compères nous reviennent avec un nouveau projet :
NAUFRAAGE. Et si jamais ces deux hommes ne sont pas derrière la veuve, je leur présente mes excuses mais deux homonymes dans deux formations différentes, je peine à y croire.
Précédé de trois
singles (« Infortune » ; « Le festin des décadents » ; « Que plus rien ne demeure »), les Français sortent avec
Les déferlantes leur tout premier album pour un style plus radical, comprendre principalement
screamo metal, qui ne devrait pas laisser insensible les amateurs de
CELESTE, en tout de même moins sombre et désespéré. Le parallèle reste cependant pertinent à mon sens. D’ailleurs, si j’occulte l’introduction « La terreur et l’ennui », du moins dans sa première moitié, puis l’interlude « Néréide », les cinq autres compositions font toutes état d’une hargne de chaque instant, parfois légèrement technique à l’image du riff tarabiscoté de « Le festin des décadents » mais sinon globalement plus proche d’un esprit
core dont les hurlements relèvent pleinement de la ô rage ! ô désespoir ! mais jamais de la vieillesse ennemie (merci Don Diègue).
Vraiment toutes les compositions ? Non. Les influences
rock du groupe surgissent parfois entre deux eaux, « L’estuaire » pouvant trouver sa place sur un disque de chanson française sombre, exercice auquel je n’adhère que peu, de même que les passages en chant clair qui traversent « Grand salon », et ce en dépit de la joliesse des textes. Car oui, le chant en français fait véritablement honneur à la langue grâce à des écrits riches, poétiques, fouillées où le champ lexical maritime domine.
Par conséquent, avec ce premier LP,
NAUFRAAGE nous montre deux visages. Le premier, qui attire immédiatement l’attention, est le masque tendu d’une colère noire qui s’exprime au travers de vagues
screamo agressives à la force d’attraction puissante. Le style s’avère maîtrisé de bout en bout, de la musique aux vocaux, sur ce plan le rendu est sincèrement prometteur. Le second quant à lui marque le pas, son accessibilité me laissant sur ma faim car trop loin de mes standards en termes de
rock hexagonal, à la différence de ce qu’est parvenu à écrire
KILL THE THRILL sur
Autophagie par exemple, un modèle de chanson française sublimée par la noirceur intrinsèque des musiques extrêmes. Il reste que les éléments positifs demeurent supérieurs en nombre et l’emportent aisément sur le sentiment mitigé qui aurait pu être le mien si l’album avait trop penché vers une dimension moins belliqueuse. Sans compter que même au sein des chansons elles-mêmes, l’équilibre entre mélancolie, fatalisme et volonté de carbonisation de l’auditeur est souvent idéal (« Que plus rien ne demeure »), la découverte s’avérant finalement fort aguichante.
Il reste que j’accroche de moins en moins à ce genre, la faute à son cul entre deux chaises et qui, à force de ménager la chèvre et le chou, me fait perdre mon latin.
1 COMMENTAIRE(S)
15/10/2025 19:54
Moyennement convaincu par les passages chantés mais les textes sont très réussis en effet.