Heresians - Heresians

Mes chers amis, en cette nouvelle année 2007, je vais y aller aussi de ma petite prédiction, comme dans Télépoche, qui est la publication de référence de Chris (avec Gay Contact, mais je sais pas pourquoi il refuse qu'on le dise en public, y'a pourtant de très bons articles sur Judas Priest, Queen et Anal Supuration). Cependant, je ne vais pas me risquer à avancer la date de la découverte d'un vaccin contre le SIDA, comme certaines astrologues rousses, au mieux, je peux annoncer la découverte d'un nouveau vaccin contre la grippe.

Et cette prédiction, la voici : aussi vrai que Malraux avait prédit que le XXIème siècle serait spirituel (et quelle spiritualité, on a réussi à réinventer les guerres de religion, magnifique, non ?), l'année 2007 du métal en France sera celle du Métal Aquitain ou ne sera pas. Déjà Gojira avait lancé la mode du death alambiqué, façonné entre les plages d'Arcachon et les vignobles graves du Médoc, (et avec un certain succès, pour preuve, la tournée avec Lamb of god et Machine Head qu'ils font) mais au-delà de ce patronage bienveillant, toute une génération de groupes émergent de cette région qui serait superbe si Alain Juppé n'était pas dans le paysage : Gorod, Warattah, Jenx, et maintenant Heresians. Il y a là de quoi s'occuper les esgourdes pour un moment, tant qu'aucun de ces groupes ne se décide à accompagner Elie Semoun sur un nouvel et hilarant album de bossa nova.

Heresians m'a gentiment adressé leur démo éponyme après qu'ils aient été ma révélation de la compilation French Metal 3 – entre ciel et terre (voir la drôlissime chronique de ce disque – vos gueules, je pense beaucoup de bien de ce que j'écris), et après que j'aie écrit qu'ils avaient, je me cite : "un son parfois un peu faiblard sur la caisse claire, et un chant rappé à abandonner de toute urgence", preuve que les garennes ne sont pas rancuniers, c'est au moins un point positif à apporter à leur crédit.

Et je suis heureux de dire que je n'ai pas eu le nez creux (contrairement à Kate Moss, vu la quantité gargantuesque de cocaïne qu'elle peut y foutre), les bougres ne m'ont pas déçu, bien au contraire de l'inverse de l'opposé antinomique. J’ai eu droit à 20 minutes 35 secondes de bon deathcore (selon leur bio) plus death que core, évidemment influencé par leurs comparses des Landes, Gojira. Pour être un peu plus honnête, ou plus juste, j’ai eu l’impression d’avoir à faire à un Atheist un peu plus burné du spandex, ou à un Cynic plus lourd, impression dont peu de groupes peuvent s’enorgueillir (à part s’ils vomissent Atheist ou Cynic, évidemment). L’alternance de 2 chants gueulés (pour la plupart du temps) permet de varier agréablement le chant (enfin pour qui le son du growl est agréable, à savoir, les Verrats du poitou, les chasses d’eau et Glen Benton) tout en restant dans le même domaine.

Un regret cependant, le fait que les voix soient mixées un chouia trop en avant, ou que les guitares soient un poil trop en arrière, à vous de choisir. Ce petit défaut sera sans doute rectifié avec une production plus serrée au prochain disque. Les variations de tempos, ou du type de chanson, entre le rythme lent et pesant de "Your world is law" et le rythme plus soutenu de "Story of a flag" permet de faire plus que distraire vaguement le chroniqueur moyen qui se décrotte le nez en regardant le Bigdil sans le son parce que sinon c'est insupportable. Ces changements démontrent bien le talent du groupe à composer des chansons sans faire des collages ineptes de riffs l'un derrière l'autre sans cohérence, à part sur "When", que je diviserais bien en 2 chansons différentes, mais bon c'est question d'opinion personnelle.

Donc le sextet envoie avec joie 5 titres (dont un instrumental/interlude très joli) de death où fleurent bon les petits blasts biens placés, la double à fond les bananes (1,95 € le kilo chez E.Leclerc du 12 au 24 Janvier – j'ai décidé de faire du placement de produit pour rentabiliser ma participation à ce webzine fauché qui refuse de prendre en charge mes notes de frais d'allongement du pénis tout à fait justifié dans le cadre de mes activités), le growl et le cri, l'ambiance noire et glauque qui sied si bien aux escaliers de nos cités. En plus, petite originalité de la part d'Heresians, une présence de la basse bien plus….présente (Note pour moi-même : ne plus faire rédiger mes chroniques par un étudiant en lettres modernes) que pour les groupes du genre sus-dit. De fait le bassiste, en jouant avec ses petits doigts, apporte une petite touche funk avec du slap ou accompagne les mélodies de façon harmonieuse ; de la belle ouvrage, en somme (que l'on peut admirer en écoutant l'instrumentale "Waiting for the…", superbe mise en bouche pour le titre suivant qui conclut le cd avec, s'il vous plaît un featuring de Guillaume de Gorod.) Heresians suit avec bonheur le précepte de Gojira ou des Melvins, qui veut qu'on fait toujours plus de bruit si on ménage des plages de calme, ou de mélodie au sein de la furie.

Enfin, seule petite faute de goût, mais elle n'est pas musicale, alors je leur pardonnerai bien volontiers : la typo Playmobil® pour les titres des chansons. Pas du meilleur effet, pour un groupe de deathcore. En même temps ils ont évité le piège du dessin-gore-mais-moche-fait-par-un-pote-du-groupe, c'est au moins ça. Donc à travailler : le visuel.

Bref, je dirais que cette démo m'a fait un peu le même effet que lorsque j'ai écouté en 1996 la démo d'un groupe qui s'appelait Godzilla à l'époque en disant : "c'est pas mal ce groupe, ils iront loin les petits gars", et que je me suis maudit de ne pas être devenu leur manager…(bon en fait c'est faux, j'ai écouté cette démo en 2006, mais bon ma comparaison reste valable). Je leur souhaite le même succès parce que s'ils continuent sur la même lancée, ils le mériteront.

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