Pour tout vous dire, lorsque Chris, l'auguste vieux sage qui mène ce webzine d'une main de fer, a proposé à l'assemblée des chroniqueurs de passer à la moulinette Thrasho le premier Maxi de GroRR, j'ai tout de suite surenchéri sur les offres (
de toutes façons inexistantes) de mes chers collègues adorés. Avec un nom comme ça, me suis-je dit, qui semble fleurer bon le cri primal à la
Whourkr (
dont Igorrr – quasi anagramme de Grorr – est aux manettes) ou tout au moins la déclaration d'intention d'une bleuarglerie gore/grind maniant explicitement l'autodérision, je ne peux pas trop me planter.
Je m'étais pourtant complètement GrouRRé. En lieu et place d'un cyber goregrind dégoulinant de blagues plus ou moins fines, je me suis fait cueillir par un death sombre et froid, empruntant aussi bien à
S.U.P., qu'à
Immolation et à tous ces groupes récents qui assaisonnent leur dose de metal quotidienne de menues dissonances et saccades parce que bon, que voulez-vous ma bonne dame, il faut bien vivre avec son temps. Bon, pourquoi pas. Reprenons donc nos fiches pour mieux cerner la bête, et de ce groupe de Pau tirons (
idéal pour animer votre soirée d'Halloween ...) les informations biographiques qui nous aideront à mieux cerner leur propos.
GroRR est la jonction des forces de La Loutre, Belzeb (
qui, à son poste, forcément, bute), Yogy et Jeremy, quatre béarnais entre qui la sauce (
!!) aura très vite pris. Leur idée est de « former un groupe de metal aux influences extrêmes [..] qui oscille entre des parties purement death, des passages progressifs, des parties électro et des passages rythmiques influencés par
Meshuggah » pour vous citer la bio quasi texto. Il faut savoir de plus que GroRR campe la thématique de son univers parmi nos amis rampants, grouillants et voletants: non, pas les campus d'écoles de commerce (
Chris, si tu nous regardes …), mais les insectes, qu'ils fassent Bzzzzzzzz ou Crrrrrrrr (
Oui je sais, ces pubs commencent à être vieilles: faut être un croulant comme moi pour saisir …). En ce qui me concerne, à l'écoute de ce maxi, le groupe aurait tout aussi bien pu vouloir évoquer les errements de robots en fin de vie dans les coursives désolées de vaisseaux à l'abandon, ou encore le spleen nocturne d'un androïde suicidaire qui se serait fait lourder de son poste à la chaîne dans une entreprise de mise en boite de cerveau humain, ça aurait tout aussi bien collé à la musique offerte sur ces 5 titres. Mais respectons la vision de l'artiste que diable, et endossons notre plus belle panoplie de Maya l'abeille afin de nous fondre au mieux dans l'univers GroRRien!
On pourrait se faire de fausses idées au vu du ton badin dont j'(
ab)use en cette première partie de chronique, mais le fait est que j'ai bien apprécié ce Maxi. Les parallèles ci-avant évoqués sont d'ailleurs élogieux: s'approprier l'aspect sombre et rampant d'un
Immolation (
dès le début de « The Hive », à 0:20) ou les froideurs déshumanisées et pourtant attrayantes d'un
S.U.P. sont des gages de qualité, d'efficacité et de hors-des-sentiers-battus-ité. Et effectivement le groupe a su, à partir de ces références, se façonner sa patte propre et séduire grâce à des morceaux bien ficelés. Essentiellement basés sur des rythmiques mid-tempo (
voire plombées) lancinantes et hypnotiques, ainsi que sur des riffs sobres et sombres, les compos du groupe s'aèrent sur des refrains au chant clair, entonnés sur un mode désincarné, légèrement plaintif et nasillard (
Mention spéciale au « Follow me … » qui rythme le titre « Butterfly »). Le groupe sait donc jouer sur les contrastes, la preuve la plus flagrante en étant le tubesque « Grorr baby grorr » où les 4 lascars nous font taper du pied sur un plan indus groovy qu'on jurerait extrait des sessions d'enregistrement du « Cleansing » de Prong, tout en nous ayant concocté un final dantesque où l'on se prend sur le coin de la tronche une armada de guitares dévastatrices portant sur leurs larges épaules, légèrement en retrait, le cristal pur d'un chant féminin éthéré (
le tout se déchaîne à partir de 3:54).
GroRR est donc déjà fort d'une personnalité bien trempée, et ce maxi laisse à penser que leur premier album méritera vraisemblablement un sérieux coup d'oreille. Espérons donc que ça continuera en GroRR et en GroRR. Ce n'est que le début (
D'accord ? D'accord ! … Allez couché Francis !)
1 COMMENTAIRE(S)
26/11/2008 13:17
Oh et puis si allez y quand même pour y écouter "Grorr baby grorr"