Soyons franc d'entrée de jeu: je ne connais pas des myriades de groupes de deathcore, le genre étant encore un peu frais (
comparé à mon grand âge!), et ses spécificités n'étant pas à même d'attiser plus que ça ma curiosité. Les quelques références à la lumière desquelles je jugerai ce premier EP de The Binary Method sont
The Red Chord,
Despised Icon,
Beneath The Massacre – pour la frange brutalo-technique de la famille – ainsi que
Benighted du côté des petits frenchies. Pas beaucoup d'autres de ces groupes dans mon catalogue, j'en ai peur. Et d'ailleurs c'est plutôt la dernière mouture d'un autre groupe –
Aborted pour ne pas entretenir le suspense plus longtemps – qui m'est venu le plus souvent à l'esprit à l'écoute de cette galette, certains passages portés par la doublette vocale Teddy / Berf m'ayant rappelé les exactions de messires Sven et Seb Tuvi.
Mais revenons plutôt au CV du jeune groupe dont il est question aujourd'hui. The Binary Method est un combo lillois formé en janvier 2008. Au vu de l'imagerie mise en avant, on pourrait penser qu'ils veulent se positionner sur le créneau «
Nile deathcore », le growling bicéphale accentuant un peu plus le trait esquissé par l'artwork, le titre de l'EP et l'intro – simple mais néanmoins typée « orage nocturne sur le Temple d'Anubis ». Côté musique, on navigue dans les catacombes d'un deathcore pur jus, momifié selon la tradition à base de riffs plutôt simples (
pas besoin d'être Champollion pour en déchiffrer la trame), d'un long ruban de bandelettes moshesques, et embelli d'un double sarcophage [growls caverneux / braillements lorgnant vers le côté « core » de la Force].
Bon alors, le french mummy deathcore, ça donne quoi:
Nile-poléon battant la Campagne d'Egypte ou bien le pire amide tout en carton? Tout d'abord, comme tout premier effort couché sur rondelle laser, il y a du bon et du moins bon, du sympathique comme du naïf. Au titre des bonnes choses, en vrac, on notera un artwork pro, un son correct et des titres qui savent rester courts plutôt que de s'éparpiller vainement. Le début de l'EP – autrement dit l'introductif « Ruins Of A Pyramid » et « Last Chance To Breathe » – est vraiment sympa, la musique évoquant un
Aborted pharaonique en plus moshy, avec notamment à 1:14 sur « Last Chance To Breathe » une bonne petite ligne de gratte épico-glaciale qui tranche avantageusement avec une rythmique qui nous secoue bien fort la guirlande à vertèbres. « Deep In Your Throat » est quant à lui le meilleur morceau de l'EP, alternant un plan purement death old school à la saveur légèrement polonaise, avec un bon passage mid-tempo épique exécuté par une doublette de grattes classique mais efficace, le tout baignant dans l'habituelle sauce deathcore qui colle aux semelles.
Malheureusement tout cela cohabite avec toutes les hésitations et petites maladresses de la jeunesse. Ces larsens trop mis en avant sur l'intro et la fin de « Last Chance To Breathe », ce ralentissement de tempo qui se prend un peu les pieds dans le tapis (
à 0:27 sur « Last Chance To Breathe ») ou encore ces martèlements un peu gauches (
à 2:32 sur le même titre) en sont les premiers aperçus. Cela continue sur « Bleeding Heart », morceau plus plat et bénéficiant d'un fin bien maladroite (
particulièrement bancale cette mosh part finale, de 2:32 jusqu'au bout!). Même constat sur un « Between Your Shadow And My Light » qui – en dehors de la présence d'un bon riff d'obédience black/death – navigue entre le commun et le naïf.
Un poil plus axé gros death qui tâche que certains autres groupes myspace plus branchouilles/méchouilles, The Binary Method pourra plaire aux fans du genre. J'imagine sans mal que certains de mes augustes collègues maniant le vitriol avec plus de délectation que moi auraient cassé un poil plus de sucre sur le dos de nos amis lillois, mais honnêtement je trouve cet EP plutôt sympa, pour peu que l'on se concentre sur les bons points énoncés plus haut et qu'on garde à l'esprit que ces petits gars (
et fille!) viennent tout juste de se lancer dans le grand bain de la scène metal. Bref, The Binary Method n'offre rien de révolutionnaire, souffre encore de pas mal d'imperfections, mais a quelques atouts qui pourraient leur permettre de sortir un premier album intéressant, pour peu que les dieux du deathcore ne soient pas jetés à bas de leur olympe par des foules abandonnant leurs idoles d'hier pour les nouveaux veaux d'or « fashion metal » à venir…
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07/04/2009 14:06