Qui n’est pas tombé au moins une fois sur la pochette « over the top » (façon « Michael Bay ») du deuxième album de The Faceless ? Difficile d’y échapper. Assurément l’œuvre la plus « tape à l’œil » du Suédois boulimique Pär Olofsson (j’aime beaucoup personnellement). Les débuts sur
Akeldama auront généré un buzz important, porte étendard du deathcore technique et socle de beaucoup de groupes du genre qui suivront (Veil Of Maya et Born Of Osiris entre autres). Pour sa première signature, Sumerian Records a parfaitement su gérer son coup. Sans batteur fixe (le groupe usera des services de Marco Pitruzzella pour ses concerts), The Faceless recrutera un jeune gaillard méconnu, Lyle Cooper. Deux ans après
Akeldama, atterri le nouveau brûlot
Planetary Duality.
A tous ceux qui reprochaient à The Faceless un aspect « death technique » comme simple « ornement » sous le joug d’un deathcore « direct » conformiste sur
Akeldama, Michael Keene (toujours à la composition et à la production) pose un pied franc dans la mare des Necrophagist et Spawn Of Possession pour une musique nettement plus « intense » et « technique ». On peut dire tout le mal que l’on veut sur Keene (mon collègue von_yaourt me souffle « arriviste »), mais le bonhomme n’a rien d’un vulgaire manchot et confirmera ses prouesses à la guitare. Le fossé avec
Akeldama est assez conséquent. Le format est identique mais l’intensité tout autre, des titres condensés (4 minutes en moyenne) regorgeant de riffs tordus et de breaks épileptiques. Une intensité principalement causée par un batteur d’à peine 20 ans… Et déjà une technique « poulpe » qui fera des envieux malgré un jeu moins riche (surenchères de blasts) que sur
Akeldama (quatre batteurs de session en même temps…). Le chant modulé (souvent associé aux groupes « core ») du frontman s’efface (de rares passages hurlés), une dominante « gutturale » qui reste dans l’esprit d’avantage orienté « death metal » de The Faceless. Son débit demeure plutôt convaincant (« Xenochrist »). Reste que les « breakdowns » et riffs « saccadés » ne sont pas pour autant gommés, ce qui leur vaudra encore leur appellation « core » (et certaines moqueries) dès le titre d’ouverture « Prison Born ».
Outre une technique et brutalité encore plus poussée, on retiendra surtout une thématique sur la science-fiction assez bien fichue. Evidemment l’artwork et les paroles, mais le chant « robotique » sous « vocoder », la production synthétique à la fois martiale et froide (en parfaite adéquation avec la musique pour le coup) associés au jeu des Californiens (l’instrumental « Shape Shifters »), arrivent à dégager une certaine atmosphère. Une ambiance qui manquait d’ailleurs à
Akeldama. Le sample de « Planetary Duality I : Hideous Revelation » par exemple reste des plus jouissifs (bien connu des adorateurs de Tool et
Lateralus, utilisé sur la conclusion « Faaip de Oiad »). Petit aparté. Le fameux témoignage à la radio (datant de 1997) d’un prétendu employé complètement paniqué (en pleurs) de la Zone 51, racontant les expériences faites sur des « extra-terrestres » et d’une soit disant conspiration du gouvernement. Témoignage coupé abruptement. « Hoax » (excellent acteur dans ce cas) ou pas, étant un grand fan de tout ce qui touche au paranormal, je savoure à chaque nouvelle écoute ses délires paranoïaques. Une tripotée d’articles existe sur ce sujet (utilisez le mot clé « The Art Bell Show's "Area 51 Worker" »).
Malgré tout, les défauts de jeunesse subsistent… Le manque de personnalité indiscutable (musique parfois trop générique), les compositions manquent de fluidité (que ce soit les transitions sur les passages brutaux ou les titres plus « posés » comme « Sons Of Belial ») et de passages réellement marquant (point qui aurait certainement fait oublier les autres défauts). Bref, grossièrement une sorte de death technique moderne « fast food » à gober sans trop réfléchir. « Exit » les passages aériens (trop rares ici) et les mélodies redoutables du groupe (si ce n’est l’imparable « Legion Of The Serpent »). Le clavier tend lui aussi à s’effacer et les quelques virées symphoniques sont peu savoureuses (« Xenochrist » et son côté Abigail Williams). Quant au chant clair, j’ai encore bien du mal… Mais sa plus grosse tare n’est pas là. C’est sa durée, une nouvelle fois inacceptable pour le style pratiqué… 31 minutes, de qui se moque-t-on ?!
Akeldama était déjà suffisamment frustrant,
Planetary Duality saura vous mettre dans une transe quasi-meurtrière.
The Faceless s’éloigne de ses débuts deathcore convenus pour un death technique plus « épuré » et « alambiqué » en réponse à ses détracteurs. Les points faibles liés au manque d’expérience de côté (personnalité et compositions inégales), avec 2 ou 3 morceaux supplémentaires marquant, nul doute que
Planetary Duality aurait mérité une bien meilleure note. Un arrière gout d’inachevé quelque peu rageant… A l’instar de 2006, 2008 aura certainement été l’une des années les plus fastes en terme de death technique (je vous invite à faire un tour sur notre bilan). Ce deuxième album aura bien du mal à tirer son épingle du jeu… Le prochain opus
Autotheism peut-être ?
7 COMMENTAIRE(S)
04/02/2014 10:53
04/02/2014 09:16
Un teaser de The Ancient Covenant avait déboulé sur Youtube, très très prometteur et à la sortie de l'album, la ligne de batterie a changé, un son vraiment plat par rapport au teaser .
Niveau compositions il est clairement plus abouti mais impossible d'oublier ce son de batterie qui m'a tant déçu ...
27/07/2012 19:40
The Faceless est certainement le groupe le plus carré que j'ai jamais vu sur scène (et j'en ai vu un paquet), même pas un petit passage légèrement brouillon, c'était juste parfait. Quoiqu'on puisse penser de ce groupe.
Donc je pense que pour dire une connerie pareil tu ne dois jamais les avoir vu ( ou alors tu es sourd).
27/07/2012 14:06
26/07/2012 15:20
Vu que j'en écoute et que c'est un genre dont j'apprécie certains des représentants, ça m'énerve un peu d'avoir ce genre de sentiment qui ressort dans les reviews.
Ils ne sont pas obligés de se coller dans un genre. S'ils ont envie de marier et les influences et de ne pas s'enfermer dans la case "technical death" ils ont le droit de le faire.
Hmmm... Tu parles au membre de la team qui a chroniqué le plus d'albums du genre... J'apprécie le style et je suis très ouvert musicalement. Une soupe à la mode camouflée par une grosse production et jouée par des ados attardés (quel que soit le style), non. Tout comme le metalcore à une époque (là j'en ai chroniqué des wagons), il faut juste savoir faire le tri. The Faceless reste d'un tout autre standing, son genre hybride n'est pas vraiment un défaut ici de mon point de vue.
Ywen a écrit :
Mais dire que la durée n'est pas acceptable "pour le style pratiqué" c'est vraiment moyen. Qu'elle ne soit pas acceptable tout court parce que ça laisse l'auditeur sur sa faim (et visiblement d'après le reste de la chronique ça n'est pas le cas) ou parce que ça fait feignant est une chose, mais dire "un bon album de death technique doit faire au moins 45 minutes !" c'est limite intégriste. Et prendre le risque de rajouter 2 ou 3 mauvais morceaux, c'est pire que de ne rien rajouter du tout.
Sur un album violent et intense (brutal death, grind and co) ok, ici non. Tu enlèves les interludes, tu as moins de 30 minutes, donc oui frustrant quand tu achètes un "full length".
26/07/2012 14:09
Vu que j'en écoute et que c'est un genre dont j'apprécie certains des représentants, ça m'énerve un peu d'avoir ce genre de sentiment qui ressort dans les reviews.
Ils ne sont pas obligés de se coller dans un genre. S'ils ont envie de marier et les influences et de ne pas s'enfermer dans la case "technical death" ils ont le droit de le faire.
Mais dire que la durée n'est pas acceptable "pour le style pratiqué" c'est vraiment moyen. Qu'elle ne soit pas acceptable tout court parce que ça laisse l'auditeur sur sa faim (et visiblement d'après le reste de la chronique ça n'est pas le cas) ou parce que ça fait feignant est une chose, mais dire "un bon album de death technique doit faire au moins 45 minutes !" c'est limite intégriste. Et prendre le risque de rajouter 2 ou 3 mauvais morceaux, c'est pire que de ne rien rajouter du tout.
25/07/2012 11:09