chargement...

haut de page

My

Remontez pour accéder au menu
200 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Ataraxie - L’Être et la Nausée

Chronique

Ataraxie L’Être et la Nausée
Toujours la même épreuve de parler d’Ataraxie. Difficile de trouver quelque chose de relativement cohérent à écrire sur cette musique cadrée et personnelle, extrême et limpide, pleine de folie et pourtant austère. Les auteurs d’Anhédonie font en effet partie de ces entités françaises indéfinissables du George Abitbol Metal, celles classieuses et mystérieuses hurlant à un monde de merde. A la manière d’Eibon et Dirge, les Français ont toujours su s’échapper d’influences immédiatement lisibles pour laisser gêné quand vient l’heure d’expliquer le pourquoi du comment. Particulièrement quand le comment est L’Être et la Nausée.

Car ce nouvel essai est certainement ce qu’Ataraxie a créé de plus jusqu’au-boutiste, suivant le pas du jumeau Funeralium et ses tortures infligées sur Deceived Idealism par un doom/death tirant parfois plus vers le second que le premier. Côté nausée, il y a de quoi faire dans ses phases death bileuses à l’image de « Dread The Villains » et ses dix minutes laissant peu de place aux tempos lents auxquels la troupe du Marquis nous avait habitués. Les Rouennais n’ont clairement pas mis de l’eau dans leur vin, prenant à contre-pied les personnes imaginant un successeur au tortueux Anhédonie allant davantage vers une musique mélodieuse. En lieux et place, L’Être et la Nausée s’impose comme un album plus avancée en âge et expérience, remplaçant l’atmosphère issue de la « charogne 1900 » de son prédécesseur par une crise existentialiste empruntée à Sartre, où s’amoncellent des guitares architecturales et s’étendant à perte de vue.

Et pourtant, Ataraxie paraît pour la première fois être d’une immédiateté, d’une simplicité, confondante, ses sautes d’humeur entre dégoût et affliction semblant moins abruptes qu’autrefois. Côté être, peu de choses ont changé (au-delà d’une optique plus death metal) : les Français composent toujours dans la souffrance et le temps long des morceaux évoluant dans la souffrance et le temps long. Seulement, ils sont allés moins vers l’orfèvrerie qu’on leur connait et plus vers cette fluidité dans la rigueur décelable dans le dernier Funeralium.

On touche ici au souci principal que me pose ce double-disque. L’Être et la Nausée est une œuvre d’Ataraxie en ce qu’il propose ici un doom/death entre apitoiement et accès de folie, cependant la frontière qui le séparait de son doppelgänger sadique s’amenuise. Les moments brutaux, qu’ils soient death ou doom, donnent parfois envie de retourner vers Deceived Idealism (« Nausée », final en grande pompe mais ne tapant pas aussi dur qu’un « The Higher We Climb, The Harder We Fall » par exemple) et bien que le Marquis – toujours impressionnant de douleur évacuée – modifie son chant selon les émotions qu’il souhaite véhiculer sur l’une ou l’autre entité, l’idée a du mal à s’enlever de ma tête, exceptée durant l’écoute de « Procession Of The Insane Ones », titre plus mélancolique et moins acharné que les suivants.

Un autre tracas se situe dans cette atmosphère moins convaincante que celle d’Anhédonie. J’ai déjà pu le dire dans ma chronique de Project X, ce deuxième album est pour moi le meilleur, celui où Ataraxie trouve l’équilibre entre l’aura gothique des premiers My Dying Bride et ses racines de dandy français, tout en délicatesse et neurasthénie. L’Être et la Nausée oscille entre ce maniérisme de bourgeois en déroute et une volonté d’attaque me laissant penser que, si la forme présente une certaine aisance à passer d’un rythme lent à rapide, le fond pâtit un peu de cet entre-deux.

Je préfère les Des Esseintes aux Roquentin, les perdus aux écœurés. Aussi, L’Être et la Nausée ne peut que moins me plaire qu’Anhédonie. Malgré tout, ce nouvel essai est clairement ce qu’Ataraxie a sorti de plus maîtrisé, se permettant même d’allier l’extrémisme pour lequel sont réputés les Français à une certaine accroche, une tension constante faisant que l’étreinte n’est jamais lâchée durant les quatre-vingt minutes de l’ensemble (ce qui n’est pas rien). Si j’ai pu insister sur quelques défauts, il ne faut pas oublier qu’on a affaire à un groupe travaillant à rendre chaque disque plus impressionnant que le précédent, tout en leur offrant un concept propre permettant de se poser comme pièce unique, jusqu’à ce qui les entoure (l’artwork froid de Vertigo, tout à fait en accord avec l’ambiance qu’ont donné les Rouennais à leur longue-durée). Au-delà de quelques préférences personnelles, « extrême » est une nouvelle fois un mot valant aussi pour le respect que les Français inspirent.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

4 COMMENTAIRE(S)

gulo gulo citer
gulo gulo
18/05/2017 15:01
note: 8/10
Boudu, entre ça et Funeralium, faudra-t-il bientôt dire "finir un morceau à la Rouennaise" ?
Ça lave le cul, comme on dit vulgairement.
Invité citer
Mon préféré
11/11/2013 20:19
Mon préféré du groupe personnellement.
Quelle maîtrise ! Paradoxalement, c'est peut être Dread The Villains, la moins "classique" dans la veine Ataraxienne, qui me plait le plus là dedans.
Entre celui là et le Funeralium, on a été gâté.
lkea citer
lkea
11/11/2013 09:32
note: 7/10
gulo gulo a écrit : Quel texte courtois, raisonnable et mesuré... ^^
Je ne réussissais pas à mettre un nom sur ce qui me gênait avec le disque, je crois que je m'approprie assez volontiers ces arguments-ci.


Ahahah, oui, j'ai galéré à mettre des mots sur ce qui me gêne et me plait mais me gêne mais me plait etc. donc j'ai fait dans le pointilleux et respectueux (car ce disque le mérite, encore une fois)...
gulo gulo citer
gulo gulo
11/11/2013 09:12
note: 8/10
Quel texte courtois, raisonnable et mesuré... ^^
Je ne réussissais pas à mettre un nom sur ce qui me gênait avec le disque, je crois que je m'approprie assez volontiers ces arguments-ci.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Ataraxie
Extreme Doom / Death
2013 - Weird Truth Productions
notes
Chroniqueur : 7/10
Lecteurs : (4)  7.88/10
Webzines :   -

plus d'infos sur
Ataraxie
Ataraxie
Extreme Doom / Death Metal - 2000 - France
  

vidéos
Face The Loss Of Your Sanity
Face The Loss Of Your Sanity
Ataraxie

Extrait de "L’Être et la Nausée"
  

tracklist
01.   Procession Of The Insane Ones
02.   Face The Loss Of Your Sanity
03.   État d’Âme
04.   Dread The Villains
05.   Nausée

Durée : 79 minutes 17 secondes

line up
parution
1 Septembre 2013

voir aussi
Ataraxie
Ataraxie
Project X (Compil.)

2011 - Weird Truth Productions
  
Ataraxie
Ataraxie
Slow Transcending Agony

2005 - Weird Truth Productions
  
Ataraxie
Ataraxie
Anhédonie

2008 - Weird Truth Productions
  
Ataraxie
Ataraxie
Résignés

2019 - Weird Truth Productions / Deadlight Entertainment / Xenokorp
  

Essayez aussi
Dragged Into Sunlight
Dragged Into Sunlight
Hatred For Mankind

2011 - Prosthetic Records
  

The Hope Conspiracy
Confusion​/​Chaos​/​Misery ...
Lire la chronique
Khold
Du dømmes til død
Lire la chronique
Chloroma
Chloroma (EP)
Lire la chronique
Chain Whip
Call Of The Knife
Lire la chronique
Sacrofuck
Świ​ę​ta Krew
Lire la chronique
Profanation
Skull Crushing Violence (EP)
Lire la chronique
Slimelord
Chytridiomycosis Relinquished
Lire la chronique
Carnal Savagery
Into The Abysmal Void
Lire la chronique
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
Redstone
Immortal (EP)
Lire la chronique
Etoile Filante
Mare Tranquillitatis
Lire la chronique
Order of Nosferat
The Absence of Grace
Lire la chronique
Hargne
Le chant du coq
Lire la chronique
Deliver the Suffering
Unleash the Chaos (EP)
Lire la chronique
Dripping Decay
Festering Grotesqueries
Lire la chronique
Dissimulator
Lower Form Resistance
Lire la chronique
RüYYn
Chapter II: The Flames, The...
Lire la chronique
Teitanblood
Seven Chalices
Lire la chronique
Blood Red Throne
Nonagon
Lire la chronique
Severoth
By the Way of Light (Шляхом...
Lire la chronique
Mathilde
32 décembre
Lire la chronique
The Focus of a Valediction European Tour 2024
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
Fleshwater
We're Not Here To Be Loved
Lire la chronique
Houwitser
Sentinel Beast
Lire la chronique
Chapel Of Disease
Echoes Of Light
Lire la chronique
No Mercy
Widespread Bloodshed... Lov...
Lire la chronique
A Somber Funeral
Summertime Sorrow
Lire la chronique
Purulency
Transcendent Unveiling Of D...
Lire la chronique
Panzerchrist
All Witches Shall Burn (EP)
Lire la chronique
Nuclear Eric 50th anniversary show
Blackened + Funeral Desekra...
Lire le live report