Touché Amoré - Is Survived By Chronique
Touché Amoré Is Survived By
Il ne paie pas de mine avec sa pochette bleu ciel, dessinant subtilement quelques silhouettes ombragées mais il n'empêche que dans le genre « Ce skeud là, mon gars, il ne va pas te lâcher », les ricains de Touché Amoré ont frappé fort, très fort même.
Alors qu'en France, c'est la vague bleu marine qui inonde les côtes sans mer, tant et si bien qu'on finit par en gerber notre putain de quatre heure, aux U.S.A sévit la vague bleu ciel, qui déferle depuis 2013 par le biais de l'ouragan Deathwish, déclaré au nord de Boston. Enfin, le quintet n'en est pas à son premier coup puisque « To The Beat of a Dead Horse » et « Parting the see... » avaient déjà fait du bruit. On peut aussi dire que les bonhommes fricotent avec des notables du Screamo-Revival 2.0 tels que La Dispute, Piano Become The Teeth, Defeater ou Modern Life Is War... On était donc quand même un tantinet prévenu quand est arrivé « Is Survived By », mais de là à anticiper la claque qui était présente, pas sûr...
C'est sûr, s'il y a bien une capacité que l'on peut accorder à ce disque, c'est d'être conçu dans l'inoxydable. Des centaines d'écoutes et toujours ce même sentiment, cette même émotion qui bouleverse le cerveau à chaque nouvelle insertion dans la platine. Il faut dire que « Just Exist » qui ouvre le disque balance déjà la couleur à grand coups de bétonnage énervé et de petites guitares claires et enjouées. C'est paysager mais pas paysan parce qu'il faut quand même reconnaître que ça sent bien le jeune. Mais en tout cas, les images distillées tout au long de l'album sont si précises, si « vraies » que l'on pourrait penser que c'est le moteur graphique de GTA V qui fait tourner le disque. On se sent juste bien, à contempler ces déluges maritimes de guitares limite post-rock sur « Harbor », comme on sent plutôt touché par ces déclamations abattues sur « Praise/Love ». Comme à son habitude le trio fait dans le confessionnal, façon « venez, je vais vous dire tout ce qui ne va pas en moi » mais finalement, Touché Amoré n'est pas si cucul qu'on veut bien le dire et même plutôt adulte pour un groupe du genre. Les paroles sont d'ailleurs plutôt bien écrites et bien fournies. On peut d'ailleurs les admirer – ou aussi les lire, si on est quelqu'un de plus simple, ce qui est bien loin d'être un mal en soi - dans ce superbe digibook de grande qualité.
« Is Survived By » est un disque qualitativement intense et qui demandera nombre d'écoute pour être vidé de sa substantifique moelle. Si tout est relativement clair dès le départ car on se sent très vite dans l'ambiance proposée par le groupe, on appréciera les richesses développées par la production au fil des écoutes (« Blue Angels » par exemple, un de ces titres qui se révèlent plutôt tardivement pour ma part...). Alors, bien sûr, il faut aimer le genre et ne pas avoir peur de ranger sa testostérone au placard et de ressortir la petite fille qui est au fond de vous, celle qui aime bien regarder les arbres par sa fenêtre. Ou alors, il suffit éventuellement d'aimer Terrence Mallick. Mais, n’empêche que cette sensation est belle et qu'elle est suffisamment bien composée pour nous parler à tous. En se concentrant à mon sens sur des apports post-rock et Indie, Touché Amoré est une de ces formations qui renouvelle le genre et même si ça passe certainement par un léger ralentissement de tempo vis-à-vis des anciens pontes du genre, le pari est réussi. On peut voir dans cet opus une grosse dose de fraîcheur et un petit côté « jeunesse désabusé rencontre adulte contemplatif », un peu comme si Arraki rencontrait Wong Kar-Wai, ce qui est finalement un très beau cocktail mêlant avec brio la hargne à un fort aspect bucolique, le tout étant léché jusqu'au bout des ongles.
Malgré la courte durée des titres, l’œuvre se vit résolument comme un tout. « Social Caterpillar » et « Non Fiction » vont ensemble car même si ce sont deux entités distinctes, on ne peut y voir qu'une continuité. Le disque se dessine finalement comme un périple court mais intense dont le lieu clef change à chaque titre pour se finir sur un titre éponyme d'anthologie. Bien sûr, la violence est présente mais elle est loin d'être étouffante, on pourrait même la qualifier comme faisant partie du décor, comme un élément dont on ne pourrait se défaire. Il faut donc passer au dessus pour saisir le petit détail caché derrière. Un parti pris qui aurait pu décourager l'écoute mais qui au final sera salvateur et qui sublimera les mélodies distillées par la formation. « Steps » par exemple qui progresse tout au long de sa construction mélodique pour que l'on finisse par apercevoir – au bout d'un certain temps - les petits chœurs cachés à la fin. Un travail d'orfèvre donc.
« Is Survived By » est un très bon disque à se procurer à coup sûr, que vous aimiez le Screamo ou le Hardcore. Adaptable selon les cas et renouvelant sans cesse ses sources d'émotions, il ne cessera de vous récompenser de votre persévérance à son égard. Une petite demi-heure de violence et puis s'en va. Reste la mélancolie qui vous poursuivra encore de longues heures dans votre tête, faites-moi confiance... DONNEZ VOTRE AVIS Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer. 13 COMMENTAIRE(S) citer | Susceptibilité ah ah, ce qu'il faut pas entendre ! On est sur Internet hein, si j'étais si susceptible, je me serais taillé à la moindre petite remarque. Tu me demandes des justifications, je t'en donne, point à la ligne. Maintenant, tu connais ma position et pourquoi j'ai mis ce terme là et pas un autre. Après, si j'estimais qu'il y avait débat et que j'étais en tort (comme sur une autre chronique de je-sais-plus-qui d'ailleurs), j'aurais changé le terme pour mieux coller. Sauf que là, j'estime que je ne suis pas dans le faux.
Simplement, l'éternel débat casse-couille, sur tel groupe c'est ça et pas ça, j'ai passé l'âge et j'estime que j'ai mieux à faire dans la vie que ce genre de délire intégralement touche-pipi. Honnêtement, à part la petite sphère webzine/chroniqueur/internet/forums : tout le monde s'en tamponne le derch' de savoir quel terme colle le mieux au groupe.
Après, je suis d'accord, je préfère aussi les deux autres skeuds du groupe qui sont c'est vrai, plus nerveux, que je compte chroniquer sous peu de toute manière, ça te donnera l'occasion de revenir me faire un petit bisou. | citer | lkea 27/05/2014 21:29 | note: 8/10 | Très bon album, moins dynamique/brut que les précédents, plus soigné, mais qui gagne sur la longueur. Les textes sont très bons aussi, vraiment touchants (voire un peu gênants... bref.). Bonne chronique Max' ! | citer | Tout est une question de conception de la musique, c'est évident, pour moi c'est du pop-rock. | citer | Belle preuve de susceptibilité... 90% des groupes que tu cites c'est exactement la même scène que SDRE ou Thursday... Bref.
"Post-hardcore", pour moi ça ne veut rien dire. C'est comme hardcore alternatif, et rock alternatif, tiens. Mais c'est très pratique, je te l'accorde, ça évite d'employer des mots comme "fusion", "melting-pot" et "métissage" ; et puis ça évite aussi les étiquettes à rallonge genre "grunge-metal-noise-rock-indie-crust-punk". À partir de là, oui, Fugazi, c'est post, comme Neurosis, Quicksand, The Jesus Lizard ou Breach...
Ce que je pense du disque ? Que c'est de loin pas ce qu'ils ont fait de mieux. Grosse préférence pour Parting The Sea Between Brightness And Me et To The Beat Of A Dead Horse, nettement plus écorchés, nettement plus ... Nerveux ?
Allez, la bise.
| citer | Juste que MLIW et Defeater c'est pas du screamo. Le screamo c'est tabou ! Après, Touché Amoré j'aime pas donc peu importe ce que c'est. En tout cas j'avais été bien déçu (si on peut dire, parce que je n'en attendais rien) par le précédent que tout le monde m'avait survendu, donc celui-là passera à la trappe. | citer | Ouais, sauf que non, j'entrevois pas du tout l'émo de la manière des "merdes qui passent sur MTV", je suis pas complétement crétin et je ne suis pas non plus "l'imaginaire collectif", merci. Donc tes "évidences mais pas pour tout le monde", bah voilà voilà, t'as compris où je veux en venir et tu peux éventuellement te débrouiller tout seul pour savoir où les ranger.
Simplement, le terme émo évoque pour moi American Football, Joan Of Arc, Mineral, The World Is A Beautiful Place & I Want To Die, Empire! Empire!, Football Etc, Park Jefferson, Everyone Everywhere...
Fugazi par exemple n'a rien d'émo à mon sens. Que ça ait eu une influence sur les groupes d'émo, certes - l'émo en découle même dirais-je -, mais pour moi ça reste du Post-Hardcore. On a juste pas la même conception du genre. Par conséquent, mettre le qualificatif "émo" sur Touché Amoré, c'est complétement hors-sujet de mon point de vue (et attention tadam, grande magie de la logique, c'est pour ça que tu retrouves le terme "Post-Hardcore" dans le descriptif de Touché Amoré, histoire de coller aux références que tu mentionnes). Je pense simplement que ce que tu qualifies d'émo, je le qualifie de Post-Hardcore. Pas plus compliqué que ça.
Du coup, je vais me répéter "pour la énième fois" : Citation : On peut y retrouver des éléments glissés en furtif mais en comparaison de l'émo que j'écoute (c'est à dire le Midwest Emo à la American Football, etc...), je ne vois aucun rapport.
Maintenant que ce petit point stylistique ô combien ennuyeux et vain est éclairci, on pourrait espérer passer à autre chose peut-être ? Comme ce que tu penses du disque ou des trucs intéressants dans le genre...
| citer | C'est là où t'as faux mec ! La notion galvaudée c'est bien celle d'emo - dans l'imaginaire collectif "emo" c'est Funeral For A Friend, Panic At The Disco, ou dieu sait quelle merde qui passe sur MTV avec des kidz fans de glam-rock... alors que putain, Fugazi, Sunny Day Real Estate, quoi. Ou même les premiers Thursday, à la rigueur. Enfin bref. Des évidences, mais peut-être pas pour tout le monde... | citer | Je ne vois pas en quoi Touché Amoré, c'est de l'émo. On peut y retrouver des éléments glissés en furtif mais en comparaison de l'émo que j'écoute (c'est à dire le Midwest Emo à la American Football, etc...), je ne vois aucun rapport. Ceci explique le fait que je n'en parle pas. Deuxio, les batailles d'étiquettes, je m'en fiche un peu, je reprend les définitions utilisées fréquemment pour définir Touché Amoré, afin que le lecteur puisse facilement se repérer et même si l'étiquette "Hardcore mélodique" est galvaudée selon toi, elle parle sûrement plus au lecteur que si j'écris "émo" qui va l'orienter selon moi, sur une fausse piste.
Corrigé pour la faute de frappe. Thanks | citer | Pour la énième fois, hardcore mélo / émo : pas la même du tout. Touché Amoré c'est de l'émo. N'ayez pas honte d'utiliser les dénominations appropriées... il existe de très bon disques d'émo et il n'est pas utile de se réfugier derrière des termes faussement plus "virils" comme hardcore mélo (cf. Rise Against / The Ghost Inside / Dead Swans / Heart In Hand, et cie...)... euh sinon, très grosse déception en live ce groupe. Zéro présence. | citer | Et c'est "Defeater", pas "Deafeater"
Pour le reste, je ne me suis jamais penché sur ce groupe... Un peu peur du terme "emo" depuis 2005...
J'esseairai quand même à l'occasion. | citer | Oh bah j'y peux rien s'ils font des guest ensemble. | citer | Je proteste avec véhémence contre la présence de MLIW dans la liste au début. Un peu de respect, faut pas s'étonner que les françois votent FN après. | citer | Amends m'a aidé à l'époque, je t'en remercie.
Ta chronique ne peut donc que me séduire. | AJOUTER UN COMMENTAIRE | Screamo / Post-Hardcore / Hardcore Mélodique 2013 - Deathwish Inc. notesChroniqueur : | 9/10 | Lecteurs : | (6) 8.08/10 | Webzines : | (3) 8/10 |
plus d'infos sur | Touché Amoré Screamo / Post Hardcore - 2007 - Etats-Unis | | |
tracklist01. | Just Exist | 02. | To Write Content | 03. | Praise / Love | 04. | Anyone / Anything | 05. | DNA | 06. | Harbor | 07. | Kerosene | 08. | Blue Angel | 09. | Social Caterpillar | 10. | Non Fiction | 11. | Steps | 12. | Is Survived By | Durée : 29.05 min. |
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13 COMMENTAIRE(S)
28/05/2014 13:41
Simplement, l'éternel débat casse-couille, sur tel groupe c'est ça et pas ça, j'ai passé l'âge et j'estime que j'ai mieux à faire dans la vie que ce genre de délire intégralement touche-pipi. Honnêtement, à part la petite sphère webzine/chroniqueur/internet/forums : tout le monde s'en tamponne le derch' de savoir quel terme colle le mieux au groupe.
Après, je suis d'accord, je préfère aussi les deux autres skeuds du groupe qui sont c'est vrai, plus nerveux, que je compte chroniquer sous peu de toute manière, ça te donnera l'occasion de revenir me faire un petit bisou.
27/05/2014 21:29
27/05/2014 20:47
27/05/2014 19:47
"Post-hardcore", pour moi ça ne veut rien dire. C'est comme hardcore alternatif, et rock alternatif, tiens. Mais c'est très pratique, je te l'accorde, ça évite d'employer des mots comme "fusion", "melting-pot" et "métissage" ; et puis ça évite aussi les étiquettes à rallonge genre "grunge-metal-noise-rock-indie-crust-punk". À partir de là, oui, Fugazi, c'est post, comme Neurosis, Quicksand, The Jesus Lizard ou Breach...
Ce que je pense du disque ? Que c'est de loin pas ce qu'ils ont fait de mieux. Grosse préférence pour Parting The Sea Between Brightness And Me et To The Beat Of A Dead Horse, nettement plus écorchés, nettement plus ... Nerveux ?
Allez, la bise.
27/05/2014 19:41
27/05/2014 18:33
Simplement, le terme émo évoque pour moi American Football, Joan Of Arc, Mineral, The World Is A Beautiful Place & I Want To Die, Empire! Empire!, Football Etc, Park Jefferson, Everyone Everywhere...
Fugazi par exemple n'a rien d'émo à mon sens. Que ça ait eu une influence sur les groupes d'émo, certes - l'émo en découle même dirais-je -, mais pour moi ça reste du Post-Hardcore. On a juste pas la même conception du genre. Par conséquent, mettre le qualificatif "émo" sur Touché Amoré, c'est complétement hors-sujet de mon point de vue (et attention tadam, grande magie de la logique, c'est pour ça que tu retrouves le terme "Post-Hardcore" dans le descriptif de Touché Amoré, histoire de coller aux références que tu mentionnes). Je pense simplement que ce que tu qualifies d'émo, je le qualifie de Post-Hardcore. Pas plus compliqué que ça.
Du coup, je vais me répéter "pour la énième fois" : Citation : On peut y retrouver des éléments glissés en furtif mais en comparaison de l'émo que j'écoute (c'est à dire le Midwest Emo à la American Football, etc...), je ne vois aucun rapport.
Maintenant que ce petit point stylistique ô combien ennuyeux et vain est éclairci, on pourrait espérer passer à autre chose peut-être ? Comme ce que tu penses du disque ou des trucs intéressants dans le genre...
27/05/2014 17:22
27/05/2014 15:36
Corrigé pour la faute de frappe. Thanks
27/05/2014 10:48
27/05/2014 08:35
Pour le reste, je ne me suis jamais penché sur ce groupe... Un peu peur du terme "emo" depuis 2005...
J'esseairai quand même à l'occasion.
27/05/2014 01:30
27/05/2014 00:34
26/05/2014 23:28
Ta chronique ne peut donc que me séduire.