Mellow Harsher - Demo

Le Grindcore a donné naissance à pléthore de sous-genres, chacun désireux de prendre l'une de ses composantes pour l'amplifier, l'exagérer au maximum. Juste pour voir ce que ça donne. Ainsi sont plus ou moins nés le Fastcore et la Powerviolence, des terres poétiques et posées où les groupes rivalisent d'idées pour faire durer leurs titres (et par extension, leurs disques) le moins longtemps possible. Rendre impossible tout hochement de tête en concert, casser les rythmiques, hurler comme des hystériques et sortir le tout sur support analogique d'à peine plus de cinq minutes : bienvenue dans le monde merveilleux de Mellow Harsher, trio américain ayant signé leur première démo en 2011.

L'auditeur se retrouve comme ce pauvre Charlie Brown qui illustre cette première sortie (et sera reprise sur l'EP "Served Cold", dont nous parlerons sous peu). Recroqueville toi en PLS, à la merci du déferlement incessant de blasts supersoniques et de mid-tempos ravageurs - "Protège ta nuque !" disait l'empereur de la crasserie. Deux postures sont possibles à l'écoute de Mellow Harsher : l'amateur de musiques amplifiées et de violence bête et méchante sera complètement dingue, heureux de trouver de quoi se défouler et rendre fou ses voisins. Le féru de mélodies, de complexité et de beauté métallique ne pourra que rester de marbre, esquissant, au mieux, un sourire face à tant d’exagération, balançant, au pire, la cassette aux oubliettes.

A titre personnel, ce qui me rend fou chez Mellow Harsher, au même tire que chez un Malveillance, c'est ce côté superbement "je pose mon truc là, ne faites pas attention à moi". Aucun respect des codes, aucun respect d'une éventuelle demande de l'auditeur, aucune intellectualisation de la démarche comme de la composition. Le but est de jouer le plus vite et le plus fort possible. Si dans le cas du one-man band canadien que je viens d'évoquer, la technique est reléguée au second plan, chez Mellow Harsher, on ne peut que saluer l'endurance des musiciens - mention spéciale faite au batteur, véritable monstre. Le duo de voix fonctionne très bien, vomissant des paroles incompréhensibles mais que l'on devine relativement stupides ("Ski Mask", "Wizard Burn").

Impossible d'isoler un titre par rapport à un autre puisque cette première démo les enfile, sans discontinuer, pendant à peine six minutes - oui, neuf titres en six minutes. Handicapé par un son un peu trop "brut" pour le genre (défaut corrigé sur leur dernier EP), la démo est pourtant bien équilibrée, aménageant quelques petits mi-tempos pour permettre à l'auditeur de reprendre son souffle... Avant de lui briser la nuque avec des bass-drops dignes d'Enola Gay et Little Boy. Au détour d'un Yacopsae en plus brouillon et d'un Jesus Cröst sans l'abus de samples, à la frontière du Noisecore, on retrouve Mellow Harsher et son envie pure et simple de faire parler la poudre.

Vous l'aurez compris, le trio américain s'en fiche complètement. Comment comprendre autrement le fait de mettre à prix son dernier EP à 420$ (!) sur Bandcamp, et dans le même temps, de le poster en intégralité sur Youtube ? Comment voir les choses autrement quand le dernier titre pose à la fois un solo de gratte complètement raté et des chœurs dignes du Hardcore au milieu d'un maelstrom de frappes et de hurlements ? Mellow Harsher est à l'image de ce qu'il produit : une entité sans concessions. Et, comme tout groupe "entier" dans la démarche, ça passe ou ça casse. A vous de voir, mais chez moi, c'est tout vu.

Et, dans le pire des cas, vous ne perdrez que 5 minutes et 46 secondes de votre vie.

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