Goatvermin - Détruire
Chronique
Goatvermin Détruire
Ecouter Goatvermin procure immanquablement le même plaisir que lorsque, après avoir tailladé une prostituée à l’aide d’une lame effilée, l’on se masturbe dans sa lingerie imbibée de sang. Plaisir rare que seuls les esthètes authentiquement barbares connaissent et dont le Détruire dont il s’agit ici constitue un témoignage musical et spirituel de grande importance.
Spirituel, car ce qui distingue le groupe franc-comtois de la masse des cloportes du métal noir bestial, infrahumanité se vautrant dans la goatviolence la plus débridée mais sans jamais en saisir la portée métaphysique, c’est sa capacité à étreindre l’illumination à travers l’ultraviolence, dissolution radicale de l’Être qui est la véritable Voie de la main gauche. En effet, si les mots se font parfois guerriers (Infanterie Enfer) et que l’ombre altière de Jünger plane parfois (Storm Of Steel), le propos relève fondamentalement de la sauvagerie aveugle. Les salves diaboliquement précises de batterie-artillerie, la saturation par le feu des riffs visent moins la victoire militaire que l’annihilation, et le salut qui en découle. Loin de l’humanisme sélectif du métal noir national-socialiste et de l’infantilisme d’une scène de mauvais catholiques, dits orthodoxes, Goatvermin, bien que les fins du groupe diffèrent sensiblement des siennes, se fait le chantre, peu ou prou, de la même méthodologie, le même non-droit de la guerre que, au hasard, Abu Bakr Naji.
Aux bonnes âmes, so trve, drapées dans leurs habits noirs adolescents, croix de St Pierre autour du cou confondue avec un oripeau satanique, qui seraient surprises voire choquées par tant de haine, il ne sera pas inutile de rappeler que, à défaut de leur vouloir du bien, Goatvermin ne masque pas ses intentions, et ce, depuis un moment. Son exposé programmatique, entamé avec des œuvres fortes et sâles telles que, notamment, Crevez tous (autoproduction, 2013), l’anthologie Cinq années de guerre totale (Gaulhammer Production, 2014) ou sa collaboration venimeuse avec d’autres amoureux de l’espèce humaine, Cult Of The Horns (Satanath Records/Ira Militias Prod./Dark East Prod., 2014), trouve dans Détruire une formulation provisoire aboutie, réutilisant certains instruments de torture déjà connus – aux propriétés lustrales avérées – (le réengistrement de ses « classiques » Pogrom Of Hate ou Mort Aux Traîtres par exemple), et en en employant de nouveaux, attestant de raffinements inédits (Mord Gewalt Urin – vision enchanteresse !). La précision des coups portés s’en trouve accrue, sans que jamais la bête ne s’efface devant le banal musicien. Les grognements et cris, fulgurances aigües et ralentissements brutaux, agissent comme un rappel permanent de la voie existentielle choisie : la force n’est rien, seule la violence compte.
S’inscrivant dans la belle tradition meurtrière du comté de Bourgogne où il sévit, de Marcel Lamielle à Franck Zoritch, sans exclusive, le monstre Goatvermin synthétise dans son exubérance toute génocidaire la précision d’une certaine école canadienne de la brutalité et la fidélité au ur-black metal originel, dont l’Amérique du sud est largement dépositaire. Là où d’autres ne font que répéter – bégayer – un passé glorieux, Goatvermin impose naturellement son identité dans la tradition tant l’inactualité de son propos le rend pertinent en ces temps de confusion et de dégénérescence généralisées.
| S. Gyre 4 Mars 2017 - 1490 lectures |
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