Sollertia - Light
Chronique
Sollertia Light
Basé à Minneapolis ce projet surprenant n’est pourtant pas du tout Américain de prime abord, car ce duo trouve ses racines un peu partout sur le vieux continent vu qu’il est composé du vétéran Britannique James Fogarty (IN THE WOODS, OLD FOREST) au chant, du Français Voa Voxyd (AD INFERNA, DE PROFUNDIS) aux instruments, et de la Serbe Vanja Obscure (qui intervient vocalement sur quelques titres), qui viennent tous d’horizons musicaux très différents. Cette association colle à merveille au nom du groupe qui signifie en Latin l’habileté et l’adresse, et il va en falloir beaucoup pour faire cohabiter toutes les idées du duo qui en prend chacun de son côté pour ensuite les associer et obtenir un mélange original entre Dark Metal, Progressif et relents de Doom ici et là. Si trop souvent ces mélanges des genres se révèlent assez mitigés ici ça n’est absolument pas le cas, le binôme réussit en effet à emmener l’auditeur en voyage, au tréfonds de l’âme humaine, de sa vie jusqu’à son dernier souffle entre purgatoire et paradis, le tout sans jamais sonner kitch ou pompeux.
Comme on s’en aperçoit avec « Abstract Object Theory » qui démarre au piano doucement, l’ensemble va être d’une grosse densité et homogénéité, car dès que la guitare et le chant très haut entrent en piste l’attraction est immédiate et l’intérêt ne va que peu retomber par la suite. En n’hésitant pas à mettre en avant des moments plus puissants qui restent cependant toujours dans une veine mélancolique et de deuil où l’onirisme de la musique se mêle à des passages planants et une voix inspirée qui n’en fait jamais de trop. Plus on avance dans cette quête spirituelle et plus les influences classiques se font apparentes, notamment sur « Enter The Light Eternal » où l’on peut entendre du clavecin et aussi un court passage électrique qui reprend de manière furtive le « Lac des Cygnes » de Tchaïkovski, pour un rendu apaisant et tout en douceur, à l’instar du plaintif « Mathematical Universe Hypothesis ». Entre la voix haut perchée et les nombreux solis d’une guitare qui ne cesse de pleurer, on trouve des nappes de clavier très éthérées qui donnent l’impression que l’âme est sur le point de quitter son enveloppe charnelle pour s’envoler vers son destin. Cependant les deux compères ne se contentent pas de répéter ce schéma indéfiniment, car avec une durée globale de près d’une heure il est facile de vite tomber dans la redondance et l’ennui, hors ils ont ajouté aussi à certaines parties plus pêchues qui restent néanmoins en raccord avec le thème et le genre pratiqué. « The Devil Seethe » est un des meilleurs exemples par ses passages dynamiques où le tempo monte un peu en pression, et où l’invitée des Balkans laisse libre court à son talent vocal, pour un morceau à la grande variété et aux arrangements superbes, tout comme « Dark Night Of The Soul » plus remuant et qui montre une facette plus simple et directe du combo, tout en étant encore et toujours parfaitement raccord, où la lumière côtoie la nuit tombante avant l’apothéose finale.
Durant plus de huit minutes « Positive Disintegration » nous offre un vrai panel de ce qu’on a entendu auparavant, en poussant l’ensemble plus loin pour offrir un vrai titre à tiroirs et un côté plus rock affirmé. Après une première partie qui monte doucement en pression le tout finit par exploser et sonner un peu comme du PARADISE LOST et MY DYING BRIDE de façon plus poussée qu’auparavant, tout en n’oubliant pas d’y inclure des orchestrations soignées et délicates où l’on peut entendre des cris d’enfants qui jouent. On pense alors qu’on en a terminé mais il n’en est rien car le tout repart de manière jouissive faisant alors penser à une montée au ciel et au voyage vers l’inconnu, d’ailleurs ce sentiment est accentué sur le morceau-titre (au nom bien trouvé) qui fait office d’Outro très symphonique et qui aurait pu figurer au générique de fin d’un film fantastique.
A la fois sombre et lumineux, le rendu est très enthousiasmant et le boulot fourni par les deux acolytes proprement énorme, tant l’ensemble est sur un fil mais sans jamais basculer d’un côté ou de l’autre, tout en sensibilité et subtilité. Outre un dosage précis de chacun des instruments et de la durée générale de chacune des compos, on s’aperçoit que la citation de Jean-Paul Sartre qui figure à l’intérieur du digipack colle réellement à l’ambiance créée, celle-ci dit : « Plus claire la lumière, plus sombre l’obscurité … il est impossible d’apprécier correctement la lumière sans connaître les ténèbres ». A méditer et à repenser au cours des écoutes multiples que demandera cette galette, dont on découvre à chaque fois quelquechose de nouveau, et qui se montre beaucoup plus philosophique et subtile qu’il n’y paraît la première fois.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Sosthène
Par Sosthène
Par Lestat
Par AxGxB
Par Lestat
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par MédisanteMéd...
Par coreandcoupdate
Par Jean-Clint
Par Jean-Clint
Par coreandcoupdate
Par Sosthène
Par Ash
Par Dantefever