chargement...

haut de page

My

Remontez pour accéder au menu
268 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Godflesh - Post Self

Chronique

Godflesh Post Self
Résolution de 2018 : faire figurer Godflesh sur ce site.

Comme toutes les résolutions prises auparavant, je ne suis pas certain de pouvoir la tenir longtemps. Mais il me fallait bien cette motivation pour me décider à parler de la formation, tant j'ai repoussé l'échéance maintes fois. Parler de Godflesh est comme parler de Neurosis : où commencer dans cette discographie monstrueuse, avec des ramifications aussi essentielles les unes que les autres (projets parallèles compris) ? Que dire qui n'a pas déjà été dit ailleurs ? Plus important encore, comment transmettre les milles nuances d'émotions, de pensées, qui me traversent quand je l'écoute ? Sûr que la sensation de passer un diplôme quand j'écris une chronique ne m'a jamais été agréable – mais là, elle n'a jamais été aussi forte.

Donc, mesdames et messieurs du jury de l'Industrie, j'ai décidé de commencer par la fin. Car Godflesh, après un retour aux affaires qui m'avait laissé particulièrement froid (A World Lit Only by Fire et l'EP Decline & Fall, où Justin Broadrick et B.C. Green me donnaient l'impression d'être un duo qui avait tout compris à la manière de faire sa musique... et rien de plus, comme un ersatz sans profondeur), revient. Et, surtout, redevient cette entité entêtante, mystérieuse et si pertinente que j'écoutais en boucle lors de mes années étudiantes, esprit et quotidien tournant dans le vide. C'est le premier sentiment que donne Post Self : celui d'être, non pas face à un « retour », mais à une suite, où plonger encore plus en avant dans les affres du monde post-moderne, muscles atrophiés d'inactivité, nuque rendue douloureuse par le stress, cerveau et cœur battant au rythme des cliquetis des machines dominatrices (oh, elles se sont faites plus petites, se notifiant avec des bruits d'oiseau ou des couleurs chaleureuses dans votre main ! Elles sont toujours là, partout, amicales et tyranniques). Dès le départ, trois titres où s'enfermer et hurler, accrocheurs au possible, certes peu aventureux mais montrant que cette musique-ci n'a rien perdu de sa force, va au-delà des références datées et situées qu'on peut lui donner, Cronenberg, Tetsuo, Birmingham, pour exprimer ce que l'on a à l'intérieur, quand, face aux stimulations du monde actuel, tout appelle à réagir plutôt qu'agir. Le moi inexistant, oublié comme on se déleste d'un poids, par la constante demande de ce qui nous entoure.

C'est le deuxième sentiment que donne Post Self : celui d'un besoin de fuir, loin, mentalement, dans un univers créé pour soi. Godflesh, enfin, se souvient sur cet album qu'il n'est pas ce groupe uniquement athlétique, rythmique, tel qu'on aime le présenter. Qu'il est fondamentalement humain, prenant le parti de l'homme vivant au sein des machines. Un homme qui n'en peut plus d'elles, s'en va petit à petit, dans des compositions ayant des saveurs intimes. Peu importe que l'on pense ici à Jesu, qu'on ait ses idées fugaces de Isis et Blut Aus Nord comme élèves de ce maître-ci (« MoRTality Sorrow », hein ?) : Godflesh quitte tout cela, et nous emmène avec lui, dans son monde au bleu glacé et distant, la figure assombri d'un ange comme énigme. [Urgent] : « Moi corrompu cherche salut, appelez dès ce message reçu, prêt à partir au plus vite, vêtements et corps laissés à l'entrée. »

En attendant, on se martèle. On subit comme Godflesh, les battements lointains ou assourdissants, les guitares se diluant, cette basse nous attachant à la terre, pris dans cet entre-deux qui est sa vie à lui aussi. C'est le troisième sentiment que donne Post Self : le corps est malheureusement toujours là, inoubliable bien que rendu insensible par le froid, des spirales musicales le triturant mais n'arrivant pas à le défaire. Une masse constante, commune, seul réconfort à cette impossibilité de pénétrer pleinement dans le spirituel. Car Justin Broadrick et B.C. Green n'ont jamais été des mystiques cherchant à faire du prosélytisme : ils ont toujours été des observateurs conscients, faisant de leurs instruments des monographies de leurs errances. C'est le sentiment final que donne Post Self : celui de retrouver Godflesh comme on retrouve quelqu'un à qui s'attacher. Quelqu'un qui n'a pas de réponse à donner, mais qui comprend.

Mesdames et messieurs du jury de l'Industrie, je vous présente mes excuses car je n'ai pas réussi à parler de cet album comme il est bon de le faire, à décrire des morceaux, à sous-peser la production, à expliciter pourquoi cette note fut choisie. C'est comme ça. Je suis incapable de parler de Godflesh tel que vous me le demandez. D'autres, cependant, l'ont fait et le feront encore. Me concernant, je pars, à la recherche du Messiah. A-dieu.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

1 COMMENTAIRE(S)

gulo gulo citer
gulo gulo
04/01/2018 15:25
note: 9/10
On va finir par y arriver, à avoir tous les bons bulletins de vote à disposition avant le dépouillement...

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Godflesh
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs : (6)  8.58/10
Webzines : (15)  7.85/10

plus d'infos sur
Godflesh
Godflesh
Industrial - 1988 - Royaume-Uni
  

tracklist
01.   Post Self
02.   Parasite
03.   No Body
04.   Mirror of Finite Light
05.   Be God
06.   The Cyclic End
07.   Pre Self
08.   Mortality Sorrow
09.   In Your Shadow
10.   The Infinite End

Durée : 46 minutes 38 secondes

line up
parution
17 Novembre 2017

voir aussi
Godflesh
Godflesh
A World Lit Only By Dub

2024 - Avalanche Recordings
  
Godflesh
Godflesh
Pure

1992 - Earache Records
  
Godflesh
Godflesh
Purge

2023 - Avalanche Recordings
  
Godflesh
Godflesh
Streetcleaner

1989 - Earache Records
  

Essayez aussi
The Body
The Body
Master, We Perish (EP)

2013 - At A Loss Recordings
  
Yerûšelem
Yerûšelem
The Sublime

2019 - Debemur Morti Productions
  
The Body
The Body
O God who avenges, shine forth. Rise up, Judge of the Earth; pay back to the ...

2018 - Autoproduction
  
Fange
Fange
Poigne (EP)

2020 - Throatruiner Records
  

Surprise de l'année
Drowning The Light
Conquer or Serve – Special ...
Lire la chronique
Repurgator
Fovea Inferno
Lire la chronique
Purification
Elphinstone
Lire la chronique
Corpus Offal
Corpus Offal
Lire la chronique
Dreaming Death
Sinister Minister (EP)
Lire la chronique
Nydvind
Tetramental II - Telluria
Lire la chronique
Hyperborean Sonorousness European Onslaught 2025
Grave Infestation + Sedimen...
Lire le live report
Corpsefucking Art
Tomatized
Lire la chronique
Hangman's Chair
Hope /// Dope /// Rope
Lire la chronique
Carnophage
Matter of a Darker Nature
Lire la chronique
Combust
Belly Of The Beast
Lire la chronique
Deus Mortem
Thanatos
Lire la chronique
Karyorrhexis
Graven Odes (Démo)
Lire la chronique
Burning Dead
Into the Abyss
Lire la chronique
Radiation
Reactor Collapse
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Mars 2025
Jouer à la Photo mystère
Gozer
This Is Gore
Lire la chronique
Nekyros
Nyxian Path
Lire la chronique
Surgical Invasion
Death Before Dishonor
Lire la chronique
Pissgrave
Malignant Worthlessness
Lire la chronique
Certa Mortis
Diluvium
Lire la chronique
Scour
Gold
Lire la chronique
Moloch
A Bad Place
Lire la chronique
Venefixion
Anointed In Nazarean Blood ...
Lire la chronique
Scorched Earth
The Day Of The Damned
Lire la chronique
Embrace The Suffering - Europe / UK 2025
Carcosa + Fuming Mouth + Mé...
Lire le live report
Obrij
Joseph
Lire la chronique
Death Pulsation
Demo (Démo)
Lire la chronique
Trhä
∫um'ad∂ejja mºoravaj
Lire la chronique
Reekmind
Mired In The Reek Of Doom
Lire la chronique