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Alice In Chains - Rainier Fog

Chronique

Alice In Chains Rainier Fog
En rejoignant Alice In Chains en 2006, William DuVall savait qu’il aurait fort à faire. Pas seulement parce qu’il se devait d’y trouver sa place parmi des musiciens qui pour certains se connaissent et jouent ensemble depuis le milieu des années 80 mais aussi et surtout parce qu’il venait reprendre le micro de Layne Staley, chanteur particulièrement charismatique que personne, à commencer par le groupe lui-même, ne souhaitait voir partir, surtout pas comme ça. Un plan de carrière périlleux, comportant évidemment son lot d’incertitudes mais qui avec la sortie de Black Gives Way To Blue en 2009 va finalement très vite s’avérer concluant (et oui, même sans le regretté Layne Staley). Cette carrière avec Alice In Chains, DuVall la mène depuis maintenant douze ans (soit seulement trois de moins que Layne Staley avec cette même bande de copains) et trois albums. Alors qu’on le veuille ou non, il est bel et bien lui aussi le chanteur d’Alice In Chains. Certainement pas celui dont les gens se souviendront mais celui qui a permis au groupe de se remettre en selle et de sortir encore aujourd’hui des albums particulièrement dignes d’intérêt.

D’ailleurs ce nouvel album intitulé Rainier Fog semble vouloir appuyer cette idée. Si le titre fait référence au Mont Rainier qui surplombe la région de Seattle, l’album a quant à lui été en partie enregistré aux anciens Bad Animals Studios (aujourd’hui appelé Studio X). Il s’agit des studios où a été couché sur bande en 1995 le dernier album d’Alice In Chains avec Layne Staley au chant (Alice In Chains). En faisant ainsi le choix de revenir dans ce lieu plus de vingt ans après y avoir mis les pieds, Jerry Cantrell, Mike Inez et Sean Kinney donnent l’impression d’avoir définitivement tiré un trait sur le passé, d’avoir accepté pleinement et sereinement le départ de leur ami et de voir désormais William DuVall se tenir derrière le micro.

Cinq ans après un The Devil Put Dinosaurs Here qui n’avait pas autant convaincu que son prédécesseur, en grande partie à cause d’une durée quelque peu excessive de plus de soixante-sept minutes, Rainier Fog revoit ses prétentions à la baisse en se contentant de flirter aujourd’hui avec les cinquante-cinq minutes (pour dix titres au lieu de douze). Une bonne idée qui tend à rendre ce sixième album un peu plus facile à digérer lors des premières écoutes qui d’ailleurs lèveront assez rapidement le voile sur la qualité de ce nouvel album. Naturellement moins surprenant qu’un Black Gives Way To Blue que personne n’attendait vraiment après onze ans d’absence, Rainier Fog s’impose pourtant aujourd’hui comme l’album le plus élaboré et homogène de cette deuxième version d’Alice In Chains.

En premier lieu parce que le duo William DuVall/Jerry Cantrell n’a jamais aussi bien fonctionné qu’ici. Si je prêtais à la voix du premier une certaine ressemblance avec les lignes de chant de Layne Staley (notamment sur l’album de son intronisation), celle-ci sont aujourd’hui à l’état de simples résonances. Des réminiscences vocales discrètes mais ténues (plutôt flagrant sur un titre comme "So Far Under") qui permettent en quelque sorte de rattacher entre elles ces deux versions d’Alice In Chains sans pour autant chercher à diminuer l’apport de DuVall sur cette musique encore une fois majoritairement composée par Jerry Cantrell lui-même (DuVall se contentant d’apporter en de rares occasion sa plume comme sur le poignant "Never Fade" inspiré notamment par la mort de Chris Cornell ainsi que celle de sa grand-mère survenue lors des sessions d’enregistrements de l’album). Les deux hommes ont ici atteint une certaine harmonie qui rend désormais encore plus difficile qu’il ne l’était déjà auparavant l’exercice de distinction vocale. Tour à tour, ces derniers alternent ainsi les lignes de chant envoûtantes sans que l’on puisse toujours ouvertement savoir qui fait quoi et à quel moment. Une distinction rendue d’ailleurs encore un peu plus compliquée lorsque ces voix se mêlent à l’unisson sur certains refrains ("The One You Know" par exemple).
En second lieu parce que Rainier Fog se montre un tout petit peu plus constant que ses deux prédécesseurs : Black Gives Way To Blue qui "souffrait" (noter bien les guillemets s’il vous plaît) d’une seconde moitié un poil moins marquante et The Devil Put Dinosaurs Here qui quant à lui manquait "peut-être" (noter bien encore une fois les guillemets s’il vous plaît) un peu de cette immédiateté (car au final, l’album se révélait pourtant vraiment très bon. Certes, un peu plus difficile à appréhender et à digérer mais encore un fois remplie d’excellents morceaux) qui fait aujoud’hui de Rainier Fog un disque très vite addictif. L’album file ainsi sans que l’on s’en rende compte, baignant dans cette aura clair-obscur toujours aussi particulière n’appartenant qu’à Alice In Chains. Un son toujours aussi lourd hérité de la scène Hard Rock/Doom des années 70 ("The One You Know", "Red Giant", "Drone", "Deaf Ears Blind Eyes", "So Far Under"...), que le groupe le plus Metal de cette vague Grunge des années 80/90 (avec Soundgarden) continue d’entretenir trente ans plus tard avec la même passion et la même détermination. A ce titre, c’est donc une fois de plus Jerry Cantrell qu’il faut saluer pour cette finesse dont il fait preuve dans l’écriture et la composition de ce nouvel album. Toujours aussi sombres et désabusés avec de temps à autres des riffs, des idées, des arrangements (du piano ici et là) ou des structures peu orthodoxes, les morceaux d’Alice In Chains conservent pourtant ce côté entêtant, presque catchy, qui les rendent toujours particulièrement addictifs. Il faut dire que la plupart des refrains ainsi que certaines lignes de chants souvent plus lumineuses - contrastant quelque peu avec cette musique plus pesante - aident à faire rentrer ces morceaux dans le coquillard ("The One You Know", "Red Giant", "Fly", "Deaf Ears Blind Eyes", "Maybe", "So Far Under", "Never Fade", "All I Am"...). Un travail absolument impeccable que viennent d’ailleurs souligner ces magnifiques solos (mention spéciale pour celui de "Fly" qui me hérisse le poil à chaque nouvelle écoute) ou ces quelques incartades acoustiques plus ou moins discrètes rappelant la période Jar Of Flies sur "Fly", "Drone" (partie signée de l’ex Queensrÿche Chris DeGarmo avec qui Cantrell a déjà longuement collaboré sur ses deux albums solos), "Maybe" et "All I Am". D’ailleurs, difficile de ne pas évoquer plus dans le détail cette poignante conclusion de plus de sept minutes. Un titre Heavy/Rock particulièrement chargé en émotion. Ici délesté de ces lourdes guitares sabbathiennes, Alice In Chains va choisir de mettre l’emphase sur ce fameux duo vocal comme pour mieux tordre le cou à tous ceux qui jusque-là continuaient de décrire DuVall comme un musicien absolument transparent voir complètement absent.

Il y a cinq ans, The Devil Put Dinosaurs Here avait laissé s’immiscer le doute chez certains fans de la première heure alors quelque peu refroidis par sa durée excessive ainsi que par des titres moins immédiats, encore un plus tortueux qu’à l’accoutumé. C’est vrai, l’album n’était pas des plus faciles à appréhender. Pire, celui-ci n’invitait pas forcément à la réécoute comme c’était le cas de son prédécesseur, l’excellent Black Gives Way To Blue, que bon nombre de fan ont dû largement poncé. De fait, nombreux sont ceux à avoir abordé ce Rainier Fog, le cœur un peu crispé, plein d’interrogations en tête. Fort heureusement, il n’a pas fallu plus de quelques écoutes pour balayer ces craintes et se voir gonflé par un sentiment de pleine satisfaction. Car si beaucoup de groupes de cette époque, tous genres confondus, sont aujourd’hui des groupes bien souvent complètement à côté de la plaque, Alice In Chains continue quant à lui d’être ce groupe absolument brillant, unique, inclassable, torturé et sombre. Qu’importe les épreuves de la vie, qu’importe les modes et qu’importe les divergences, Alice In Chains a su rester fidèle à lui-même à travers toutes ces années, attestant une fois de plus de toute la pertinence de son propos tout en se permettant de bousculer certains fondements (l’omnipotence de Jerry Cantrell qui tend, petit à petit, à diminuer au fil des récentes sorties). Conscient que ce disque n’aura jamais l’impact d’un Dirt, Rainier Fog n’en demeure pas moins une très belle sortie de la part de l’un des groupes Rock les plus marquants des années 90.

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2 COMMENTAIRE(S)

hammerbattalion citer
hammerbattalion
01/03/2019 10:24
Une fois de plus superbe album, émouvant, lourd, varié, ils ne sont pas si nombreux les rescapés des années 80/90 qui pondent des sorties dignes de ce nom....
Pour la complémentarité des vocaux, je me souviens d'une interview de Jerry qui expliquait que William est plus un choriste de luxe sur les albums, contrairement au live où il devient frontman.
Un rescapé ce Jerry aussi d'ailleurs.
Scum citer
Scum
08/10/2018 23:52
Tout est dit. Jerry Cantrell a toujours le don pour trouver ces riffs qui rockent avec une pointe de mélancolie et des refrains qui restent vite coincés dans le crane.

Super album une fois de plus, qui m'a donné envie de me remettre le précédent (que j'avais un peu trop sous-estimé à sa sortie).

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Alice In Chains
Grunge
2018 - BMG
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs : (4)  6.75/10
Webzines : (15)  8.25/10

plus d'infos sur
Alice In Chains
Alice In Chains
Grunge - 1988 - Etats-Unis
  

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Rainier Fog
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Never Fade
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Alice In Chains

Extrait de "Rainier Fog"
  

tracklist
01.   The One You Know  (04:49)
02.   Rainier Fog  (05:01)
03.   Red Giant  (05:25)
04.   Fly  (05:18)
05.   Drone  (06:30)
06.   Deaf Ears Blind Eyes  (04:44)
07.   Maybe  (05:36)
08.   So Far Under  (04:33)
09.   Never Fade  (04:40)
10.   All I Am  (07:15)

Durée : 53:21

line up
parution
24 Août 2018

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