Totalitarian - Bloodlands
Chronique
Totalitarian Bloodlands (EP)
Parfois on se demande ce qui se passe dans la tête de certains groupes tant leurs choix artistiques se révèlent quelques fois surprenants voire carrément déroutants, pour le meilleur mais aussi trop souvent pour le pire. On ne citera pas le grand nombre d’exemples où des formations plutôt intéressantes (voire carrément cultes) ont plongé tête baissée vers un accident industriel pour le moins grave, et jusqu’à la catastrophe en règle dans les cas de ratage les plus mémorables. Si le sujet est ici abordé c’est que cette mystérieuse entité romaine (dont on ne sait absolument rien sur son line-up) fondée en 2017 a décidé de jouer le contre-pied intégral de son agréable premier album (« De Arte Tragoediae Divinae ») qui a bénéficié de bons retours, et qui proposait des morceaux très longs où la diversité des tempos était de mise tout comme les ambiances réussies. Car là où cet opus prenait son temps pour exprimer tout son potentiel ici au contraire cet EP a décidé d’aller à l’essentiel en raccourcissant son propos, mais surtout en jouant la surmultipliée question rythme. Il faut dire qu’avec un nom pareil et une fiche promotionnelle qui promet musicalement une brutalité hors-norme, et à faire passer selon elle nombre de faits d’armes de la seconde guerre mondiale (comme les ruines de Varsovie, les camps de la mort et les massacres sur le front de l’est) pour des choses négligeables comparé à ce qui nous attend avec cette sortie. Du coup on se doute bien que la douceur ne va pas être présente, surtout quand en supplément le label nous informe que l’ensemble conviendra aux fans de MARDUK, ZYKLON-B, ANGELCORPSE, MAYHEM, SAMMATH et des anciens 1349.
Et en effet musicalement il n’y aura aucun survivant ni rescapé tant ce qui va suivre va être d’une brutalité sans nom … mais aussi particulièrement ennuyeux, et c’est ça le principal problème. Car c’est bien beau de vouloir jouer au plus rapide et au plus extrême possible mais encore faut-il que la qualité soit là, or ici justement durant la presque demi-heure qui va suivre on va avoir l’impression d’entendre un seul et unique titre, qui se répète inexorablement. Car dès que se clôture l’introduction martiale aux roulements de caisse claire glaçants (et où des chants grégoriens retentissent dans le néant) de cette compo intitulée « 1933 », c’est parti par un déluge de blasts en continu et qui ne va pas s’arrêter jusqu’à sa conclusion. Si le batteur montre une précision chirurgicale et une vitesse qui n’a rien à envier à Stormblast d’INFERNAL WAR, en revanche au niveau de la technicité du jeu c’est beaucoup plus rudimentaire, à l’instar du riffing qui reste en permanence basique et primaire, ainsi que du chant qui n’évolue pratiquement pas renforçant ainsi cette sensation de bloc hermétique. Hormis quelques roulements de toms ici et là le monolithique « On The Wings Of The Great Terror » va reprendre exactement le même schéma tout en montrant déjà des limites, tant l’ennui est déjà en ligne de mire après si peu de temps. Pourtant avec le début de « Defeated, Destroyed And Divided » on pouvait penser que les choses allaient enfin changer, vu qu’on a droit à des notes de guitare coupantes, audibles et glaciales en guise d’introduction mais qui hélas ne vont pas durer, et les choses vont ainsi reprendre là où elles en étaient restées auparavant (même s’il faut noter de légères variations au niveau des blasts). Cela continuera avec l’ennuyeux « Liberators » (qui a au moins le mérite de proposer des relents martiaux intéressants au départ) et surtout avec l’insipide « Of Bullets And Gas » où l’attention s’est définitivement envolée vers d’autres pensées ou horizons, laissant la batterie se faire tabasser dans le vide.
Car malgré le fait qu’on se retrouve presque embarqué en plein siège de Stalingrad (vu que le nom de cette galette semble tirée du fameux bouquin de l’historien Timothy D. Snyder, nommé « Bloodlands : Europe Between Hitler And Stalin » - 2010) et que la brutalité exercée ici est implacable, il n’y a pas grand-chose à sauver dans cette entreprise sauf peut-être l’outro « Deathcult Eternal » (où ici un côté bande originale de film se fait entendre) où l’on constate les pertes une fois la bataille terminée. Alors certes l’idée de départ pouvait être louable, mais là où la Division Panzer menée par Morgan Håkansson et ses sbires avait su créer il y’a plus de vingt ans de cela une œuvre mythique (qui se fait bien plus fine et élaborée qu’il n’y parait) TOTALITARIAN rate lui complètement sa cible en créant plus de somnolence que de peur. Bref celui-ci aurait surtout dû rester dans le créneau plus intéressant où il évoluait il y’a encore peu de temps et où il ferait sans doute bien de revenir rapidement, car ça n’est pas avec cette formule à l’intérêt plus que limité qu’il va se faire un nom, bien au contraire !
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