chargement...

haut de page

My

Remontez pour accéder au menu
200 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Satan - Toutes Ces Horreurs

Chronique

Satan Toutes Ces Horreurs
Forcément, quand un groupe comme Satan décide d’arrêter ses activités – suite au départ de son bassiste et le déménagement de son guitariste –, l’heure vient de faire un petit bilan personnel de son lien avec lui. Car les Français m’ont marqué plus d’une fois, que ce soit au travers de concerts mémorables (je retiens particulièrement celui donné au regretté Yell Fest ainsi que celui fait à l’école des arts décoratifs de Strasbourg, tous deux m’ayant montré que « Black / Punk » n’était pas qu’un genre mais aussi une émotion pouvant se vivre en direct), de discussions lors de ces moments (des mecs aussi intéressants dans leur musique qu’en dehors), ainsi que des œuvres où chacune a su créer un lien particulier avec elle.

C’est une nouvelle fois le cas avec Toutes Ces Horreurs, troisième longue-durée des Français qui succède à l’étonnant Un Deuil Indien. Une œuvre testamentaire donc, volontairement ou accidentellement, qui semble pourtant ouvrir une nouvelle porte dans le style de la bande. Il est clair que Satan a pu questionner énormément, la furie de L’odeur du Sang ayant laissé la place à d’autres envies et sentiments contrastés, lors d’un split avec Sordide plus expérimental et décadent, un second album plus noise et misanthropique. Le deuil dont parlait alors Léo Vittoz, hurleur en chef, paraissait être aussi celui de cette véhémence aussi punk que black metal qui marquait jusque-là la formation. L’odeur du Sang était le résultat d’années passées sur les planches et dédiées à l’underground, faisant le pont entre radicalité grindcore des débuts et radicalité black metal de la suite. Mais ce qui lui a succédé laisse croire que l’œuvre de Satan commence après.

En effet, Toutes Ces Horreurs ne renoue pas avec la violence abrasive de son grand-frère mais poursuit la démarche entamée avec Un Deuil Indien. Toujours porté par une exécution rapide (seul dénominateur commun à l’ensemble de sa discographie), Satan donne malgré tout des impressions plus nuancées et développées sur ces nouvelles trente-trois minutes, à commencer par un « Confitures Pour Cochons » qui plonge à pied joint dans ce surréalisme français marqué par Jean Cocteau influençant en filigrane ses compositions. En soi plus proche du projet en solitaire de Léo « Riton La Mort » (Bière Noire), ce titre reste étonnamment cohérent avec les autres titres de l’album, comme une introduction qui donne des indices sur les intentions de l’œuvre.

Au premier abord, Toutes Ces Horreurs paraît pourtant être une continuité, presque un décalque, de Un Deuil Indien. Pareillement rectiligne et amer, couleur grise d’une actualité en perdition où le poète hésite entre s’enfuir dans l’abstrait et arracher les têtes des coupables, il approfondit cette plongée dans un black metal de plus en plus présent et « pur », délaissant la révolte punk au profit d’une aigreur affichée. Pourtant, des éléments, timides au départ puis finissant par prendre une place de choix dans l’identité particulière de ce nouvel album, apparaissent et marquent progressivement : « Zone d’Inconfort » et ses voix glauques, ses boucles nauséeuses ; « Le Sang Des Bêtes » et ses riffs hachés, comme pour faire payer à l’Homme les tortures qu’il systématise aux autres espèces ; la fuite en avant « Peinture Au Plomb », avide d’air, presque dansante, trop vive pour la camisole... De quoi halluciner de ce monde froid, urbain malgré des rêves d’évasion dans la tête, où la révolte s’habille d’un cynisme prouvant son impuissance à changer les choses.

Tout cela fait de Toutes Ces Horreurs l’aboutissement de ce que paraissent avoir voulu créer les Français ces dernières années, Un Deuil Indien en devenant une sorte de croquis préparatoire (mais conservant pour lui une atmosphère triste le rendant toujours intéressant). Certes, l’album contient son lot de défauts, à commencer par un final arrivant comme un cheveux sur la soupe (la piste ambient « Lève-Toi Et Rampe », incongrue par rapport à l’unicité de ce qui la précède), mais c’est ici que cette raideur continue renvoyant aux débuts de la seconde vague du black metal, cette ambiance à la fois française et atypique, se présentent sous leur plus beau manteau (« Le Sang Du Poète » et « Faux-Amis » par exemple). Plus constant, l’ensemble prend avec lui pour ne pas nous lâcher, bien qu’il demande quelques rencontres préliminaires avant de pleinement y entrer. Une dernière œuvre qui, si elle donne à imaginer sa suite (notamment lors du morceau-titre où les Français jouent les prolongations avec réussite), convainc que cette énigme qu’était Satan se termine sur un point final où les réponses suffisent largement.

Il me semble – mais c’est à vérifier – que Roland Barthes disait que l’acte d’écrire revenait à « faire trace ». Qu’il s’agissait de transmettre sur le papier des sentiments qui étaient déjà morts lorsqu’on les transcrivait et que cet acte revenait à chercher à les ressusciter. Je pense que cela sera une démarche proche qui me fera continuer à écouter Satan, bien que j’aie différents points de vue concernant chacun de ses albums. Car il a beau avoir été un groupe tour à tour impressionnant, jouissif, énigmatique, un peu décevant par moment, ce qu’il a créé reste fort en plaisir musical brut et en réflexions, par les atmosphères particulières qu’il a pu me transmettre. Toutes Ces Horreurs, au même titre que les autres œuvres des Français, continuera donc de faire trace chez moi, et je compte bien revenir vers elle pour faire revivre un peu, longtemps après la fin, ce qu’elle m’a fait ressentir.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Satan
notes
Chroniqueur : 7.5/10
Lecteurs :   -
Webzines :   -

plus d'infos sur
Satan
Satan
Black Metal / Punk - 2009 - France
  

vidéos
Le Sang Du Poète
Le Sang Du Poète
Satan

Extrait de "Toutes Ces Horreurs"
  

tracklist
01.   Confiture Pour Cochons  (02:35)
02.   La Guerre Lente  (02:18)
03.   Le Sang Du Poète  (02:08)
04.   Caveau Familial  (02:43)
05.   Faux-Amis  (02:25)
06.   Triste Sœur  (02:34)
07.   Zone D'Inconfort  (03:48)
08.   L'Ennemi Déclaré  (01:05)
09.   Peinture Au Plomb  (02:24)
10.   Le Sang Des Bêtes  (02:24)
11.   Toutes Ces Horreurs  (05:20)
12.   Lève-Toi Et Rampe  (03:52)

Durée : 33 minutes 41 secondes

line up
parution
13 Mars 2020

voir aussi
Satan
Satan
L'odeur du sang

2015 - Crapoulet Records / Deaf Death Husky / Neanderthal Stench / No Way Asso / Nuclear Alcoholocaust / Repulsive Medias / Witch Bukkake Records
  
Satan
Satan
Un Deuil Indien

2017 - Throatruiner Records / Deaf Death Husky / Witch Bukkake Records
  
Sordide / Satan
Sordide / Satan
Split (Split 7")

2017 - No Way Asso / Repulsive Medias / Witch Bukkake Records / Saka Čost / Amertume / Jungle Khôl / Organe
  

Essayez aussi
Necromessiah
Necromessiah
The Last Hope Of Humanity

2013 - Punishment 18 Records
  
Sordide / Satan
Sordide / Satan
Split (Split 7")

2017 - No Way Asso / Repulsive Medias / Witch Bukkake Records / Saka Čost / Amertume / Jungle Khôl / Organe
  
Karloff
Karloff
The Appearing

2021 - Dying Victims Productions
  
Impaled Nazarene
Impaled Nazarene
Nihil

2000 - Osmose Productions
  
Alkerdeel
Alkerdeel
Slonk

2021 - ConSouling Sounds / Babylon Doom Cult Records
  

European Assault 2024
Diocletian + Hexekration Ri...
Lire le live report
Carnifex
Hell Chose Me
Lire la chronique
Vesperian Sorrow
Awaken the Greylight
Lire la chronique
Desecresy
Deserted Realms
Lire la chronique
Greybush
A Never Ending Search For J...
Lire la chronique
Korpituli
Pohjola
Lire la chronique
Keys To The Astral Gates And Mystic Doors
Keys To The Astral Gates An...
Lire la chronique
Stress Angel
Punished By Nemesis
Lire la chronique
European Tour - Spring 2024
Bell Witch + Thantifaxath
Lire le live report
Kawir
Kydoimos
Lire la chronique
BELL WITCH
Lire l'interview
Subterraen
In the Aftermath of Blight
Lire la chronique
Conifère
L'impôt Du Sang
Lire la chronique
Darkest Hour
Perpetual | Terminal
Lire la chronique
Mutilated By Zombies
Scenes From The Afterlife
Lire la chronique
Echoplain
In Bones
Lire la chronique
Aristarchos
Martyr of Star and Fire
Lire la chronique
Ritual Death
Ritual Death
Lire la chronique
Terravore
Spiral of Downfall
Lire la chronique
Apparition
Fear The Apparition
Lire la chronique
Diabolus In Musica - Exposition Philharmonie de Paris
Lire le dossier
Skeletal Remains
Fragments Of The Ageless
Lire la chronique
Carnifex
The Diseased And The Poisoned
Lire la chronique
Abigor
Taphonomia Aeternitatis
Lire la chronique
David Eugene Edwards
Hyacinth
Lire la chronique
Lemming Project
Extinction
Lire la chronique
Keys To The Astral Gates And Mystic Doors
Keys To The Astral Gates An...
Lire la chronique
Dödsrit
Nocturnal Will
Lire la chronique
Griefgod
Deterioration
Lire la chronique
Yattering
III
Lire la chronique