Devouring Void - Septic Fluid Dripping From The Open Wounds Of Gaia
Chronique
Devouring Void Septic Fluid Dripping From The Open Wounds Of Gaia (EP)
Si actuellement la scène noire venue du Canada doit sa notoriété à sa partie francophone, les anglophones ne sont pas non plus en reste et rattrapent progressivement leur retard en ce domaine, via des nouveaux rejetons qui émergent de nulle part et placent immédiatement la barre très haut. C’est le cas de ce trio de Vancouver qui à peine quelques mois après sa création trouve déjà le moyen de se faire remarquer avec cet EP particulièrement brut et oppressant, qui va immédiatement nous renvoyer vers les fjords de Norvège au début des années 90. Car si celui-ci ne propose absolument rien de neuf musicalement il réussit cependant durant vingt-cinq minutes intenses à captiver totalement de la première à la dernière seconde, sans jamais baisser en intensité et en accroche. Les gars réussissent en effet à mélanger avec une facilité déconcertante vitesse et ambiances particulièrement obscures, portées par une production rudimentaire mais équilibrée sonnant live, afin d’embarquer l’auditeur dans un univers à la fois sale, glacial, nocturne et spirituel. Du coup il n’est pas étonnant que les compositions à l’instar du son général soient d’un dépouillement poussé à l’extrême, tant la technique y est simplissime et laisse la part belle aux longues plages hypnotiques et répétitives, sans pour autant donner la sensation de tourner en rond ou de baisser en qualité.
D’ailleurs histoire de mettre directement les points sur les i le combo va nous gratifier d’entrée d’un long instrumental, si ce choix peut paraître déroutant on va s’apercevoir que finalement cela colle parfaitement au concept de ce court-format, intense et sans concessions. Car « Infinite Abyss » (qui porte très bien son nom) va embarquer le profane comme le vieux briscard vers quelquechose d’une noirceur absolue, aidée par un tempo qui reste rampant et bridé d’où émerge des riffs coupants ainsi que des cris de désespoir qui nous renvoient en plein Depressive Suicidal Black Metal. Servant d’introduction parfaite (tant les rares cris présents sont absolument pénétrants et suicidaires) il va donner le ton de la suite, qui niveau rapidité va être une autre affaire, tant « Lack Of Empathy » va se montrer plus vindicatif et radical. Car outre le fait d’être la compo la plus courte de cette galette l’ensemble de sa construction va être basée sur une rythmique réduite au minimum où blasts et passages rapides au riffing Punk ne cessent de s’alterner, mettant ainsi en avant les influences des canadiens qui lorgnent vers HORNA, DARKTHRONE, URGEHAL ou encore CRAFT.
Etant aidés en cela par un mixage brut de décoffrage les trois acolytes ne se posent pas de questions et privilégient l’efficacité à tout le reste, chose que l’on retrouve encore sur l’excellentissime « Septic Fluid Dripping From The Open Wounds Of Gaia », au mid-tempo remuant à souhait et parfait pour headbanguer. Voyant l’ajout de passages quasiment groovy grâce à une basse ronflante ce morceau résume le mieux l’écriture des gars qui jouent encore et toujours sur l’alternance, afin d’éviter une linéarité qui aurait été dommageable. Heureusement ceci est totalement absent des débats bien que le style pratiqué y soit propice, en effet même quand ses créateurs se montrent plus directs que précédemment (comme sur le redoutable « Misanthropy Fuelled Mass Suicide » - qui met en avant toute leur panoplie musicale) ils conservent toute leur spontanéité et leur force de frappe, surtout que là-encore l’explosivité reste prépondérante en continu, à l’instar de « Torching The Flower Of Life » qui clôt les débats. Cependant sur cette ultime plage le tabassage s’efface après quelques temps pour laisser place à un break où des notes gelées et neigeuses font leur apparition, avant de lever le pied et de rester calé sur la lenteur, afin de proposer un rendu plus lourd et obscur, joué toujours de façon ultra-convaincante.
Revenant à l’essence même du Metal noir DEVOURING VOID frappe un très gros coup d’entrée avec cette livraison implacable qui rend hommage à la négativité et à la mort, puant la sueur et l’alcool par tous les pores. Cradingue et humide dans son exécution le power-trio propose de (re)découvrir le genre dans ce qu’il a de plus épuré et d’originel, aidé par un côté urgent où l’on pourrait penser que les cinq compositions ici présentes ont été enregistrées dans la foulée de leur création. Sans en faire des tonnes et n’hésitant pas à jouer sur les voix différentes du guitariste et du bassiste pour accentuer le malaise, les gars réussissent un coup de maître dont on attend maintenant la suite, qui sera espérons-le à la hauteur de ce bijou. Celui-ci mélangeant subtilement la folie et la psychiatrie d’un côté au satanisme plus primaire de l’autre, où le Diable et ses légions attendent tapis dans l’ombre ceux qui auront le bonheur de se laisser tenter par cet objet malsain, mais terriblement agréable et à écouter dans des conditions météorologiques et nocturnes optimales, pour que tout son aura y soit restitué le plus fidèlement possible.
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