Fluoride - Disentanglement
Chronique
Fluoride Disentanglement
Qu'est-ce-que j'aime prendre ce genre de torgnoles. Et qu'est ce que je m'en veux de passer à côté de petits bijoux, simplement parce que le visuel ne m'aura pas suffisamment tapé dans l’œil... Désolé, Fluoride, c'est aujourd'hui que je me rachète. Vous le méritez amplement. Mené par une chanteuse qui ferait passer Megan Osztrosits (Couch Slut) pour une jeune fille sage, le trio Fluoride n'est pas des plus productifs. Tout juste une sortie en 2017, pas inintéressante mais qui n'avait pas ce "petit truc" qui me fait accrocher à une galette du genre, et ce "Disentanglement", débarqué l'année dernière en LP chez Nerve Altar. Là, par contre, c'est carton plein. C'est qu'ils ont su me parler, les coquins !
"Disentanglement", c'est un prototype étrange, une sorte de mélange entre la lourdeur du Post-(insérez un terme ici) d'Amenra, le stop'n'go chaotique de Jesus Cröst et le Grindcore tragique des regrettés sweds de Splitter. Rien que ça ? Oui, rien que ça. Et le pire, c'est que ça fonctionne... Très bien. Un disque court, sans limites dans sa violence, mû uniquement par l'énergie du désespoir. Fluoride, c'est l'envie de briser les murs de sa prison de banlieue, de quitter les terres faites de briques, de ciment et de hautes cheminées d'usines. Les titres foudroyants dans leur assauts (la faute, notamment, à un batteur tout en tension) sont immanquablement contrebalancés par des saillies plus pesantes, toutes couronnés par cette voix, hystérique, braillarde, qui perce sans mal l'incommensurable bordel des cordes et des fûts.
"Disantenglement", c'est tour-à-tour l'envie de savater l'intégralité de ton mobilier, puis celle de te jeter par la fenêtre. L'album entier est construit autour de cette dualité d'émotions, aux titres qui plient au sol (le monstrueux "Alienate", "Suffocate") succèdent des accalmies d'une insondable tristesse, enveloppant tout entier dans le smog. Les esprits chagrins pourraient reprocher à Fluoride d'user de ficelles un peu grosses qu'ils n'auraient pas tort. Mais peut-on décemment reprocher à Amenra de sortir le même album depuis dix ans ? Peut-on critiquer un groupe de Grindcore parce qu'il tapisse ses titres de blasts ? Non, parce qu'ils font ce qu'ils savent faire de mieux. Et c'est bien pour ça qu'on les aime.
Effectivement, si l'album perd un peu de son effet de surprise au fil des écoutes ("Ha, tiens, là, ça va redevenir tristounet..."), personne ne pourra enlever à Fluoride son authenticité, ni son envie de soulever les sceptiques par paquet de vingt. Un disque qui fait véritablement mal (et beaucoup de bien), bien composé, interprété avec conviction et caractère. Que demander de plus ?
| Sagamore 19 Septembre 2020 - 662 lectures |
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