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Interview de Maxime, patron d'Heidnir Webzine et High Cathedral Records

Interview

Interview de Maxime, patron d'Heidnir Webzine et High Cathedral Records Entretien avec Maxime (2020)
Salut Max. Première question, histoire de situer le propos : explique qui tu es, ce dans quoi tu t'impliques, ce dont tu es responsable.

Je suis Maxime, à l'origine de la fondation de Heiðnir Webzine il y a maintenant trois ans et demi. Nous étions trois à l'époque mais je suis le seul membre fondateur à avoir poursuivi l'aventure. J'ai découvert le dungeon synth quelques semaines plus tard et ai rapidement ressenti l'envie d'en parler sur le webzine, mais si mes souvenirs sont bons, j'ai attendu un peu, comme par prudence vis-à-vis des retours négatifs qui auraient pu venir. Comme le webzine en était à l'époque à ses balbutiements, j'étais attentif à ce genre de chose. La ligne éditoriale du webzine fait la part belle au black metal en priorité, mais je pense que le dungeon synth arrive bon second. Heiðnir Webzine n'est pas le seul média francophone parlant de dungeon synth, mais il est probablement celui qui en parle le plus, tant via des chroniques d'albums que par le biais d'articles thématiques qui me permettent de m'attaquer à des aspects bien spécifiques du genre.

Je suis aussi derrière le label High Cathedral Records, qui a été fondé en 2018. La taille de la communauté dungeon synth internationale ainsi que la proximité qui existe entre ses membres rend ce genre d'entreprise plutôt aisée, et j'ai rapidement souhaité m'impliquer dans la gestion d'un label, bien qu'il ne fasse pas nécessairement partie des plus suivis par la communauté. Il a toujours rencontré un certain succès et j'en suis très fier. Je me suis également essayé au dungeon synth en tant qu'artiste.

On se connaît depuis un moment toi et moi ; tu as toujours été un activiste de la scène dungeon synth. Est-ce que tu pourrais nous proposer une définition globale du genre, pour le présenter à ceux qui ne le connaissent pas ?

Ma rencontre avec le dungeon synth s'est faite avec l'album Wardens of a Light-Starved Realm de Verminaard. Pour ceux qui ne connaissent pas l'album, il est basé sur des sonorités électroniques assez sombres et sur une atmosphère très proche de quelque univers passéiste de medieval fantasy. Cette vision du genre me suit encore aujourd'hui, et j'essaie justement de rassembler mes idées en vue de la rédaction d'un article sur le sujet, parce que l'ontologie du dungeon synth est tout sauf clairement établie, et j'ai moi-même parfois du mal à faire le tri. La volonté n'est pas de dicter au monde ce qu'est ou ce que doit être le dungeon synth, mais surtout de mettre mes idées en ordre. Pour en revenir à ta question, c'est assez difficile de mettre des mots sur la définition du dungeon synth. Son identité thématique est peut-être plus facile à définir que son identité musicale, qui est très variée. Je dirais que c'est un genre musical qui inspire avant tout à l'introspection, raison pour laquelle je rechigne généralement à considérer les projets lumineux et éclatants comme appartenant au genre.

J'ai pour habitude de me référer à la définition d'Andrew (trouvable sur la page Wikipedia française du dungeon synth), qui est très imagée en plus d'être parlante. Mais si vraiment je devais proposer ma propre définition de ce dont il s'agit, je dirais que le dungeon synth est le son d'un passé fantasmé pour tous ceux qui ont à cœur de s'évader, tout en sachant que cela implique d'utilisation de sonorités au moins un peu électroniques, comme le suggère lourdement le nom de dungeon synth. C'est en tout cas comme ça que je le perçois.

Pas mal de personnes ont l'air de penser que le dungeon synth se cantonne à compiler sur cassettes des pistes qui sont souvent définies par les profanes comme étant des intros/interludes/outros d'albums de Black Metal. Est-ce qu'on peut entièrement leur donner tort ?

Non, on ne peut pas leur donner tort. Mon affection pour le dungeon synth en prend un coup, mais c'est difficilement réfutable. Non seulement le dungeon synth a largement été popularisé (toutes proportions gardées) par ces introductions d'albums de black metal, mais sa relative pauvreté l'empêche de s'extirper totalement de ce stéréotype qui est loin d'être infondé. La chose ne s'applique pas réellement à tout un pan de la scène actuelle aux sonorités « modernes » et aux mélodies très travaillées, mais c'est oublier un peu trop vite que le dungeon synth tire justement son origine de la scène black metal, et était initialement (du moins pour une majorité d'artistes) cantonné à un rôle secondaire sur des albums de black metal. Si les pionniers du genre généralement cités sont Mortiis, Wongraven ou Burzum, ça n'est pas pour rien.

Puisqu'on parle du sujet, tu pourrais nous parler du lien entre ces deux musiques ?

Comme je l'ai dit plus haut, les pionniers sont tous, ou presque, issus de la scène black metal, c'est un premier fait. Le lien technique est en revanche loin d'être évident. D'un côté on a l'une des formes les plus extrêmes du metal, avec des thématiques elles aussi très extrêmes, de l'autre on a un genre musical électronique plus léger, presque rêveur à certains égards, et dont les thématiques sont bien moins jusqu'au-boutistes. En revanche, si l'on se penche sur la finalité de ces deux genres musicaux, on constate que le black metal, tout comme le dungeon synth, inspire à la réclusion, à l'éloignement, à un certain isolement, comme pour s'évader de sa vie quotidienne l'espace d'une heure ou deux. C'est du moins ce qui m'a semblé évidemment lorsque je me suis penché sur le sujet. Je pense aussi que les Norvégiens, puisque c'est eux qui sont considérés comme les pionniers du genre (je peux aussi mentionner Summoning), ont cherché à s'appuyer sur des titres entièrement « ambient » (la dénomination dungeon synth n'existait pas à l'époque) pour faire en sorte que leur black metal soit encore plus contemplatif. L'utilisation du clavier dans le black metal était à l'époque assez répandue, et c'est sans doute l'une des nombreuses raisons pour lesquelles la scène norvégienne de cette période a marqué le black metal de son empreinte.

Tu as souvent évoqué et/ou travaillé sur la dimension spirituelle du DS. Tu peux développer cette thématique ?

Étant moi-même quelqu'un de très sensible à cela, je vais forcément te dire que le dungeon synth est un genre musical vraiment porté sur le spirituel, même quand ce n'est pas le cas. Mais c'est justement l'une de ses forces, il offre parfois une liberté d'interprétation très intéressante à l'auditeur. Je vais prendre pour exemple le projet Dark Ages, et plus particulièrement son album The Tractatus De Hereticis et Sortilegiis. Cet album, bien qu'utilisant ouvertement l'imagerie du christianisme médiéval, n'est pas un album de dungeon synth chrétien au sens prosélyte du terme. Mais pour autant, j'y vois presque une ode au catholicisme latin, dont les caractéristiques sont d'ailleurs parfaitement taillées pour le dungeon synth. En essayant de rester objectif, je ne pense pas que le spirituel chrétien soit si présent que cela si l'on considère qu'il l'est uniquement du fait des artistes. Ce qui revient le plus souvent, c'est le Moyen Âge ou la medieval fantasy. On peut se risquer à dire qu'on ne peut parler de Moyen Âge sans parler de religion, je suis tout à fait d'accord, mais très honnêtement je ne pense pas qu'une pléthore d'artistes ait la religion en tête au moment de se pencher sur la composition d'un album de dungeon synth médiéval. Ce qui est un peu dommage, j'en conviens.

En revanche, on trouve beaucoup de bonnes choses dans tout ce qui touche au mysticisme ou à l'occultisme, et sans avoir besoin de parler de dark ambient, parce que c'est évidemment le risque lorsque l'on s'aventure sur le terrain glissant de la musique ritualiste. Il est difficile de parler de spiritualité si l'on considère uniquement les aspects techniques, encore une fois par rapport à l'interprétation (ça manque parfois de clarté musicalement parlant), mais les thématiques en sont en tout cas très largement inspirées. Entre la religion chrétienne (que ce soit de manière pieuse ou blasphématoire), le paganisme, la mythologie, la sorcellerie, l'alchimie ou la magie (à voir si les deux derniers rentrent vraiment dans cette catégorie), le spirituel est très présent. Et ça apporte indéniablement quelque chose de très intéressant aux albums concernés.

Le dungeon synth est un genre musical fondamentalement ancré dans le passé, qui porte un amour intrinsèque au Moyen Âge un peu fantasmé, autant pour son travail esthétique que pour son pouvoir évocateur ou sa symbolique. Tu pourrais nous parler de cette spécificité ?

Pour moi il s'agit presque d'un prérequis. Si une période historique sied tout particulièrement au dungeon synth, c'est le Moyen Âge, et plus particulièrement le Haut Moyen Âge et le Moyen Âge central. C'est une période taillée sur mesure pour le dungeon synth. Imagine un peu. On garde du Moyen Âge les châteaux à la grandeur millénaire, les vieilles abbayes, la chevalerie, des batailles épiques, une spiritualité fascinante, la société féodale, la scolastique, l'Inquisition, l'omniprésence et la crainte de Dieu, la nature intacte… Tout dans le Moyen Âge inspire au dungeon synth, et inversement. Je pense qu'il faut aussi, comme toujours dans le dungeon synth, relier la période historique au désir d'isolement et de dépaysement. Si l'on me permet de prendre mon cas personnel à titre d'exemple, j'ai la chance de baigner dans le Moyen Âge non seulement grâce à la musique que j'écoute, mais aussi via mes lectures et mes projets académiques, et je ne pense pas avoir en tête quoi que ce soit qui me procure un sentiment d'évasion comparable. Le dungeon synth cristallise tout ceci à merveille, même si un album donné n'a pas directement pour thématique le Moyen Âge. C'est un tout. Lorsque l'on écoute un vrai album de dungeon synth, on sait que la période médiévale n'est pas très loin, que l'on parle du Moyen Âge historique ou de medieval fantasy.

Car on peut aussi dresser un parallèle un peu plus audacieux entre Moyen Âge et dungeon synth en parlant des RPG. Varg Vikernes a souvent déclaré en interview avoir été influencé par les bandes sonores des vieux RPG des années 90 au moment de composer les albums ambient de Burzum, et les univers de medieval fantasy sont justement largement répandus dans les vieux RPG. Le dungeon synth s'inspire énormément de tout cela, les projets ayant la medieval fantasy pour thématique sont légion, il n'y a qu'à voir le nombre d'artiste parlant de l'univers de Tolkien... Certains projets s'aventurent dans d'autres périodes historiques avec une fortune variable, mais rien ne remplace le passéisme médiéval unique d'un Utred ou d'un Hedge Wizard.

Le dungeon synth a ses marottes, comme le black metal. Elles sont souvent partagées d'ailleurs. Les châteaux et tours en ruine, les forêts profondes et habitées, les rituels caverneux... Quelle importance donnes-tu à ces points cardinaux du genre, qui reviennent inlassablement dans les titres d'albums, les noms de projets ou les intitulés de pistes ?

J'avais rédigé un article sur la tour il y a un certain temps, en affirmant que le dungeon synth aurait très bien s'appeler tower synth, tant l'édifice est présent dans le genre musical. Prends par exemple le nombre hallucinant de pochettes arborant une tour de garde. Même en écartant les traditionnels châteaux, la tour est partout, et il y a sans doute plusieurs raisons à cela. La tour de garde perdue au milieu de nulle part a une très fort connotation introspective, comme si elle s'apparentait à l'auditeur de dungeon synth fuyant la société au son de son artiste préféré. Pour la même raison, on peut évoquer la très symbolique tour d'ivoire, servant à s'éloigner le plus possible de tout contact social. Le donjon a évidemment une très grande importance symbolique, mais la tour n'est pas en reste, loin de là.

Ces derniers temps, le rôle très symbolique joué par la forêt m'a aussi semblé intéressant. Il s'agit assurément de l'espace naturel le plus adapté au dungeon synth, bien plus que la grotte, les marécages ou le lac, ce dernier étant pourtant très important dans les légendes arthuriennes et les contes médiévaux de manière générale. La forêt, c'est d'abord un certain retour aux sources, à la terre. C'est un endroit qui inspire autant à la légèreté qu'à l'inquiétude. On ne sait jamais vraiment ce qu'elle renferme, et les exemples dans la littérature sont très nombreux, tant aujourd'hui que par le passé. Pour rester proche du Moyen Âge, la forêt faisait partie intégrante du conte morganien dans la littérature médiévale française, on peut lire le lai de Marie de France intitulé Guingamor pour s'en apercevoir, bien qu'il s'agisse d'un exemple parmi d'autres. Dans le conte morganien, c'est la forêt qui fait bien souvent office de frontière entre le monde des hommes et l'autre monde, et que le héros doit franchir pour rejoindre la fée. Pour voir un peu plus loin que la tour ou la forêt, les thématiques du dungeon synth sont aussi largement inspirées de la religion ou du mysticisme, pour les raisons que j'ai évoquées plus haut.

On taxe souvent le genre de demi-musique trop simpliste, de genre puéril et un peu enfantin, qui n'a besoin que d'avoir un clavier et dix doigts sans nécessité de talent pour sortir un EP. Que dis-tu de cela ?

C'est complètement vrai, et j'irais même jusqu'à dire que la pauvreté technique est l'essence du dungeon synth, mais c'est aussi ce qui fait son charme d'une certaine manière. C'est sans doute moins le cas aujourd'hui à mesure que la qualité des sorties augmente, mais le fait de mettre une mélodie peu recherchée avec un son dégueulasse sur une cassette, c'est dans la nature du dungeon synth, et je ne compte plus les albums dits « pauvres » qui me touchent cent fois plus que ceux qui contiennent des mélodies polyphoniques à foison. Il n'y a qu'à écouter Ebriach ou Snarling Clearing pour s'en rendre compte. Cela étant dit, le dungeon synth traditionnel a par conséquent besoin d'un cadre particulier pour exprimer son plein potentiel. Écouter un album « pauvre » techniquement dans les transports ne rime pas à grand-chose, mais l'écouter en pleine forêt ou dans une église un peu sombre lui donnera un cachet unique. D'une certaine manière, il s'agit d'une caractéristique qui rend le dungeon synth traditionnel très exigeant.

Parlons un peu plus concrètement. De quelle manière t'es-tu investi dans cette musique ? Quelles sont tes réalisations ?

Constatant, justement, la pauvreté technique dont pouvait faire preuve le dungeon synth, je me suis mis en tête d'essayer à mon tour. J'ai commencé avec Det Svarta Landet, projet bâti sur un univers de medieval fantasy de ma conception. J'ai sorti beaucoup de choses pour un succès très variable d'une sortie à une autre, mais qui avait séduit deux labels à l'époque. Je suis plutôt content de certaines sorties, beaucoup moins des autres. Lorsque j'étais étudiant en Norvège, ma résidence se trouvait à deux pas du mythique bois de Fantoft, où se trouve l'église du même nom (tout le monde fera le lien avec son histoire sans mal), et j'étais vraiment très attaché à ce lieu. J'ai donc sorti un EP sur ce bois et son atmosphère sous le très original nom de Fantoft. Toujours en Norvège, j'avais la chance d'avoir un ami finlandais très bon musicien, nous avons travaillé ensemble sous la bannière de Ménestrel, qui n'est pas réellement un projet de dungeon synth stricto sensu (en tout cas pas selon mes standards en la matière), mais qui a eu un certain succès auprès de la communauté. Pour faire suite à Det Svarta Landet, j'ai créé Distant Monastery, dont l'identité musicale est très proche de son prédécesseur, puis Deaf Knight, dont la volonté est de reprendre des titres de musique médiévales pour les remodeler à la sauce dungeon synth.

Tu es connu, dans la petite communauté dungeon synth française, pour être souvent à contre-courant, de prôner une forme d'élitisme. En bref, tu es une espèce de casse-couilles salutaire. Pourquoi cette position, pourquoi ce combat ?

Déjà parce que je suis comme ça au quotidien, ça ne concerne pas uniquement la musique, mais aussi et surtout parce que la majeure partie de la communauté clame haut et fort aimer le dungeon synth pour finalement mettre sur un piédestal des projets tels que DIM ou cette vaste couillonnade de Diplodocus, plutôt que de s'intéresser aux projets garants de l'identité originelle du dungeon synth. Un album de dungeon synth sur les dinosaures, tu y crois ? Pourtant c'est celui qui a rencontré le plus de succès sur l'année passée, et ce malgré des sorties d'une qualité bien plus honorable. Dans un sens, c'est plutôt séduisant de voir certains projets rester dans l'ombre, mais il est également insupportable de voir certaines choses se réclamer du dungeon synth, comme en témoigne la récente pseudo-mode qui porte le nom de comfy synth. Je ne me couronne pas roi ou théoricien du dungeon synth traditionnel, je me passe volontiers un petit Darkstroll de temps en temps, mais j'estime qu'il faut avoir un minimum de cohérence dans ses choix musicaux. Si quelqu'un m'affirme aimer le dungeon synth tout en étant révulsé par les sonorités très drone et crues d'Erdstall ou de Mystic Towers, je ne peux que lui conseiller de changer de paroisse.

Que veux-tu dire du l'activité humaine du genre ? Des communautés qu'elle génère, des personnes et des moyens qu'elle mobilise ?

Comme je viens de le préciser, toute une partie de la communauté m'insupporte, mais on trouve aussi des acteurs d'un dévouement rare. Je ne peux que citer en bien bon nombre de gérants de label (Ancient Meadow Records, Gondolin Records, Out of Season, pour ne citer qu'eux). Il y a une effervescence qui me plaît au sein de la communauté internationale, mais jusqu'à un certain point. Disons que je salue l'activité de ceux qui servent réellement la communauté, j'englobe donc les gérants de label, les rédacteurs qui gravent dans le marbre l'histoire du genre, les artistes qui sortent de très bonne choses… Je laisse volontairement de côté toute une partie de la communauté qui est uniquement active sur les réseaux sociaux. Elle a son importance lorsqu'il s'agit de chercher une audience, mais ça ne va guère plus loin. Le public a bien évidemment une importance de premier plan, mais il ne fait pas nécessairement avancer les choses, voilà où je veux en venir.

Penses-tu que le dungeon synth soit en lui-même porteur de valeurs ou d'un message inaliénable et insécable ? Ou peut-il véhiculer ce que l'on veut ?

Pas spécialement non, mais avec une question pareille je ne peux pas ne pas évoquer l'épisode politique qui a secoué la communauté fin décembre, lorsqu'une espèce de scission s'est faite par le biais d'une partie étiquetée antifasciste de la communauté. Cette dernière a jugé bon de partir à la chasse aux sorcières contre les projets païens ou vaguement tendancieux, ce qui lui a mis toute la communauté à dos. Il est désolant de voir un genre musical inoffensif tel que le dungeon synth gangrené par ce genre de considération. Très honnêtement, je ne vois pas grand-chose de plus à répondre pour cette question. L'auditeur doit sans doute avoir une appétence particulière vis-à-vis des spécificités techniques et thématiques du dungeon synth pour en apprécier les méandres, mais de là à parler de valeurs, c'est sans doute un peu trop gros. Je pense que le dungeon synth est trop polymorphe et trop peu important pour cela.

Dirais-tu que cette musique est un phénomène destiné à perdurer ? Ou que les différentes scènes disparaîtront aussi vite qu'elles sont apparues ?

On dit que le genre est sur le point de mourir depuis plusieurs années, et il n'y a jamais eu autant de labels ou de projets actifs. Je ne suis pas dupe, le soufflet retombera un jour ou l'autre, mais ça n'est visiblement pas pour tout de suite. Même si l'on veut considérer le dungeon synth traditionnel, beaucoup d'artistes succombent à ses charmes, comme pour s'éloigner des courants plus modernes. J'ai l'impression qu'on assiste au même phénomène pour la vaporwave, si toutefois on m'accorde la légitimité d'une telle comparaison. L'accent est tellement mis sur la mort imminente de ces genres musicaux que cela semble les renforcer. Mais dans le cas du dungeon synth, je pense sincèrement qu'il a encore de belles années devant lui. Le fait de faire appel à un tel dépaysement pour sortir ses auditeurs de leur quotidien lui accorde une espèce d'attrait intemporel qui n'est à mon sens pas prêt de s'estomper.

Quel genre de projet refuses-tu de chroniquer ou de produire via ton label ou ton webzine ? Quels sont les points de refus absolu ?

Il n'y a pas vraiment de contraintes ou de refus catégorique, si j'aime la musique et qu'elle rentre dans la ligne éditoriale du webzine ou dans l'identité du label, je m'en occupe. Ceci étant, dans la mesure où je veux faire de High Cathedral Records une référence en matière de dungeon synth religieux, il est probable que je refuse de produire des projets ouvertement antichrétiens. Mais jusqu'à présent, le choix ne s'est jamais présenté.

Fais-nous un petit tour des indispensables du genre, pour ceux qui n'y connaissent rien.

Ma Sainte Trinité du dungeon synth est la suivante : Child of Cold de Cain, More True Than Time Thought de Hedge Wizard, et Caverns of Endless d'Erdstall. Ces trois albums rassemblent à mon sens ce qui fait l'identité du dungeon synth, tous courants confondus. J'ai énormément de mal avec les classiques du style Mortiis, Depressive Silence, ou Secret Stairways, j'ai l'impression qu'il ne s'y passe pas grand-chose, mais dans la mesure où ce sont des références pour beaucoup, il convient sans doute de les écouter maugréer malgré tout. Dans une veine médiévalisante, il y a Utred, la référence absolue. Pour des sonorités assez crues il y a Giftsvamp et Secret of the Forest, qui sont d'ailleurs deux incontournables pour ce qui est du dungeon synth porté sur la nature. On a aussi Mausolei, qui fait du dungeon synth mélancolique comme personne, ou Skeleton War, pour ceux qui sont attirés par les sonorités chiptune proche des bandes originales des vieux RPG. En dungeon synth plus ou moins chrétien, on a Dark Ages et Matins. On peut même citer Jim Kirkwood (que l'on peut également considérer comme un pionnier), qui utilise beaucoup d'éléments empruntés à la musique électronique, dont la berlin school. Il y en a vraiment pour tous les goûts.

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