Que dire de la java ? C’était une danse très appréciée et pratiquée dans les bals musette parisiens au début des années 1920. Aussi que c’est en 1923 que Mistinguett enregistrait la fameuse chanson « La Java », mais également que la salle « La Java » - qui se revendique être « le plus vieux club de France » - ouvrait dans le quartier de Belleville. Elle est logée au fond d’une impasse, au sous-sol d’une galerie et se trouve à 200 mètres du bar « Le Zorba », que certains d’entre vous connaissent peut-être comme il accueille parfois des concerts Punk. Voilà pour la présentation, étant donné que c’est la première fois qu’on vous en parle dans nos colonnes. Et cela est dû au passage de la tournée européenne d’AUSTERE et de LUNAR TOMBFIELDS dans ce lieu chargé d’histoire.
MOURNING DAWN
« La Java » n’est pas connue pour accueillir des événements de Metal extrême et comme
GORGOROTH passe demain à Petit Bain, je crains la faible affluence. Il n’en est rien, le public est venu, et en plus à l’heure pour assister au début du
set de
MOURNING DAWN. De mon côté, j’arrive quand le groupe vient tout juste de commencer et je trouve que le son n’est pas top. Je n’y pense plus au bout d’un moment et je ne saurais vous dire si c’est parce que je m’y suis habitué ou bien parce que des réglages ont été faits pour l’améliorer. En tout cas, je suis ravi de les voir enfin sur scène comme j’avais raté leur passage au Klub l’année dernière, dont Sosthène parlait dans son
live report , ainsi que leur venue à Écouen pour le Winter Rising Fest en novembre. Des dates très parisiennes/franciliennes pour ce groupe connu pour être « local » mais le quartet se présente ce soir comme étant constitué d’anciens Parisiens car ses membres sont maintenant repartis « un peu partout », ce qui donnera peut-être l’occasion de les rencontrer en région. Si vous ne connaissez pas leur musique, on a affaire à un Black/Doom que Raziel comparait à
SILENCER ou
BETHLEHEM dans sa chronique de
« The Foam of Despair », le dernier album en date du combo.
J’ajouterais pour continuer à vous donner une idée de l’ambiance que le guitariste-chanteur porte pour l’occasion un t-shirt
LIFELOVER, ce qui colle particulièrement bien à la tête d’affiche du jour. Sosthène mentionnait la dernière fois le chanteur d’
ATARAXIE (qui jouait avec
MOURNING DAWN) comme invité sur une chanson pour la
release party, je vais cette fois relater la montée sur scène de Judicaël/A.K. (de
MERRIMACK/
DECLINE OF THE I) sollicité pour prêter voix forte le temps de deux chansons, dont au moins une du nouvel album. Le résultat est convainquant, ça varie et c’était une bonne idée. À ce propos, on m’a dit qu’il y avait un risque que je m’ennuie mais ce n’est pas du tout le cas. J’accroche bien au rythme entêtant de la guitare
lead et la pesanteur générale me plaît. Cela étant dit, il faut savoir ce que l’on va écouter (d’où les formations citées ci-dessus) car ce n’est bien sûr ni joyeux ni
groovy.
LUNAR TOMBFIELDS
Le duo fondé en 2020, composé d’Ä (encore appelé Äzh, ou Äaerzerath lorsqu’il est batteur pour les représentations de
RÜYYN) (batterie, guitare) et de M. (chant, guitare, basse) se présente ce soir sous forme d’un quartet, avec donc deux musiciens de
live qui les accompagnent et dont j’ignore l’identité. Les Nantais s’adonnent à un Black Metal initialement plus axé sur l'ambiance et la mélodie alors que les compositions de leur second album intitulé
« An Arrow to the Sun » (sorti il y a un an et demi par les Acteurs de l’Ombre Productions) sont davantage « combatives » pour citer Sosthène. J’ai un bon souvenir de leur participation au dernier
Tyrant Fest et ça m’a bien motivé pour me bouger ce soir. Après un démarrage hier en Suisse pour le Witch’s Hollow Festival, ce n’est aujourd’hui que la deuxième étape de cette grande tournée européenne de 18 dates, donc ils devraient être encore en forme. Ils commencent dos au public (ils reprendront cette position plusieurs fois durant leur
show) pendant leur introduction « An Elegy to the Fog Dancer » avant de se retourner pour apparaitre en
corpse paint. Ils interprètent toutes les pistes de leur second album, à l’exception de « Représailles ». La
setlist comprend également « Ire Divine » et « Idolâtrie » que je ne connais pas et qu’ils n’ont apparemment pas encore beaucoup joués avant ce concert. Leur son est le plus Black Metal classique des trois entités du plateau, les deux autres ayant un côté plus dépressif. J’apprécie ces quasi 50 minutes, d’autant plus que – contrairement à leur session du
Tyrant Fest, on entend cette fois bien le chanteur.
AUSTERE
C’est notre premier live report à La Java, mais également la première fois que nous vous parlons d’
AUSTERE dans nos pages. Je précise donc qu’il s’agit du projet australien, pas de l’américain. Pour vous en dire plus, c’était le one-man band de Desolate au milieu des années 2000, avant qu’il ne soit rejoint par Sorrow en 2007. Le duo s’arrêta trois ans plus tard avant de se reformer en 2021. Ils ont été productifs depuis car ils ont déjà composé trois albums, dont un intitulé « The Stillness of Dissolution » (d’où le nom de la tournée) qui va sortir le 6 juin de cette année. Au niveau du
line up, je dirais selon des informations glanées sur Metal Archives que Desolate et Sorrow doivent être accompagnés à la guitare par Äaerzerath de
LUNAR TOMBFIELDS (ce qui explique probablement pourquoi les deux groupes tournent ensemble) et à la basse par le Français Onodrim de Black Speech Booking, qui exhibe le t-shirt d’un groupe d’Ambient Black australien (
MIDNIGHT ODYSSEY), clin d’œil sympa. Le quatuor donne dans le Black dépressif mais les gars n’en ont pas tellement le
look et arrivent vêtus assez simplement (pas de maquillage et en encore moins d’accessoires, on est loin de
SILENCER). Le micro du guitariste-chanteur est fixé très en hauteur, ce qui fait qu’il doit lever la tête pour ses complaintes. Tiens, cela me rappelle Sabathan dans les vieux concerts d’
ENTHRONED. J’ai deux remarques en parlant du micro. La première est que différentes parties de chant (et pas que des voix claires) me semblent être des bandes enregistrées, ce qui ne me plaît pas. Surtout que certaines sont entendues alors que le guitariste-chanteur est « libre » de chanter (mais j’apprends plus tard que c’est en fait le batteur qui complète le vocaliste principal, autant pour moi). Mon deuxième commentaire concerne le bassiste qui s’est mis au micro également, pour l’avant-dernier titre, mais malheureusement il n’est pas audible. Un problème technique qui fait écho à un autre qui nous a valu un son non-identifié assez désagréable pendant un long moment. Cela n’empêche pas un petit groupe de 2-3 filles de se bousculer (je n’irai pas jusqu’à parler de
pogo), ce qui est très surprenant au vu du style. Peut-être l’euphorie d’avoir reconnu le début d’un morceau ? Les commentaires entendus à la sortie sont au sujet du son : « Pas ouf le son » mais quand même un « Mieux qu’à Londres » (je pense que c’est en référence au Cosmic Void Festival de septembre dernier). Bref, à revoir dans de meilleures conditions.
C’était une bonne soirée et ça me plaît toujours de découvrir de nouveaux endroits. Mais en plus du son moyen, le vrai problème de cette salle est la scène trop basse, ce qui fait qu’on ne voit pas tellement s’il y a un grand devant nous ou simplement si on est à plus de deux mètres des musiciens. Cela dit, je ne vais pas me plaindre car ça nous fait comme un petit Glazart en plus, à l’heure où des lieux de concert ne sont plus disponibles (plus de concert au Gibus depuis un moment, l’International sûrement sur le point de mettre la clé sous la porte, l’ESSpace qui ne fait plus de live, l’Anticlub du Cirque Électrique fermé en ce moment…).
Merci à P.N.A. et Black Speech Booking d’avoir permis cet événement !
3 COMMENTAIRE(S)
06/04/2025 13:47
Ah, je viens d'apporter la précision dans le texte. Merci bcp !
05/04/2025 18:38
05/04/2025 16:45