Choisir un concert en ce vendredi 16 mai aurait pu ne pas être simple. D’un côté, il y avait la
release party du premier EP de
NVAGE, en prix libre au
Klub, avec comme invités
MAUDITS et
CLEGANE. De l’autre, nous avions
CASTLE RAT à
La Boule Noire, accompagné de
WITCHORIOUS. Enfin,
PALLBEARER venait faire
doomer Petit Bain en compagnie de
DECLINE OF THE I, l’occasion pour ce dernier de présenter son dernier album «
Wilhelm », sorti en février. J’ai fini par opter (à raison) pour ce troisième choix, compte tenu de la rareté des évènements
doom mais surtout de la présence de trois camarades.
Concernant les natifs de Little Rock, j’avoue n’avoir qu’une connaissance assez parcellaire de leur discographie, n’ayant notamment rien écouté du dernier en date «
Mind Burns Alive » sorti il y a maintenant un an chez
Nuclear Blast Records. Quant aux Français c’est encore pire puisque mis à part
« Rebellion » de 2015, je n’ai rien suivi de leur carrière. La parfaite occasion de me remettre à niveau donc.
J’arrive en plein milieu du
set des Parisiens. D’abord, mon œil est immédiatement attiré par les images des films expérimentaux projetés en arrière-plan, ensuite il effectue un tour de salle pour constater qu’elle est étonnement peu garnie. Dieu que cet endroit est agréable dès qu’il n’est pas complet ! Sinon, j’ai pu apprécier pendant une grosse vingtaine de minutes la performance de cette ouverture dont certains semblaient penser qu’il s’agissait de la tête d’affiche : un
post black metal tordu, dense, aux atmosphères oppressantes pour une présence scénique intense, compacte. De nombreuses voix claires, assurées par le guitariste, viennent contrebalancer la profondeur des raclements du vocaliste en titre, le style s’avère peu démonstratif mais je ne regrette pas d’avoir décliné une tournée de bières pour venir assister à la prestation. C’est vrai que la dimension visuelle offerte par la projection, couplée à un éclairage minimaliste, contribuent fortement à l’immersion de l’auditoire mais, même sans ces artifices, je ne doute pas que les nouvelles compositions de la formation tiennent parfaitement la route. De mon point de vue, c’est à voir et à revoir car
DECLINE OF THE I a su démontrer qu’il faisait partie du fleuron hexagonal. Pense-bête pour les jours à venir : écouter attentivement «
Wilhelm ».
Peut-être y en a-t-il pour penser que le côté « ciné-concert » est une facilité visant à masquer une lacune en termes de prestance scénique, pour ma part lorsque cela est bien fait (et c’était bien fait en ce qui concerne le cas
DECLINE OF THE I), je n’y trouve rien à redire. Le groupe développe un univers multimédia et lorsqu’il se présente à nous, c’est dans la totalité de son art. J’adhère.
Alors que je sors fumer (sans être fumé), c’est l’occasion de constater que les quais sont passés en mode « été » : ça sent la bouffe, la quiche, la grillade et les mojitos, j’ai faim. Le lieu mélange donc des gens venus pour le bar, la terrasse ainsi que le restaurant avec la faune du concert, les premiers ne comprennent pas forcément la présence des seconds mais ce microcosme s’agite dans une ambiance aussi légère que printanière. « On est bien, Tintin » aurait conclu l’ami Pascal Sevran.
Les Américains attaquent enfin, tout en douceur : nous sommes partis pour une grosse heure de magie pure. En premier lieu, je soulignerai l’excellence du son, puissant juste ce qu’il faut et qui retranscrit parfaitement toutes les subtilités du
doom de
PALLBEARER. Mais, surtout, c’est la beauté ultime qui se dégage de ces notes d’apparence si simple qui subjugue. Ce n’est pas compliqué, je n’ai jamais vu cette salle aussi calme, recueillie, silencieuse, pendant et entre les morceaux. À noter : il n’y a quasiment aucun téléphone brandi pour filmer ou photographier, quel bonheur… Les musiciens déploient leur mélancolie extrême, les harmonies vocales (uniquement en chant clair) sont sublimes, on pensera à des choses telles que
CANDLEMASS bien sûr, mais les tonalités et les mélodies m’évoquent aussi un
Mikael Stipe (
R.E.M.) en dépression, voire
Troy Von Balthazar (
CHOKEBORE) ainsi que l’incontournable
YOB, du très haut niveau donc.
Les mots ne reflèteront que très imparfaitement la subtilité et la beauté intemporelle de ce moment, qui inscrivent cette date comme l’une des plus marquantes de l’année. Clairement, en rentrant chez moi, je n’avais qu’une seule envie : me foutre la discographie complète du groupe dans les oreilles et n’écouter plus que ça car autant sur album j’ai pu parfois trouver quelques sources d’endormissement au sein de
« Forgotten Days », «
Heartless », etc., autant en
live tout ne fut que beauté ensorceleuse, raffinement et béatitude. Si la
setlist parisienne était la même que celle jouée deux jours plus tôt en Allemagne, seules deux compositions du dernier LP «
Mind Burns Alive » furent jouées (« Signals » ; « Endless Place »), ce qui tend à confirmer qu’il faut que je revoie rapidement ma copie concernant les productions de ces mecs. Pas du génie, juste une musique d’une cohérence rare, parfaitement jouée, pleine de
feeling, de grâce, d’une perfection évidente dans sa sobriété.
Pour accompagner ces mélopées, les lumières s’étaient mises au diapason : des couleurs chaudes, apaisantes, parfaites pour accompagner sans distraire, mettant l’émotion au cœur du spectacle. Merci à
Vedettes d’avoir organisé cette date.
Setlist
1.Silver Wings
2.Thorns
3.Endless Place
4.The Ghost I Used to Be
5.Signals
6.Given to the Grave
7.Worlds Apart
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17/05/2025 13:05
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