Ce mois de juin se révèle particulièrement chargé en dates
black metal de premier choix. La venue de
SARGEIST évidemment mais également
ANAL VOMIT de retour au
Klub le mardi 10 juin (je garde un souvenir ému de leur
passage de 2023) puis
HELL MILITIA le 13, en compagnie de
MALHKEBRE et
HEXEKRATION RITES (également
vu l’année dernière), que des affiches que je n’hésite pas à qualifier de prestigieuses. Pourtant, de tous ces évènements, je ne pourrai malheureusement être que du premier, ce n’est déjà pas si mal au regard du
casting d’autant que, des trois formations, je n’en ai vu aucune en concert.
Au programme de ce soir nous avons donc
SOTHERION, énième incarnation de
BST et dont le «
Vermine » a fait pas mal parler de lui en 2004. Là, question actualité, les Français ont sorti en janvier dernier un split en compagnie des Canadiens de
SANCTVS. Ensuite nous avons les Néo-Zélandais de
BARSHASKETH, un nom aussi difficile à prononcer qu’à retenir, qui vont tenter de nous convaincre de la pertinence de leur cinquième album «
Antinomian Asceticism ». Enfin, les légendaires Finlandais que l’on ne présente plus, eux aussi de retour cette année avec «
Flame Within Flame » dont la
chronique vient de paraître en ces pages. J’avoue donc être particulièrement heureux de me rendre à ces réjouissances et c’est le cœur léger que je commande une première bière au comptoir de ce lieu chaleureux et déjà bien garni qu’est le
Backstage by the Mill. Tout le monde s’est mis sur son 31, ce n’est pas compliqué de savoir qui est là pour le concert.
19h00 tapantes,
SOTHERION attaque son
set devant un parterre bien garni. Une lumière rouge intense baigne la scène, ce sera d’ailleurs le seul éclairage qui accompagnera la prestation intense du quatuor. Les mecs pratiquent un
black rigoureux, flirtant parfois avec le
death notamment dans les intonations vocales profondes, principalement axé sur le travail rythmique avec très peu de ralentissements pour un ressenti dominant de guerre totale et de vilenie. Je ne sais pas exactement qui joue de quoi, il reste que la batterie occupe un rôle prépondérant au sein des compositions, avec un jeu varié, beaucoup de roulements, ce qui dope encore plus la puissance des guitares et de la basse.
Comme le son est massif, cela laisse peu de place aux respirations et les quelques subtilités présentes sur le disque ont un peu de mal à surnager, voire passe à l’as. Cela dit, la dentelle n’étant pas vraiment au cœur du propos, ce n’est absolument pas préjudiciable à la qualité sèche de la performance. Personnellement (mais je ne suis visiblement pas le seul), les Parisiens me font une grosse impression, «
Vermine » sera une acquisition prochaine. Pour finir, nous avons droit à une reprise de
GG ALLIN où des membres des deux autres groupes viennent donner de la voix : c’est le bordel dans la bonne ambiance et cela allège un peu le moral après les quarante minutes de plomb qui viennent de passer.
Captation Sotherion par Frankie Snow
Setlist
1. The Fallen
2. La mort pour compagnon
3. By His Hand
4. Flame of Deliverance
5. Schwarmgeist
6. Le Havre meurtri
7. Shrine of the Closen
8. La lune fendue
9. Bite It You Scum
Franchement,
BARSHASKETH, je n’en avais jamais entendu parler. La formation existe pourtant depuis 2010, dispose de cinq LP tous excellement notés et la sobriété du
look (gilet en cuir, t-shirt sans manches) ne dévoile en rien ce qui nous attend. Dès les premières notes, je tombe sous le charme de ce style dissonant, foncièrement mauvais, criard, destructeur et déstructuré. Ce n’est peut-être pas bien grand la Nouvelle-Zélande mais quel vivier de groupes originaux ! Et si le
live ne permet pas de parfaitement discerner toutes les subtilités qui semblent habiter les morceaux, le combo dégage toutefois une putain d’atmosphère, notamment dans les passages les plus lents, morbides et décadents.
Avec un chanteur totalement possédé et des structures qui m’évoquent parfois la torture d’un
ABIGOR, il ne m’en faut pas plus pour devenir accroc. J’ai été impressionné par la maîtrise technique, le souffle occulte qui traverse chaque note sans jouer du
black à capuches, très grosse découverte en ce qui me concerne.
Captation Barshasketh par Frankie Snow
Setlist
1.Vacillation
2.Ruin I
3.Radiant Aperture
4.Ophidian Henosis – III
5.Nitimur in Vetitum
6.Ophidian Henosis – VII
Alors que
SARGEIST donne l’impression de peaufiner tranquillement ses derniers réglages, le spectacle commence brutalement sans prévenir, comme ça, abruptement et avec dix bonnes minutes d’avance sur l’horaire. Je me dis que ça doit procurer la même sensation lorsqu’on te colle un truc par surprise dans un conduit insuffisamment lubrifié… Bref, cela donne tout de même une entrée en matière légèrement bancale, heureusement compensée par le décorum « toge + maquillage ». Brrr, ils foutent la frousse les Finlandais !
Après, j’avoue avoir un peu perdu le fil de la soirée… Un type à côté de moi explique à une nana médusée que les lumières rouges donnent des tumeurs cancéreuses, un autre au bar me demande s’il peut boire dans mon verre de Ricard, un troisième n’a aucun tatouage apparent sauf deux énormes pentagrammes sur le dos des mains, ce que je trouve à la fois chouette et intriguant, la musique devient une espèce de fond sonore où j’ai du mal à distinguer les variations. Il faut dire que le style rigoriste laisse peu de place aux surprises et qu’après la versatilité, la richesse instrumentale de
BARSHASKETH, j’ai du mal à replonger dans l’univers sombre porté par le quatuor. Je comprends d’autant mieux l’article de
Sakrifiss qui évoque les aspects trop similaires de certaines pistes, sur scène c’est encore plus flagrant et s’il s’agit bien d’une légende finlandaise que l’on contemple, il reste que j’ai le plus grand mal à rester concentré, même en étant correctement placé et proche des musiciens.
Il demeure que le groupe est scéniquement imposant, il fait courir un vent glacé sur l’assemblée (à moins que ce soit la climatisation qui ait été poussée au maximum), mon reproche principal étant les cassures de rythme entre les titres, des blancs laissés sans aucune communication avec le public (ça fait partie de la posture je le sais bien) le temps de boire ou de se réaccorder. Mon attention se délite lentement, inexorablement… Un peu avant 22h00, les lumières se rallument,
SARGEIST repart aussi sèchement qu’il est arrivé, ne dévoilant rien de son mystère, n’abimant pas son aura.
Captation Sargeist par Frankie Snow
Setlist
01.An Eternal Dream Beyond the Accursed Portent
02.Flame Within Flame
03.Empire of Suffering
04.A Spell to Awaken the Temple
05.Kingdom Below
06.Twilight Breath of Satan
07.Satanic Black Devotion
08.The Shunned Angel
09.Reaping With Curses and Plague
10.Returning to Misery & Comfort
11.To the Mistress of Blackest Magic
Comme j’avais besoin de me changer les idées, la qualité des trois formations, toutes dans des registres différents, a bien su me ratatiner le cerveau pour en faire un petit pruneau imbibé. De plus, si je m’amusais à un rapide comparatif de prix avec la tournée
CRYPTOPSY / DECAPITATED de la semaine précédente, il y aurait de quoi dire. L’IPA à six balles en
happy hour, le Ricard à 4,50€, les t-shirts à 20 boules, un stand de disques… Il n’y a pas à dire, il est dix fois plus rentable d’assister à des concerts au
Backstage plutôt qu’à
La Machine, sa voisine immédiate. Sur le retour, je ne me souviens plus trop. Il pleuvait fort, les rabatteurs s’étaient mis à l’abris ce qui m’a évité de devoir refuser les habituelles invitations à entrer dans les bars à hôtesses qui tapissent le trajet du métro, la chic soirée.
2 COMMENTAIRE(S)
10/06/2025 09:31
09/06/2025 19:25
À suivre, Anal Vomit …….??