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Chryseis - Planet Dead

Chronique

Chryseis Planet Dead
Comme je suis un gars honnête et droit, je me dois de vous signaler que si vous fouillez attentivement dans le livret de Chryseis, vous trouverez dans la rubrique remerciements le nom de votre serviteur, pas loin de ceux de deux autres chroniqueurs qui officient sur VS (chacun ayant chroniqué un de leurs albums en leurs colonnes, d'ailleurs). Si je vous dis ça, ce n'est pas pour frimer en mode « wesh gros, t'as vu, j'suis un bogoss », déjà parce que contrairement à Ribéry je ne m'amuse pas à faire mannequin crash-test en job d'été, mais c'est bien pour que vous ne croyiez pas que cette marque de sympathie de la part d'un groupe qui ne l'est pas moins puisse influencer mon jugement. Ce serait faire un raisonnement étrange que de penser que je mets une bonne note pour ça, car à vrai dire, c'est parce que j'avais déjà adulé Chryseis à l'époque de Presence Of The Past que j'ai pu entretenir le contact avec ces talentueux musiciens et suivre progressivement le développement de Planet Dead depuis maintenant bien plus d'un an. Pour être franc, j'ai même failli me montrer assez sévère avec ce second opus puisque ses premières écoutes ne m'avaient pas totalement convaincu. Je lui ai donc laissé sa chance un peu plus longtemps qu'aux autres, et réussissant enfin à faire à peu près abstraction des quelques défauts de production qui nivellent encore Chryseis par le bas, j'ai finalement été conquis. Les albums qui me résistent étant assez rares, je vais essayer de vous faire comprendre pourquoi je considère désormais Planet Dead comme un incontournable du genre.

Il faut évidemment entamer les louanges par l'évocation de l'univers de Chryseis qui s'avère être pour le moins original, à la croisée de deux univers que peu – hormis un blockbuster hollywoodien un peu miteux avec un vieux qui a encore de beaux restes en maniement du fouet – ont rassemblé jusqu'à présent : la science fiction (ici teintée de mythe Lovecraftien) et la culture Aztèque/Maya l'abeille. Planet Dead regorge donc de sonorités particulières, allant du très classique background SF que Nocturnus avait déjà abondamment défriché il y a vingt ans, aux surprenants univers des cultures méso-amérindiennes. Comme toutes les civilisations exotiques attardées balayées d'un revers de la main par la marche triomphante de la culture occidentale, nos indiens adorés aimaient à pratiquer divers rituels bruyants qui n'ont guère plus d'égal aujourd'hui que ceux que l'on pratique en certaines heures à Barbès, et l'on ne s'étonnera pas dès lors que l'album s'ouvre sur ce qui semble être un rituel chamanique déclamé avec conviction, ce que le titre en lui-même, « Echoes From Unknown Depths », évoque parfaitement. Tout cela pour vous dire que contrairement à beaucoup d'autres, Chryseis fait partie de ces groupes qui possèdent un univers fort et cohérent qui imprègne leur œuvre du visuel (magnifique au passage) aux paroles, tout en transcrivant parfaitement ce concept dans leur musique, chose assez rare aujourd'hui pour être soulignée.

Tous les possesseurs de Presence Of The Past n'auront aucun mal à reconnaître Chryseis dès les premières secondes, et pour cause, l'optique du groupe est toujours la même : rendre hommage aux grands anciens du techno-death et du techno-thrash de la fin des années 80/début 90. Planet Dead ressemble tout comme son prédécesseur au fils caché de Nocturnus et Pestilence qui aurait trop écouté Death, Coroner, Mekong Delta, Atheist, Sadus et même un peu Cynic dans sa chambre en cachette : les rythmiques sont d'un tempo toujours modéré, relativement simples malgré les figures de style inhérentes au style, mais elles sont soutenues par de nombreux leads et surtout désormais par une superbe basse fretless qui s'en donne à cœur joie dans les envolées mélodiques. Le cœur du propos est donc à la fois direct et efficace sans être dénué de subtilité, mais Chryseis n'oublie pas non plus de s'étendre dans de sublimes breaks et plages plus aériennes voire (j'ose le mot) atmosphériques, dont les deux exemples les plus frappants restent le break central de « Adromeda Hypnosis » et l'intégralité de l'outro « Morphogenesis ».
Et si l'on pouvait encore trouver pas mal de passages assez banals, voire quelques riffs pas très inspirés dans le précédent album, Planet Dead s'avère être bien plus maîtrisé, pour tout dire, les compositions ne feraient à aucun moment tâche sur Thresholds ou Spheres ! À aucun moment tout au long de ces plus de 55 minutes de musique je n'ai repéré de passage faible, de faute de goût ou de break ennuyeux, pas même quand d'autres aspects de la musique de Chryseis me laissaient encore un peu sceptique sur la note que j'allais lui attribuer. Allez, au pire on peut noter que la première moitié de l'album est un peu moins marquante que la seconde, des titres comme « Weird Beauty Of The Lonely Planet », « Last Journey Of A Spectral Voyager », « Alter Reality » (et son hommage à Morbid Angel ?) et « Morphogenesis » faisant quand même office de tubes, parce que plus subtils que les morceaux presque exclusivement axés sur l'efficacité comme « Hunter Of The Twin Moons ». Cet apport en mélodies subtiles est rendu possible grâce à l'arrivée au sein du groupe de Jey en tant que guitariste lead et de Sebh et sa basse tantôt 6 cordes tantôt fretless, qui l'un comme l'autre illuminent cet album en faisant progresser Chryseis encore plus sur la voie du divin techno-death des grands anciens. Vous n'avez qu'à écouter les solos de « Alter Realiy » en vidéo au bas de cette chronique pour vous rendre compte de l'excellente pioche que Omnio et Uruk-Xul ont fait.

Bien entendu, Planet Dead n'est pas parfait : il comporte plusieurs éléments qui peuvent provoquer d'une simple gêne au rejet massif selon les sensibilités. Au sein de cette première catégorie on retrouve les vocaux, très éraillés, proches dans l'esprit de ceux d'un Patrick Mameli qui tirerait un peu plus sur sa gorge et qui utiliserait fréquemment un léger écho, et comportant de temps en temps quelques similitudes avec ce que pouvait faire SAS de l'Argilière dans les vieux Misanthrope. Mais l'on pourrait également citer le son de guitare rythmique un peu cheap qui fait pâle figure face aux canons actuels, manquant de profondeur et de clarté (rien de dramatique cela dit). S'il est toutefois un point sur lequel toutes les critiques s'accorderont c'est la production de l'album en général : non pas qu'elle soit brouillonne ou ratée – on entend tous les instruments à chaque instant – mais hormis pendant les breaks très aérés en son clair, le rendu de la guitare rythmique et de la batterie (notamment les cymbales) fait encore un peu amateur, ou trop peu travaillé, au choix. C'est déjà beaucoup mieux que sur Presence Of The Past, mais honnêtement c'est là que le groupe a encore le plus de marge de progression, il faudrait se trouver un son qui leur soit à la fois propre et un peu plus travaillé. Si vous voulez voir tous ces points s'améliorer à l'avenir, envoyez-moi vos dons, je les transmettrai, ou mieux : achetez cet album, parce que malgré toutes ces imperfections, il vaut vraiment le coup.

Soyons honnêtes, si vous n'avez pas apprécié le premier opus, vous ne devriez pas apprécier énormément plus Planet Dead, qui corrige la majorité de ses défauts de jeunesse sans pour autant en trahir l'esprit ni en changer les bases. Si vous aviez du mal avec la production, vous aurez encore quelques soucis cette fois-ci, car malgré de nets progrès, tout cela sent encore le manque de moyens et la débrouille avec les quelques travers que cela engendre – même si, je le redis, le boulot sur cette production est vraiment convenable quand on sait que l'album a été enregistré dans le propre studio du groupe. Maintenant si vous êtes fans de ce style de death/thrash à la fois rétro et élaboré, vous ne pouvez sous aucun prétexte rater ce second opus de Chryseis, et tous les fans des premières offrandes de Nocturnus et Pestilence devraient se jeter dessus ne seraient-ce que pour les guests de Mike Browning (Nocturnus, faisant quelques voix et claviers) et Kaj Gornitzka (le guitariste de Spiral Architect venant placer un très beau solo). Pour ces gens de bon goût donc, la note attribuée à cet album pourrait varier de 7,5 pour ceux qui ont du mal avec la production à 8,5 voire plus pour ceux qui comme moi, pensent que cet élément – bien que perfectible – fait partie intégrante de la personnalité de Chryseis et participe de ce côté rétro qui ne peut que plaire à ceux qui ont la conviction que tout a déjà été dit en la matière il y a vingt ans. Si Presence Of The Past avait écopé d'un 8,5 d'encouragement pour cause de « baffe avec une personnalité atypique dès le premier album », Planet Dead se voit attribuer la même note dithyrambique en guise de confirmation bien qu'il surpasse son prédécesseur en tous points, tout cela pour laisser un peu de marge pour son successeur. Pourquoi laisser de la marge ? Parce que le cheminement de Chryseis me rappelle celui d'un autre groupe que j'affectionne particulièrement et avec lequel je bassine régulièrement le lectorat de Thrasho : Mithras. Je suis persuadé que Chryseis peut avoir ce parcours, celui du groupe qui en partant d'une base peu originale mais solide arrive à se créer son univers musical et visuel, qui trouve son élément distinctif, son gimmick musical, dont l'aspect atypique grandit d'album en album et qui au final obtient une reconnaissance inconditionnelle d'une frange d'amateurs éclairés. La fin de l'album dont les compositions sont d'une grande qualité et la cohérence de son univers qui est retranscrit avec brio dans la musique du groupe laissent transparaître ce potentiel faramineux. Malgré l'absence d'un génie touche à tout de la trempe de Leon Macey chez les Français, on distingue d'ores et déjà des points communs entre les deux groupes, ce qui ne peut que rassurer quant au devenir de Chryseis, un des rares groupes français de la scène death metal à conjuguer personnalité et talent.

Déconseillé aux épileptiques et aux allergiques au pollen, traces de techno-death et autres techno-thrash.

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4 COMMENTAIRE(S)

von_yaourt citer
von_yaourt
13/07/2010 12:57
note: 8.5/10
7eme ligne a écrit : croyiez *

Effectivement, merci ! Clin d'oeil
Invité citer
7eme ligne
13/07/2010 12:50
croyiez *
Invité citer
Frostiess
13/07/2010 08:39
La pochette me fait quand même bien penser à celle de "Face The Colossus" de Dagoba,
Après niveau musique je suis assez d'accord avec donvar, la production est bien bof et niveau chant je trouve ca plus que moyen, il n'empêche que les riffs sont bien bon, mais vu que j'ai juste écouté le morceau sur youtube, je ne peux pas me permettre de juger l'album Clin d'oeil
donvar citer
donvar
12/07/2010 18:46
Jolie pochette, bonne musique, mais prod' et vocaux à chier...
J'encourage vraiment ces gars à améliorer leur prod', parce que aujourd'hui, même pour une production "locale", il est possible d'avoir un meilleur son.

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Chryseis
Techno-Death/Thrash
2010 - Great Dane Records
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs : (1)  8/10
Webzines : (6)  6.32/10

plus d'infos sur
Chryseis
Chryseis
Techno-Death/Thrash - 1996 - France
  

tracklist
01.   Echoes from Unknown Depths
02.   Twilight of the Mutants
03.   The Subterranean Messiah
04.   Where the fungi blossom
05.   Andromeda Hypnosis
06.   Hunter of the Twin Moons
07.   Weird beauty of the lonely Planet
08.   Alien Orbital Cenotaph
09.   Last Journey of a Spectral Voyager
10.   Alter Reality
11.   Twisted Prophecies
12.   Morphogenesis

Durée : 57:26

line up
parution
7 Mai 2010

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